"Nous possédons en rêve une conscience de notre autre vie, qui se compose de toutes les choses que nous n'avons pas encore vécues." C. Jung.
LE REVE SELON JUNG
On présente souvent Jung comme un dissident du mouvement freudien mais sa pensée profondément originale n'emprunta que certains concepts au freudisme. Refusant de faire de la libido (en latin: désir) l'unique moteur énergétique de l'activité inconsciente, et d'une sexualité érigée en dogme le seul objet de ses motivations, il aboutit à une conception du rêve beaucoup plus large que le modèle freudien.
Selon Jung, le processus de civilisation a provoqué une séparation entre conscience et instincts fondamentaux. Ceux-ci se sont réfugiés dans l'inconscient et s'expriment sous la forme symbolique des images oniriques. "Il faut que la conscience et l'inconscient soient intégralement reliés afin d'évoluer parallèlement, écrivit-il dans L'homme et ses symboles. S'ils sont coupés l'un de l'autre, ou "dissociés", il en résulte des troubles psychologiques. A cet égard les symboles de nos rêves sont les messagers indispensables qui transmettent les informations de la partie instinctive à la partie rationnelle de l'esprit humain, et leur interprétation enrichit la pauvreté de la conscience, en sorte qu'elle apprend à comprendre de nouveau le langage oublié des instincts."
Le rêve n'est plus l'écume des désirs infantiles débordant d'un inconscient refoulé, mais un messager faisant pont entre les deux éléments constitutifs de la psyché. "Le rêve, dérivant de l'activité de l'inconscient, donne une représentation, non pas de tous les contenus qui y figurent, mais seulement de certains d'entre eux qui, par voie d'association, s'actualisent, se cristallisent et se sélectionnent, en corrélation avec l'état momentané de la conscience," écrivait Jung dans L'homme à la recherche de son âme. Si le rêve fait appel aux souvenirs enfantins, ce n'est pas parce qu'il repose sur des désirs censurés que le présent ravive, mais pour exprimer des instincts dont les formes de pensée sont primitives, voire archaïques, quoique toujours présentes dans l'inconscient.
A la pensée de Freud, reflet de la physique mécaniste du XIXème siècle, Jung opposa une vision que l'on peut qualifier de quantique. "Le déterminisme causal tend, estimait-il, vers une réduction univoque, vers une codification des symboles et de leurs sens. Le point de vue finaliste, au contraire, voit dans les variations des images oniriques le reflet de situations psychologiques infiniment variées."
"Le rêve dit ce qu'il est", ne cessait de répéter Jung. Tous les objets longs ne sont pas des phallus. Rêver d'une clé n'équivaut pas à rêver d'un sabre. Tout rêve possède son sens propre. Il a surtout un but. "La façon de voir finaliste, que j'oppose à la conception freudienne, ne signifie pas une négation des causes du rêve, mais elle n'en conduit pas moins à une tout autre interprétation de ses matériaux associatifs. Les faits en eux-mêmes, à savoir les associations, demeurent inchangés, mais on les confronte avec une autre unité de mesure. Posons-nous le problème de façon toute simple et demandons-nous à quoi sert, à quoi rime le songe, que doit-il susciter ?"
LES FONCTIONS DU REVE
Si le rêve ne joue pas pour Jung le rôle de gardien du sommeil que lui attribuait Freud, il n'en remplit pas moins une fonction compensatrice. Il transcrit en images "les pensées, penchants et tendances que la vie consciente ne met pas suffisamment en valeur", soit parce qu'ils ont été refoulés, ou parce qu'ils ne disposent pas d'une énergie, d'une clarté et d'une pertinence suffisantes. Jung prenait comme exemple les rêves dérangeants qui "s'emparent avec évidence, et on ne peut plus mal à propos, des événements pénibles et des préoccupations de l'état de veille". Finissant souvent par provoquer le réveil, ils signifiaient pour Freud que la censure n'a pas réussi à codifier ou à réprimer leur émotion négative. Selon Jung, qui les comparait à la fièvre ou à la suppuration d'une blessure infectée, de tels rêves se "comportent comme des compensations de la situation consciente qui les a vus naître", ils constituent "l'expression de l'autorégulation psychologique de l'individu".
Leur aspect souvent incompréhensible oblige cependant à se demander quel profit le rêveur retirera de leur rôle compensateur. Jung faisait d'abord remarquer que "la compréhension n'est pas un phénomène purement intellectuel. Une infinité de choses incompréhensibles intellectuellement parlant, peuvent influencer, voire convaincre et orienter l'homme de façon décisive". Ce constat le conduisait à attribuer aussi au rêve une fonction "prospective".
Voilà le grand retour du rêve, son véritable renouveau ! La pensée moderne réconciliée avec les traditions primitives et antiques débouchait enfin avec Jung sur une conception unitaire du psychisme. Voyant dans la conscience et dans l'inconscient des forces "également susceptibles d'assumer une direction orientée vers une fin", Jung affirmait que la fonction prospective du rêve "se présente sous la forme d'une anticipation, surgissant dans l'inconscient, de l'activité consciente future. Elle évoque une ébauche préparatoire, une esquisse à grandes lignes, un projet de plan exécutoire. Son contenu symbolique renferme, à l'occasion, la solution d'un conflit". Parce qu'il a conservé "les traces de souvenirs inconscients, qui ne sont plus en état d'influencer efficacement la vie consciente, le rêve est donc souvent, au point de vue pronostic, dans une situation beaucoup plus favorable que le conscient".
Bien que le rôle quelque peu prémonitoire attribué au rêve ait fait de lui l'un des grands précurseurs de la pensée post-moderne (certains diront New Age), Jung ne fut pas pour autant un défenseur "allumé" de l'irrationalité. Si le rêve ne sert pas toujours de masque aux désirs indicibles, il n'est pas non plus révélation divine. Pragmatique, la pensée de Jung lui venait d'abord de l'observation de ses patients, une attitude qu'il voulait scientifique et qui le conduisit à mettre en garde contre les dangers d'une surestimation de la fonction prospective du rêve. "On serait facilement tenté de voir dans le rêve une espèce de psychopompe qui, douée de sagesse supérieure, serait capable d'engager l'existence dans des voies infaillibles." Ce serait une erreur, car "bien souvent le rêve n'élargit la vie consciente que par la contribution de quelques fragments". Pour la plupart des individus, conscience et inconscient vivent à peu près en harmonie, et le rêve joue surtout son rôle compensateur. Il devient prospectif pour avertir lorsque la personne adopte une attitude inadaptée, source de souffrance et de déséquilibre. Avec Jung, le rêve n'est plus seulement outil thérapeutique. Il est lui-même thérapie.
L'ART DE L'INTERPRETATION
La complexité et la subjectivité des phénomènes psychiques interdisaient à Jung de croire en l'existence d'une méthode pour interpréter les rêves. "Il est d'ailleurs bon que cette méthode fasse défaut, précisait-il, car si elle existait, elle porterait préjudice au sens du rêve. Limité avant la lettre, il perdrait précisément cette vertu, cette aptitude à révéler un point de vue nouveau, qui le rend si précieux en psychologie." En l'absence de toute grille de lecture fixe, telle que la sexualité pour le freudisme, l'analyse des rêves exige à la fois une connaissance des conceptions psychanalytiques et une grande intuition, que Jung appelait la "grâce du savoir et de la compréhension vivante". Le thérapeute doit avoir suivi une analyse, qui l'aura familiarisé avec les mécanismes de transfert et lui évitera de rapporter la psychologie de son patient à la sienne.
"D'une façon générale, ma procédure dans l'analyse du rêve est la circumambulation, qui tient compte de la sagesse du Talmud affirmant que le rêve est à lui-même sa propre interprétation," écrivait Jung vers la fin de sa vie. Dans son application de la méthode freudienne des associations libres, il s'efforçait de réorienter sans cesse les associations vers le contenu initial du rêve, tournant autour de lui pour faire apparaître son sens.
S'il acceptait la théorie de Freud sur le travail du rêve, avec ses jeux de condensation, de déplacement et de figuration, Jung pensait en effet que les associations libres contribuent lors de l'analyse à renforcer la confusion du codage, auquel elles participent d'ailleurs pendant le rêve lui-même. La recherche des matériaux associatifs doit donc se limiter à la compréhension du rêve, et sert à éclairer la personnalité du rêveur, son symbolisme, son contexte inconscient.
Certains rêves demandent pourtant une explication de type freudien, causale et déterministe, parce qu'ils constituent à l'évidence des réminiscences de désirs ou de complexes venus de l'enfance et ramenés au jour par les événements de la veille. Jung appelait cette analyse "interprétation sur le plan de l'objet", parce qu'elle tient les images oniriques pour identiques à des objets réels. L'objet du désir est matérialisé par le rêve, et celui-ci reproduit, en les transformant par la censure, des processus sexuels issus de fonctions physiologiques.
Une analyse plus symbolique s'impose lorsque le rêve ne fait plus référence aux antécédents du rêveur, mais concerne son vécu, voire même son avenir. "Le rêve est le théâtre où le rêveur est à la fois la scène, l'acteur, le souffleur, le régisseur, l'auteur et le critique. Cette vérité si simple forme la base de cette conception de la signification onirique que j'ai désignée sous le terme d'interprétation sur le plan du sujet. Cette interprétation voit dans toutes les figures du rêve des traits personnifiés de la personnalité du rêveur".
Comment choisir ? Au lieu d'inciter son patient à décliner la liste de toutes les images et pensées évoquées par l'objet vu en rêve, le thérapeute jungien cherchera à lui faire préciser quelle place cet objet joue dans son imaginaire personnel. A la question : "A quoi cette locomotive vous fait-elle penser ?", il substituera par exemple : "Imaginez que je ne sache pas ce qu'est une locomotive. Comment me la décririez-vous ?". D'abord, comme on l'a vu, il rapportera ainsi l'analyse au rêve lui-même. Un clocher ne constitue pas obligatoirement un symbole phallique. Il peut désigner une église. Ce genre de question permettra ensuite de déterminer si l'objet prend pour le rêveur une valeur subjective. Le clocher représente peut-être la religion toute entière. Rêver d'une personne proche, àlaquelle le rêveur est intimement lié, demande sans doute une explication sur le plan de l'objet, parce que cette personne a pour lui une signification objective. Mais rêver de façon affective d'une personne totalement étrangère revêt un tout autre sens : elle peut représenter le rêveur lui-même ou agir, par déplacement, en remplacement d'une troisième personne. Dans les deux cas le rêve en dit plus sur son auteur que sur la personne rêvée et exige donc d'être interprété sur le plan du sujet.
Le va et vient entre sujet et objet révèle souvent la présence dans le rêve d'éléments qui paraissent peu liés à l'histoire personnelle du rêveur. La méthode pour les interpréter, dite d'amplification, consiste "à étendre et approfondir l'image du rêve au moyen de thèmes parallèles tirés des sciences humaines et de l'histoire des symboles". Cet autre apport de Jung à l'analyse thérapeutique des rêves permet de replacer l'individu dans le contexte plus large d'un histoire collective.
LES REVES ARCHETYPAUX ou ARCHETYPIQUES
Tout conte connaît son lot d'objets et de personnages mythiques, tels que l'inaccessible montagne, l'île déserte, le sage vieillard, la bonne fée ou la méchante sorcière. Leur présence dans les mythes, les religions, le folklore et l'art de toutes les sociétés, la fréquence de leur apparition dans les rêves, quelle que soit la culture du rêveur, incitèrent Jung à introduire la notion d'archétype, "image originelle" ou "élément structural de caractère divin". Les rêves archétypiques montrent comment l'individu met en images personnelles ces grands symboles universels et innés. L'inconscient prend soudain de l'ampleur. Le rêve n'est plus uniquement structuré comme chez Freud autour d'éléments refoulés par une censure qui représenterait sa seule dimension collective d'intériorisation des normes sociales. Pour Jung, des "formes héritées, universellement présentes", constituent la structure même de l'inconscient. Ainsi s'achève le grand renversement qu'il imposa aux conceptions mécanistes et individualistes du phénomène humain. Replacé dans une vision globale du psychisme où conscience et inconscient s'éclairent mutuellement, et où interagissent l'individuel et le collectif, le rêve cesse d'exprimer un passé infantile ou sauvage dont il faudrait s'extraire. Il redevient, renouant avec son rôle primitif, l'initiateur inspirant une permanente et collective évolution.
LE REVE DE L'ALPINISTE
Méfiez-vous des rêves extatiques ! Un collègue médecin, critique moqueur de l'interprétation des rêves, raconta à Jung le rêve suivant : "J'escalade une haute montagne. Quand j'atteins le sommet, j'éprouve un tel sentiment de bonheur et de supériorité que je me sens capable de monter dans l'univers. J'y arrive en effet et commence à monter dans les airs. Je me réveille en pleine extase." Jung lui conseilla de ne plus pratiquer l'alpinisme en solitaire et d'être très prudent, déclenchant le rire du rêveur. Deux mois plus tard une avalanche l'ensevelit alors qu'il faisait seul une course en montagne. Il fut sauvé à temps par une patrouille militaire. Quelque temps après, sous les yeux d'une cordée voisine, il mit le pied dans le vide et sa chute fut mortelle.
LE REVE MIS EN PAGE
Bien qu'il refusât d'établir une méthode rigide pour l'interprétation des rêves, Jung livra, dans "l'homme à la recherche de son âme", sa propre procédure d'analyse.
"Je divise une page en trois colonnes : Dans celle de gauche, j'inscris le rêve en espaçant ses phases successives. Dans celle du milieu, qui est un peu plus large, viendra le contexte onirique constitué à l'aide des associations libres. Dans celle de droite enfin, viendront figurer les conclusions que l'on peut tirer de l'ensemble."
"La deuxième colonne, celle du contexte, doit être alimentée par des matériaux fournis par le rêveur lui-même, car il est le seul à pouvoir décrire ce que certaines choses signifient en lui, alors qu'il nous est impossible de savoir, du dehors, quelle fonction assume une image donnée dans son psychisme."
"Le contexte une fois établi, la structure du rêve apparaît beaucoup plus clairement et nous pouvons nous risquer à des conclusions."
CONSEILS POUR ANALYSER SOI-MEME SES REVES
"Contemplez l'image de votre rêve et observez avec précision comment elle se met à se développer ou à se modifier. Evitez toute tentative de lui donner une forme déterminée, ne faites rien d'autre qu'observer, tout simplement, quels changements se produisent spontanément. Toute image psychique que vous observez ainsi se transformera tôt ou tard, du fait d'une association spontanée conduisant àune légère modification de l'image. Ce qu'il faut éviter avec soin, c'est de sauter impatiemment d'un thème à un autre. Tenez-vous-en fermement à l'image unique que vous aurez choisie et attendez qu'elle change d'elle-même. Tous ces changements, il faut que vous les observiez soigneusement, et que pour finir vous entriez vous-même dans l'image : s'il se présente une figure qui parle, alors dites, vous aussi, ce que vous avez à dire et écoutez ce qu'elle a à vous dire. De cette façon, non seulement vous pouvez analyser votre inconscient, mais encore vous donnez à l'inconscient une chance de vous analyser. Et ainsi vous créez peu à peu l'unité de la conscience et de l'inconscient, sans laquelle il n'y a pas d'individuation possible."
Lettre à Mr O. 2 mai 1947.
LES QUATRE RAISONS DE L'ABSENCE DE REVES
"L'absence de rêves a différentes raisons. La raison ordinaire est qu'on ne s'intéresse pas à la vie mentale, de sorte qu'on ne prête attention à rien de cette espèce. Une autre raison est qu'on ne se confronte pas assez avec ses problèmes conscients et qu'on attend des rêves, c'est-à-dire de l'inconscient, qu'ils fassent quelque chose à ce propos. La troisième raison est que les rêves ont pour ainsi dire émigré dans une personne de notre entourage, dont les rêves prennent alors un tour inhabituel. Une quatrième raison, finalement, est que dans certaines conditions psychiques les rêves sont redondants, dans la mesure où ils ne sont pas utiles pour apporter une compensation à l'attitude consciente."
Lettre au Dr. Pearson, 22 août 1959.
GUIDES SPIRITUELS ONIRIQUES
D'abord prudent, Jung en arriva dans la seconde moitié de sa vie à attribuer au rêve un rôle de plus en plus spirituel, voire prémonitoire. Il avouait lui-même avoir plusieurs fois rencontré en rêve son guide spirituel, qu'il appelait son "esprit-guide". Inquiet qu'il ne correspondît à aucune personne connue de lui, il s'en était confié à un proche de Gandhi qui l'avait rassuré en lui disant que, pour les Indiens, avoir un maître en rêve n'avait rien d'exceptionnel. "En rêve, nous prenons connaissance de choses que nous ne pouvons absolument pas savoir de manière objective, dans cette vie, écrivit Jung. Des choses qui relèvent du passé de l'humanité et peut-être aussi de son avenir. (...) Toutes les choses que notre conscience diurne n'a pas encore saisies se trouvent dans un état singulier; elles sont comme des figures vivantes et autonomes, parfois elles apparaissent comme des esprits de défunts, parfois comme des inconnus - un sage chinois, par exemple - et parfois comme des incarnations antérieures. De telles figures sont probablement des moyens produits par notre inconscient pour exprimer des formes d'existence psychique que nous ne
pouvons pas réellement comprendre."
Lettre à Mr Barrett, 27 décembre 1956.)
QUAND REVONS-NOUS EN COULEUR ?
LA THEORIE DE JUNG
"La question des couleurs dans les rêves, ou plutôt de leur absence, dépend des relations qu'entretient la conscience avec l'inconscient. Lorsque la situation exige que l'inconscient se rapproche de la conscience ou vice versa, l'inconscient reçoit une attention particulière, ce qui peut se manifester par le caractère coloré de ses images (rêves, visions, etc), ou par d'autres caractéristiques frappantes (beauté, profondeur de sens, intensité). Si l'attitude de la conscience face à l'inconscient est plus ou moins indifférente ou anxieuse, il n'y a pas de nécessité caractérisée que la conscience établisse un contact avec l'inconscient, et les rêves restent plutôt incolores."
Lettre à Mme Nijinski, 24 mai 1956.
LA THESE DES REVES TRANS-GENERATIONNELS
Selon le psychanalyste Didier Dumas, Freud et Jung ont tous deux négligé un aspect fondamental de certains rêves : leur capacité à relater des expériences non directement vécues par le rêveur, ou trop anciennes pour pouvoir être conscientisées. Certains rêves sont des réminiscences du stade foetal. Grandes vagues, explosions atomiques ou ondes de choc sont souvent des représentations de l'activité amoureuse des parents pendant la grossesse.
"Freud appelle ombilic du rêve le point où, le rêveur ne pouvant plus associer, l'analyste ne peut plus rien expliquer. C'est le point où le rêve échappe à l'inconscient individuel", explique Didier Dumas. Rêver en noir et blanc, notamment, indique que le rêve n'appartient pas en propre au rêveur. Dumas appellent ces rêves généalogiques ou trans-générationnels, parce qu'ils font partie d'un héritage inconscient auquel le rêveur n'a pas accès. Les rêves en couleur, au contraire, indiquent la présence de l'individu et de son désir, parce que la couleur est la façon dont nous mettons des sentiments sur le monde. D'autres rêves enfin sont de véritables sorties du corps, ces fameuses OBE (out of the body experiences) dont parle la littérature New Age (et les chamanes !), et qui selon Didier Dumas sont plus fréquentes qu'on ne le croit, surtout chez les enfants. Ils se caractérisent par des inversions spatiales (on tombe vers le haut, gauche et droite sont inversées) et se terminent souvent par des images géométriques servant à ramener dans le corps l'esprit qui s'en était échappé.
Carl Jung et l'émancipation du rêve
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