Définition du symptome
Le symptôme se définit comme un trouble fonctionnel ou organique avec un effet de souffrance important sur le corps, dont on ne découvre aucune cause organique.
Le symptôme constitue le point de départ des interrogations de Freud quant à ses patientes hystériques qui résistaient à tout abord médical.
Historique :
Déjà Hippocrate avait remarqué que ces symptômes avaient une cause psychique, dans un repérage sexuel.
Freud a repris les leçons de Charcot à la Salpêtrière, qui utilisait la méthode de la suggestion pour mettre à jour des phénomènes inconscients. Selon lui aussi, la question est sexuelle. Cependant, il n’a pas fait de théorie, contrairement à Freud et Breuer. Freud, mauvais en hypnose, créée la cure psychanalytique pour retrouver la cause du refoulement.
Entre 1890 et 1900, sur cent patients hystériques, Freud a retrouvé dans tous les cas une origine due à un traumatisme sexuel. Il s’agit de la cause lointaine du symptôme, qui se présente comme ce qui « cloche », qui fait désordre dans l’organisme. L’hystérie est une inscription dans le corps de symptômes insolubles du point de vue de la compréhension immédiate. Il faut une compréhension plus fine, qui ne soit pas apportée par le médecin lui-même, mais par un médecin qui aide le patient à se découvrir, c’est dans son histoire privée que germe la racine du symptôme (anamnèse).
On peut parler du névrosé « de base », personne « normale », qui est susceptible d’attraper un symptôme de cet ordre.
Tant que la cause n’est pas retrouvée, le symptôme persiste, il résiste à l’explication. D’autre part, si le symptôme provient d’un traumatisme sexuel avec l’image du maître, il se répètera si le psychanalyste prend la place du maître.
Les différents symptômes :
Le symptôme névrotique est différent de la somatisation engendrée par l’angoisse.
L’angoisse n’est pas simplement mentale, mais organique, elle ne se voit pas, c’est une conversion psychique immédiate (psychasthénie), comme les battements de cœur. Ce ne sont pas des symptômes proprement dit, on ne sait pas qu’elle est la cause de l’angoisse (lorsqu’elle est distincte de la peur).
L’angoisse est une représentation psychique dont la cause est mal définie. C’est une peur sans objet, même si elle peut se greffer sur un objet réel.
L’exemple du serpent : une certaine peur est justifiée, le serpent est dangereux, il peut étouffer. Mais si les serpents font peur derrière une vitre, il s’agit d’une phobie (Darwin).
Derrière l’objet réel de la peur se cache une cause inconsciente, inconnue qui majore une cause immédiate. Le résultat est une somatisation immédiate, elle cesse lorsque la cause s’éloigne. L’individu ne peut pas savoir qu’il est angoissé, dans la mesure où il l’est tout le temps, c’est selon lui, sa normalité, il y trouve toujours une explication.
Hystérie de conversion : fixant l’angoisse sur le corps.
L’angoisse est ici un symptôme ou un objet phobie. L’exemple de la phobie des loups, on n’en rencontre pas souvent, c’est un moyen de calmer l’angoisse.
On peut élaborer des procédés contra phobiques.
Le symptôme apparaît et disparaît selon les circonstances. L’exemple de la migraine, dans circonstances érotiques ou face à la figure du père. Les symptômes se souviennent à notre place, c’est une forme de mémoire inconsciente.
Il y a un refoulement des circonstances actuelles, plus un revoie à un évènement de l’enfance : il est donc difficile de retrouver la cause effective, structurale.
Le symptôme est un retour du refoulé ou encore une façon de mémoriser. Il se rapporte à la langue de l’enfance. Il est en quelque sorte bilingue : parle en pulsionnelle (langage du corps) alors que le traumatisme de l’adulte parle en symbolique. C’est un double langage, comparatif à la question du masculin féminin (symptôme bisexuel).
L’exemple de Charcot : une patiente avec une main masculine qui s’arrache les vêtements (viol) et l’autre main se recouvre le corps pour se défendre de cette violence agression.
Dans se cas, il est inutile d’apporte une explication directe, dans la mesure où le conseiller .
Formation de symptômes
Isolation
C'est Sigmund Freud qui en 1894 décrit pour la première fois le fonctionnement de ce mécanisme de défense. L'isolation permet de séparer complètement la représentation de l'affect, lequel se retrouve alors libre. La représentation privée de toute association peut alors rester dans le conscient. L'isolation, ainsi que d'autres mécanismes, est à l'œuvre après l'échec d'un refoulement.Déplacement
Suite à l'isolation, l'affect libéré peut être déplacé sur une autre représentation.D'une certainement façon, cette défense du processus primaire est à l'œuvre dans tout contenu manifeste et conscient. Par exemple, la conversion somatique dans la névrose hystérique est un déplacement spécifique d'un affect sur le corps. Le refoulement est alors en partie raté car la symbolique de ce symptôme permet de remonter par le processus de régression jusqu'à la représentation inconciliable et refoulée.
Le déplacement est le mécanisme de défense privilégié dans la névrose obsessionnelle (ou névrose de contrainte) où la représentation sexuelle inconciliable est substituée à une autre sur les voies associatives (voire associationnisme ou empirisme anglais).
Identification
L'identification est un mécanisme élaboré. Elle consiste à se reconnaître en quelqu'un d'autre, à se prendre pour lui. Le moi se saisit dans une image qu'il trouve au dehors.Néanmoins, de nombreuses identifications différentes sont distinguées par Freud lui-même.
Pour ouvrir le champ, il y a aussi le « désir mimétique » du modèle-obstacle de René Girard qui prétend affronter Freud sur le terrain du désir et Marx sur celui de la valeur.
Identification à l'agresseur
Mécanisme décrit par Sándor Ferenczi, puis Anna Freud. Son expression la plus banale se retrouve dans les jeux enfantins : jouer au voleur, au loup, au docteur... Croyance magique selon laquelle devenir celui qui fait peur permet de le neutraliser, ou en tout cas d'essayer de maîtriser la peur qu'il inspire. Il s'agit dans le cas évoqué d'une inversion des rôles. Ce mécanisme peut être plus radical et consister en une véritable incorporation de l'objet dangereux et de ses exactions.Annulation rétroactive
Le sujet n'assume pas certaines représentations apparentes lors d'actes ou de pensées. Il va alors tout mettre en œuvre pour considérer que ces actes ou pensées n'ont jamais existé. C'est un mécanisme de défense très régressif car il porte non pas sur une représentation mais sur un acte même, c'est-à-dire sur la réalité. On trouve des exemples d'annulation dans certains rites animistes et dans beaucoup d'activités obsessionnelles : les actes de l'obsessionnel, répétés inlassablement ont pour objectif l'annulation d'autres actes ou pensées.Condensation
Le travail de la condensation est particulièrement apparent lors du rêve. Une seule représentation va en remplacer plusieurs autres. C'est ce qui nous fait dire au réveil, par exemple : « J'étais dans mon appartement, mais ce n'était pas vraiment mon appartement ». Elle est également à l'œuvre dans les actes manqués, les jeux de mots...Retournement sur la personne propre
Ce destin pulsionnel consiste à retourner contre soi-même la pulsion. Il est particulièrement visible dans le masochisme secondaire d'une névrose obsessionnelle lorsque la personne retourne contre elle-même sa propre agressivité par des auto punitions, ou des auto mutilations.Ce destin pulsionnel modifie donc l'objet de la pulsion en la personne propre.
Il est également appelé agression passive.
Renversement en son contraire
Il fait partie des mécanismes de défense névrotiquesLe renversement en son contraire est un autre destin pulsionnel, avec le refoulement, le renversement sur la personne propre et la sublimation. La pulsion originelle est alors inversée au niveau de son but.
Rappel des déterminants de la pulsion : Source, Poussée, But et Objet.
Exemple : Le sadisme en masochisme, la rétention en expansion...
Contre-investissement
Pour Freud, selon le point de vue économique, le contre-investissement est une énergie liée à une représentation dans le système préconscient-conscient (Pcs-Cs) qui fera échec à la représentation refoulée dans l'inconscient (Ics) qui cherchera à revenir à la conscience. Ainsi il se crée un rapport de force égal.L'énergie utilisée dans le contre-investissement d'une autre représentation dans le Pcs est celle qui a poussé la représentation refoulée initialement; elle a donc été ré-investie (déplacée) sur une autre représentation, ce que l'on appelle le contre-investissement.
La représentation investie de l'énergie résultant du refoulement, deviendra une représentation substitutive, dans le cas de l'hystérie de conversion (par investissement d'une représentation corporelle), tout comme de la phobie (par la formation substitutive) ou une névrose obsessionelle (par la formation réactionnelle).
Dénégation
La dénégation est le refus d'admettre une vérité : le névrosé dira pas du tout, au contraire, là où il se sent menacé.Freud en donne un exemple particulièrement pertinent : un névrosé lui relate qu'il a rêvé d'une femme. Il dit ne plus se souvenir de l'identité de cette femme, mais être certain en tout cas qu'il ne s'agit pas de sa mère. Une telle formation de compromis à la fois se défend d'une représentation (rêve incestueux) et la révèle. Attention, ne pas confondre déni et dénégation.
Formation réactionnelle
La formation réactionnelle amène le sujet à se conduire à l'inverse de ce qu'il désire.Formation substitutive
La représentation d'un désir frappé d'interdit se trouve refoulé dans l'inconscient. Du seul point de vue du principe de plaisir, il existe donc un manque que le Moi va essayer de compenser, ce qu'il va faire en substituant à cette représentation initiale d'un désir, une autre représentation qui va discrètement (par le truchement des associations d'idées) évoquer le désir initial. Ce mécanisme est par exemple à l'œuvre lors de transe mystique : en apparence, il n'y a rien de sexuel dans cette manifestation mais se trouve pourtant préservé un affect lié au plaisir sexuel. C'est un des modes de retour du refoulé (voir plus haut « Refoulement »).Formation de compromis
La formation de compromis constitue elle aussi un mode de retour du refoulé mais ce dernier sera suffisamment déformé pour ne pas être reconnu. Il y aura compromission entre les désirs inconscients (interdits) et les interdictions. Ce mécanisme est particulièrement apparent dans les rêves, dans certains symptômes (le besoin systématique d'un objet contra-phobique), ainsi que dans certaines œuvres artistiques.Régression
Face à certaines relations conflituelles, le sujet cherche à resoudre le conflit en revenant à un stade précoce. Sa libido va retourner à un stade où elle avait trouvé une gratification.Mécanismes d'ordre psychotique
Projection
Attribuer à autrui ses propres motifs, émotions, idées ou pulsions inacceptables.À des degrés très divers, la projection ne se trouve pas uniquement présente dans les psychoses mais aussi dans toutes les formes de la névrose.
Ainsi: le phobique projette son angoisse sur un objet extérieur (objet phobique) l'hystérique sur un de ses membres corporels (conversion) et l'obsessionnel projette son angoisse sur des pensées substitutives (obsessions idéatives) Voir à ce propos la pensée de François Marty (Paris 5)
Clivage du moi
Le Moi ne parvient pas à maintenir son unité. Plutôt que de maintenir un dialogue, un conflit interne, il se divise en plusieurs fragments qui ne communiquent pas entre eux.Par exemple, dans le cas du fétichisme, le fétichiste se clive : une partie de lui-même reconnait l'angoisse de castration, une autre partie ne la reconnait pas.
Le clivage du moi se caractérise, dans la psychose, par la multitude de personnalités qu'il génère, résultat fort différent du dédoublement de personnalité.
Le névrosé, il faut admettre, a recours au clivage du moi, mais de manière largement moins marquée. Le refoulement, résultant dans la formation d'un inconscient qui ne communique pas avec le conscient, n'est-il pas une forme de clivage ?
Clivage de l'objet
De même que le moi peut être fractionné en plusieurs bouts, l'objet pulsionnel peut ne plus être reconnu dans son intégrité, mais séparé : il y aura clivage de l'objet. Pour Bion, l'identification projective pathologique peut mener à la formation d'objets bizarres. Le clivage résulte souvent de la différenciation entre un "bon objet" et un "mauvais objet": ainsi, un objet unique est différencié en fonction des actions qu'il entreprend plutot que d'être intégré en un tout qui est capable de bon comme de mauvais. Ex: pour un enfant, il y a la "bonne mère", qui le nourrit et le réconforte et la "mauvaise mère" qui punit et ne satisfait pas immédiatement ses besoins. Le fait de cliver est sécurisant dans le sens ou cela laisse libre d'aimer le bon objet et de haïr le mauvais sans culpabilité.Dédoublement des images
Déni
Le déni peut se comprendre comme équivalent psychotique de la dénégation. Il porte sur le réel, alors que la dénégation porte sur les contenus intra-psychiques.Il consiste en un refus de la réalité d'une perception, parce qu'elle est vécue comme dangereuse ou douloureuse pour le Moi. Sigmund Freud, en donne un exemple prototypique qui est le déni de la perception de l'absence de pénis de la femme chez les sujets fétichistes, qui perçoivent bien visuellement cette absence, mais qui psychiquement sont incapables de la symboliser, et qui utilisent ensuite la focalisation sur un objet sexuel ou une partie du corps qui viendra symboliser le pénis et que l'on nomme l'objet fétiche.
Identification projective
Mécanisme de défense identifié et décrit par Melanie Klein et qui est à l'œuvre au cours de la position schizo-paranoïde. L'enfant se projette fantasmatiquement à l'intérieur de la mère pour y exercer sa toute-puissance (elle aussi fantasmée) : possession voire destruction du corps de la mère, contrôle des objets précédemment projetés dans la mère (pénis du père, autres enfants...). Il est nécessaire que la mère, à un niveau inconscient, puisse accepter ce type de fantasme. Si un interdit rigide est posé par la mère à l'encontre de ces fantasmes, il y aura réintrojection chez l'enfant d'objets partiels et menaçants (sein inquiétant, vagin avide) - autant d'objets qui vont appauvrir le Moi.Fantaisie
Le sujet cherche satisfaction en lui-même en se créant une vie imaginaire, des amis imaginaires, etc. Ce type de mécanisme est souvent observé dans les personnalités de type schizoïde soit une personnalité solitaire et étrange.Chez Jacques Lacan
Pour Jacques Lacan, c'est le langage qui va fournir au Moi, instance imaginaire, tous ses mécanismes de défense, qui sont des figures de rhétorique, des tropes, exerçant sur le discours de l'inconscient (gouverné par les déterminations signifiantes du sujet) une censure au sens littéraire ou journalistique du termeSigmund Freud
La formation de symptômes selon Thierry Merle - Psychologue clinicien :"Les modes de formation de symptômesAux yeux du profane, ce sont les symptômes qui constitueraient l'essence de la maladie et la guérison consisterait pour lui dans la disparition des symptômes. Le médecin s'attache, au contraire, à distinguer entre symptômes et maladie et prétend que la disparition des symptômes est loin de signifier la guérison de la maladie. Mais ce qui reste de la maladie après la disparition des symptômes, c'est la faculté de former de nouveaux symptômes. Aussi allons-nous provisoirement adopter le point de vue du profane et admettre qu'analyser les symptômes équivaut à comprendre la maladie.Les symptômes, et nous ne parlons naturellement ici que de symptômes psychiques (ou psychogènes) et de maladie psychique, sont, pour la vie considérée dans son ensemble, des actes nuisibles ou tout au moins inutiles, des actes qu'on accomplit avec aversion et qui sont accompagnés d'un sentiment pénible ou de souffrance. Leur principal dommage consiste dans l'effort psychique qu'exige leur exécution et dans celui dont on a besoin pour les combattre.Ces deux efforts, lors qu'il s'agit d'une formation exagérée de symptômes, peuvent entraîner une diminution telle de l'énergie psychique disponible que la personne intéressée devient incapable de suffire aux tâches importantes de la vie.Comme cet effet constitue surtout une expression de la quantité d'énergie dépensée, vous concevez sans peine qu' " être malade " est une notion essentiellement pratique. Si, toutefois, vous plaçant à un point de vue théorique, vous faites abstraction de ces quantités, vous pouvez dire, sans crainte de démenti, que nous sommes tous malades, c’est-à-dire névrosés, attendu que les conditions qui président à la formation de symptômes existent également chez l'homme normal.Pour ce qui est des symptômes névrotiques, nous savons déjà qu'ils sont l'effet d'un conflit qui s'élève au sujet d'un nouveau mode de satisfaction de la libido. Les deux forces qui s'étaient séparées se réunissent de nouveau dans le symptôme, se réconcilient pour ainsi dire à la faveur d'un compromis qui n'est autre que la formation de symptômes.C'est ce qui explique la capacité de résistance du symptôme : il est maintenu de deux cotés. Nous savons aussi que l'un des deux partenaires du conflit représente la libido insatisfaite, écartée de la réalité et obligée de chercher de nouveaux modes de satisfaction.Si la réalité se montre impitoyable, alors même que la libido est disposée à adopter un autre objet à la place de celui qui est refusé, celle-ci sera finalement obligée de s'engager dans la voie de la régression et de chercher sa satisfaction soit dans l'une des organisations déjà dépassées, soit dans l'un des objets antérieurement abandonnés.Ce qui attire la libido sur la voie de la régression, ce sont les fixations qu'elle a laissées à ces stades de son développement."
"Les symptômes ont un sens, c’est ce qu’affirme Freud et qu’il entend démontrer au cours des trois chapitres qu’il y consacre dans « Introduction à la psychanalyse ». En fait Freud par du postulat que les symptômes ont leur sens exactement comme les actes manqués et les rêves. Pour démontrer son hypothèse il cite deux exemples de névrose obsessionnelle. L’un des deux cas est celui d’une jeune fille de 19 ans qui, pour pouvoir dormir, avait recourt à un cérémonial lequel consistait à retirer toutes les pendules de sa chambre, à regrouper les pots de fleurs pour éviter le risque qu’ils tombent de la table, laisser ouverte la porte qui donnait sur la chambre de ses parents et enfin consistait en une disposition quasi magique des oreillons et de l’édredon de son lit. La patiente assurait que toutes ces « précautions » devait lui assurer un sommeil paisible et étaient seulement destinées à éviter qu’un bruit ne vienne troubler son sommeil. L’ensemble de ce cérémonial est une illustration de ce que peut être les symptômes d’une névrose obsessionnelle. Freud nous livre ensuite l’interprétation qu’il en fait, en collaboration avec sa patiente. Disons, pour être brève que l’ensemble du rituel était destiné à empêcher ses parents d’avoir une relation sexuelle (porte ouverte) afin de conserver l’attachement érotique qu’elle avait envers son père. Sa maladie lui sevrant de prétexte pour rester auprès de son père et éviter de se marier.
Ce qui est important dans cet exemple c’est que la malade ignore les raisons qui la poussent à accomplir ces actions, exactement comme cet hypnotisé auquel Bernheim avait ordonné d’ouvrir son parapluie dans la salle de démonstration et qui, une fois réveillé, exécuta cet ordre sans pouvoir motiver son acte. C’est ce qui pousse Freud à postuler l’existence de processus psychiques inconscients. En effet dit-il il la situation est au fond la même dans le cas de névrose obsessionnelle : le sujet se sent poussé à obéir et se demande en vain pourquoi. Ces impulsions surgissent d’on ne sait où et apparaissent au patient comme des hôtes tout-puissant venant d’un mode étranger. Comment, dit Freud, ne pas reconnaître l’indice d’une région particulière, isolée de tout le reste ? Il fait bien sûr allusion à l’inconscient.
Il semble donc que partout et toujours, le sens des symptômes est inconnu au malade de sorte que « toutes les fois que nous nous trouvons en présence d’un symptôme, nous devons conclure à l’existence chez le malade de certains processus inconscients qui contiennent précisément le sens de ce symptôme. Mais il faut que le sens soit inconscient pour que le symptôme se produise ». En outre Freud remarque que lorsque le sens de ces symptômes devient conscient, ils disparaissent. Amener à la conscience les processus inconscients qui cachaient le sens des symptômes permet leur disparition et donc la guérison.
La formation des symptômes
C’est en lisant le chapitre 19 de l’introduction à la psychanalyse que nous en avons la réponse. Selon Freud, le refoulement est la condition préliminaire de la formation d’un symptôme.Il nous faut admettre que chaque processus psychique existe d’abord à un stade inconscient et peut, dans certaine condition, passer dans le système conscient. Le passage d’un système à l’autre dépend de la censure (cf. 1ère topique). Dans le cas où elle s’applique, l’impulsion est refoulée et ce refoulement même est lui-même inconscient. Les forces en jeux sont celles décrites dans la première partie du chapitre : les résistances (Freud expose la manière dont les résistances se manifestent dans la cure). Mais tout cela ne nous explique toujours pas pourquoi il se crée une formation substitutive.
Dans l’exemple de névrose obsessionnelle, comme dans toutes les névroses de transfert, l’analyse révèle toujours l’existence de désirs sexuels des malades. Dans notre exemple le désirs sexuelle (inconscient) de la patiente était de se substituer à la mère. De sorte que l’on peut dire que les symptômes servent à la satisfaction sexuelle du malade, ils se substituent à cette satisfaction lorsque le malade en est privé dans la vie réelle. Finalement la formation du symptôme est à rapprocher de celle du rêve puisque le symptôme, comme le rêve, n’est qu’une satisfaction d’un désir et, ce que le rêve n’est pas toujours, qu’une satisfaction d’un désir érotique.
Quelques critiques
La première critique concerne la satisfaction d’un désir car dans certains cas le symptômes auraient plutôt pour vocation de ne pas satisfaire au désir sexuel, voir de s’y opposer. Par exemple lorsque la jeune fille de notre exemple lève les pendules, elles cherchent à s’éviter une érection, la peur que les vases tombent renvoient à la crainte de perdre sa virginité... Il semble effectivement que les symptômes peuvent aussi bien servir à la satisfaction sexuelle qu’à son contraire mais dans tous les cas ont avoir avec le même objet sexuel.La seconde critique est plus célèbre. Elle consiste à reprocher à Freud son pansexualisme, autrement dit de vouloir à tout prix tout expliquer par la satisfaction substitutive des désirs sexuels. Le psychanalyste répond à cette critique dans le chapitre suivant dans lequel il définit ce qu’il entend par sexuel.
Après avoir mieux définit les choses sexuelles, Freud revient aux symptômes dont il va nous expliquer le mode de formation (chapitre 23).
Le mode de formation des symptômes (dans la névrose hystérique)
La libido insatisfaite, écartée de la réalité, est obligée de se chercher de nouveaux modes de satisfaction. Les symptômes en sont les témoins et représentent finalement un compromis entre le désir de satisfaction libidineux et la réalité. Mais qu’arrive-t-il lorsque la réalité ne donne pas à la libido les moyens d’adopter un autre objet, quand bien même elle y serait disposée ? Dans ce cas la libido est obligée de s’engager dans la voie de la régression c’est à dire de chercher satisfaction soit dans une organisation dépassées soit dans des objets antérieurement abandonnés et ce qui attire la libido ce sont les fixations qu’elle a laissé au cours de son développement. Si la régression ne soulève aucune opposition du moi, tout se passe sans névrose et la libido obtient une satisfaction réelle. Par contre lorsque le moi s’oppose à ces régressions alors il y a conflit et la libido est obligée de « s’échapper » dans une direction où elle puisse dépenser sa réserve d’énergie d’après les exigence du principe de plaisir. Elle doit donc se séparer du moi. Les représentations auxquelles la libido s’applique font désormais partie du système inconscient et sont soumises aux principes qui s’y applique (condensation, déplacement). De la même manière que le rêve se heurte à une certaine activité préconsciente, la libido doit elle aussi compter avec la force du moi préconscient ce qui l’oblige à choisir un mode d’expression qui puisse devenir celui du moi. Ainsi naît le symptôme, qui est un produit considérablement déformé de la satisfaction inconsciente d’un désir libidineux, un produit possédant deux significations diamétralement opposées.
Freud fait remarquer que lorsqu’on a affaire au rêve, l’intention préconsciente est moins tranchante, plus tolérante.
Ainsi si la libido peut échapper aux barrières du refoulement c’est grâce à ses anciennes fixations qui lui permettent, par des détours à travers l’inconscient, de se procurer une satisfaction réelle. Or ces fixations se trouvent dans les activités et les événements de la sexualité infantile c’est à dire les objets abandonnés et délaissés de l’enfance. Selon Freud il peut se produire au cours de l’enfance de très nombreux évènements traumatiques accidentels du fait que le développement de l’enfant n’est pas achevé. La libido n’aura donc aucun mal à trouver des points de fixations.
Dans la dernière partie du chapitre, Freud nous confie une autre de ses découvertes : les souvenirs traumatiques invoqués sont rarement réels, il apparaît plutôt qu’ils sont un mélange de vrai et de faux. Mais l’aspect fantasmagorique des souvenirs infantiles du patient ne doit pas heurter le psychanalyste car l’effet est bien réel d’autant que les souvenirs s’appuie toujours sur des faits réels mais que l’enfant n’a pu interpréter à leur juste mesure, recourant ainsi à une interprétation infantile laquelle a laissé une trace mnésique. Je n’irai pas beaucoup plus loin dans l’explication de la formation du symptôme (le temps me manque), aussi je vous recommande directement à Freud."