LES RÊVES DANS L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ
L’ÉTUDE DE L’EXPÉRIENCE ONIRIQUE
Questions de bases et problèmes fondamentaux.
Questions de base
• Que sont les rêves?
• Quelle est l’origine du rêve?
• Quelle est la fonction du rêve?
• Que veulent dire les rêves?
Problèmes fondamentaux
• Comment définir l’expérience onirique?
- L’unité et le phénomène
• Comment l’étudier?
- L’accès aux rêve (du rêve au récit, de l’expérience au souvenir)
- La quantification de l’expérience
LES RÊVES DANS L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ
Tant dans les sociétés primitives que dans les civilisations qui sont à l’origine de nos
sociétés modernes, le rêve a joué un rôle de premier plan.
Les sociétés anciennes
• Les premiers écrits qui ont été découverts et qui datent de plus de cinq mille ans
contiennent des références fréquentes aux rêves.
• Dans la plupart des cas, on attribue aux rêves une origine divine.
• Dès l'aube de l'humanité, les êtres humains sont frappés par l'aspect étrange, magique,
prodigieux, ou encore terrifiant et prémonitoire de leurs rêves.
• Jusqu'au XXe siècle, les rêves ont une place incontestée dans les traditions, les coutumes
et la vie concrète de toutes les sociétés traditionnelles.
• Pour les Anciens, le rêve avait une valeur positive et était un moyen de connaissance au
même titre que nos sciences modernes.
• L'épopée mythique de Gilgamesh en Babylonie (tablettes d'argile) 2000 av J.-C.
- est la plus ancienne des histoires classiques
- contient les premières références aux rêves récurrents et prémonitoires
- l'interprétation des rêves y joue un rôle important
• Le premier personnage historique a être associé à un rêve est Gudéa (roi dans la
civilisation sumérienne 2200 ans avant Jésus-Christ).
Il voulait ériger un temple en l'honneur de son dieu:
- s'est engagé dans des rituels et des prières afin d'être guidé par une
déesse
- le dieu lui-même est apparu, porteur d'un message plus limpide
Les Hébreux
• On y découvre de nombreux récits, les rêves qui président aux destins de Jacob, de
Moïse, les interprétations ou les terribles visions du prophète Daniel.
• Les rêves y sont habituellement des manifestations de la volonté divine et les rêves de
destinée sont souvent d'un symbolisme limpide.
a) L'échelle de Jacob (Genèse XXVIII, 11).
b) Le rêve du pharaon égyptien qui représentait 7 vaches grasses et 7 vaches
maigres:
"Pharaon rêvait, et voici qu'il était au bord du Nil; il voyait sortir du Nil sept vaches,
belles et grasses, paissant parmi les gens. Il voyait sept autres vaches sortir du Nil
derrière elles. Elles étaient laides et maigres et se rangeaient a côté des autres sur les
bords du Nil. Les sept vaches laides et maigres dévorèrent les sept vaches belles et
grasses. Pharaon s'éveilla. Il se rendormit et eut un autre rêve. II voyait sept épis pousser
sur une tige, gros et beaux. Et voici que sept épis maigres et brûlés par le vent d'est
poussaient après eux. Les épis maigres dévoraient les épis gros et pleins. Pharaon
s'éveilla, et voici! C'était un songe. (Genèse XLI, 1-7)
• Guidé par ses rêves, Joseph prend Marie comme épouse, puis il échappe à la colère
d’Hérode et fuit en Égypte avec sa famille.
• Les trois rois mages découvrent eux aussi en rêve les intentions criminelles du roi
Hérode et ils quittent discrètement la Palestine.
• Le symbolisme de ces rêves est très simple.
• Dans le Nouveau Testament, Joseph est un modèle d'obéissance à une volonté divine.
• Quand Jésus est présenté devant Pilate, l'épouse de ce dernier lui fait dire, alors qu'il
siège sur l'estrade: "Ne te mêle pas de l'affaire de ce juste ! Car aujourd'hui j'ai été
tourmentée en rêve à cause de lui"
217 références aux rêves dans le Talmud
• Rabbi Hisda: "Un rêve qui n'est pas interprété est comme une lettre non décachetée."
• Rabbi Jonathan: "L'homme voit dans son rêve ce que son coeur pense."
• Gabriel (archange) était connue comme le prince des rêves.
• Les rêves pouvaient avoir une cause physique:
-nourriture, chaleur, humidité (bons rêves)
-froid et sécheresse (mauvais rêves)
• Lorsque les rêves de la Bible deviennent plus allégoriques, ou symboliques, il y a
toutefois une différence par rapport a la tradition des interprètes babyloniens ou
égyptiens.
• Joseph ne prétend pas avoir une science des rêves, mais c'est Dieu qui parle à travers lui.
• Le dieu du judaïsme est donc, si l'on peut dire, son propre interprète.
Les Égyptiens
• Thoutmosis IV (1400 av J.-C.) fut visité (dans un rêve) par le dieu Hormakhu, dont la
représentation est le Sphinx.
• Sérapis: le dieu des rêves dont il était important de décortiquer le contenu.
• Temples d'incubation.
• L'incubation cherchait à provoquer systématiquement le songe.
• Parmi les motifs oniriques les plus fréquents, on trouve les rêves ayant trait a la
fécondation ou à la naissance des enfants.
• Le symbolisme de la naissance est souvent rendu par des rêves d'animaux ou des rêves
d'urine.
Les Chinois
• L'esprit matériel (p'o)
- régulation des fonctions corporelles
- cesse d'exister après la mort
• L'esprit spirituel (hun)
- quitte le corps après la mort
• Le hun était impliqué dans les rêves - pouvait quitter le corps et visiter les morts
• Le dormeur était vulnérable pendant que le hun quittait le corps
Chuang Tzu (350 av. J.-C.) Philosophe chinois (Taoïsme)
Il a rêvé qu'il était un papillon qui était très satisfait de lui-même; il s'est réveillé
soudainement en se demandant...
"...s'il était un homme qui rêvait d'être un papillon ou encore un papillon qui rêvait d'être
un homme?"
Les Grecs
• Pour les Grecs anciens, les rêves avaient non seulement une origine divine mais ils
permettaient aussi aux rêveurs de faire des voyages, de visiter d'autres lieux.
• Références aux rêves racontés dans l'Iliade et l'Odyssée d'Homère (800 avant J.-C.).
Dans l'Iliade
• Sensation d'être incapable de courir
• Zeus a délibérément trompé les gens avec des faux rêves
• Pénélope: "La vérité est que nous ne savons pas comment traiter avec des rêves; ce
qu'ils nous disent est incertain et ils ne se réalisent pas toujours"
Dans l'Odyssée:
Deux portes du rêve:
a) la porte d'Ivoire
mauvais; faux; sans valeur divinatoire
b) et la porte de Corne
bon; vrais; prémonitions oniriques
• Un autre symbolisme allie les rêves au souffle.
On retrouve cette image dans la Bible et chez Homère.
Dieu ou démon, le rêve se faufila comme un courant d'air entre les
interstices des portes pour pénétrer dans la maison du dormeur.
.
Oppenheim montre le rapport étymologique du dieu des rêves
mésopotamien Zaqîpu avec le verbe zâgu: souffler.
• L'incubation y était aussi très fréquente, dans des temples dédiés à Asclépios, dieu de la
Médecine (plus de trois cents temples).
(Esculape chez les Romains)
• Bâton d'Esculape:
le symbole des pharmaciens et des médecins
La contribution des grands philosophes grecs
Héraclite: le rêve est un phénomène naturel et non pas d'origine divine.
Hippocrate: utilisait les rêves pour poser des diagnostiques sur l'origine de maladies ou de
troubles physiques.
Rêves "prodromiques"
Les rêves dans lesquels semblent apparaître les symptômes d'une maladie avant
d'en avoir conscience à l'état de veille.
( du mot grec prodromos signifiant précurseur)
Platon
• Dans La République: les rêves permettent d'exprimer des émotions, et de faire ressortir
"la bête en nous".
• Pas tellement éloignée des conceptions modernes d'orientation freudienne.
• L'absence de raisonnement dans les rêves expliquait les comportements incontrôlés
qu'on y retrouve comme l'inceste, le meurtre, le viol, etc.
Aristote
• Réduction de l'activité sensorielle pendant le sommeil au cours duquel l'organisme a
une activité sensorielle endogène, le rêve.
• Le rêve est constitué de résidus d'expériences passées.
• Les expériences du rêve sont une démonstration de la permanence des expériences
sensorielles. Ce que l'on vit est intériorisé et ne disparaît pas.
• Les rêves télépathiques et prémonitoires:
- ils sont signe, cause ou coïncidence.
• Décrit le phénomène du rêve lucide.
• Le plus doué des médecins, dit Aristote, tient compte des rêves.
• Une proposition est absurde aux yeux d'Aristote:
• C'est que le songe puisse être à la fois envoyé par un dieu et s'adresser en même temps a
n'importe qui. Ces deux choses ne peuvent coexister; c'est une contradiction en soi.
"Dieu ne saurait s'adresser au "premier venu " pour lui faire des révélations
exceptionnelles. Car, enfin, cela choque le bon sens que Dieu parlât à n'importe
qui, et que le premier venu fût, plus que le sage, en mesure de prédire l'avenir".
Problématique de l'oneirôgmos
• Représente le songe érotique.
• Elle concerne surtout les médecins, mais ouvre des questions philosophiques, et
intervient dans la classification des rêves.
• Le concept met en rapport l'âme et le corps, et implique la présence simultanée de deux
phénomènes: a) des images "mentales" et b) la production d'une émission de sperme.
"Durant le sommeil, sous l'effet d'images sans réalités, des patients souffrent
d'émissions de sperme... Le rêve est à l'origine de l'effet vénérien en le
provoquant.... .... C'est la conséquence d'images, auxquelles les Grecs donnent le
nom de phantasia, affectant les patients dans leur sommeil à cause de l'envie du
plaisir sexuel, c'est-à-dire d'un désir constant et ininterrompu, soit au contraire, en
raison d'une longue interruption de la pratique sexuelle et d'une continence."
• Ceci pose le problème de l'action des images sur le corps, images qui, bien que sans
réalité, contrairement aux mécanismes de la perception, sont suffisamment efficaces…
Artémidore de Daldis
• Un Grec qui a vécu au 2ème siècle de l'ère chrétienne.
• Son oeuvre est une véritable encyclopédie des rêves.
• Son traité Oneirocritica est d'une grande importance.
• A consacré sa vie à établir les principes de l'interprétation des rêves à partir d'une
taxonomie très détaillée des types de rêves qu'il avait recueillis.
• A décrit dans cinq traités successifs des rêves qui donnaient une importance spéciale aux
différentes parties du corps, aux activités physiques, à la nature, aux animaux, etc.
Artémidore de Daldis
• Il ne donnait d'interprétation qu'en fonction de sa totalité:
-en tenant compte des réactions du rêveur lui-même;
-de ses émotions;
-de l'association qu'il pouvait faire avec des événements courants.
• Un précurseur de certaines approches contemporaines du rêve qu'on qualifie de
dreamwork.
• 1. Avoir des oreilles d'âne n'est de bon augure que pour un philosophe, parce que l'âne
ne se laisse pas convaincre et ne cède pas facilement. Pour tous les autres, cela signifie
servitude et misère.
• 2. Le fait de prendre un bain: autrefois, le bain se prenait après un travail pénible, et
aurait, par suite, indiqué sueur et larmes; aujourd'hui il est signe de richesse et de luxe, et
par conséquent de bonne augure.
• 3. Dormir dans le temple signifie, pour un malade, la guérison; pour le bien-portant, la
maladie.
Les Romains
• Conceptions romaines du rêve ont été influencées par celles des Grecs.
Cicéron
• Étant donné les variantes si différentes d'interprétation, une étude systématique et
cohérente des rêves était illusoire. La divination des rêves ne pouvait plaire qu'aux
ignorants. :(
Macrobe
• Au 4e-5e siècle après Jésus-Christ
-typologie de cinq catégories de rêves
1. Le rêve énigmatique (somnium) déguise son message sous l’ambiguïté de formes
étranges. C’est le rêve ordinaire.
2. Le rêve visionnaire (visio) apporte une prophécie.
3. Le rêve prémonitoire (oraculum) prédit un événement plus intime, concernant
généralement un parent du rêveur.
4. Le cauchemar (insomnium) est causé par la maladie ou l’angoisse.
5. Le rêve d’apparition (visum) survient entre sommeil et éveil, sous forme de
«spectres délicieux ou troublants».
Divers
• Les empereurs se faisaient interpréter leurs rêves pour prendre des décisions.
• Il semblerait que les rêves aient perdu leur poids politique avec Néron car le contenu de
ses rêves était si effrayant et lugubre que son entourage a jugé bon de ne pas leur donner
d'importance.
• Succubes: mot forgé au Moyen Âge, du latin succuba (concubine), pour désigner les
démons féminins qui séduisent les hommes pendant leur sommeil. Les incubes (incubus
= cauchemar) sont leur équivalent masculin.
Le Christianisme et le Moyen Âge
• Le rêve a une importance toute particulière et les croyants avaient un intérêt très vif pour
les rêves.
Tertullien (160-240)
• Le premier grand théoricien chrétien du rêve.
• Reprend les typologies des Romains et cherche à situer l'origine de certains types de
rêves soit dans l'âme soit dans le corps.
• Ils dépendent de la position du dormeur, de l'alimentation et de la sobriété des rêveurs.
• Les rêves sont favorables à l'extase, au contact avec Dieu.
• Croyait que les nouveau-nés pouvaient rêver.
Mais tôt dans l'histoire chrétienne, les rêves ont été aussi associés aux hérésies.
• L'église en vient à une attitude de méfiance envers les rêves.
• Au 4e siècle elle interdit la divination par les rêves et toutes autres pratiques magiques.
L'ambivalence est due à l'incertitude au sujet de l'origine des rêves.
• Les saints savent reconnaître les rêves provenant d'un bon esprit, de Dieu, et les
différencier de ceux qui ne sont que des illusions, venues du diable.
Saint-Jérôme (347-420)
• S'est converti à la suite d'un rêve.
• Est devenu un grand érudit de la Bible.
• En 382 a été appelé par le pape pour traduire la bible en latin.
• Cette version fut la version définitive jusqu'au 12ième siècle.
• Impact majeur sur comment on percevait les rêves pour les 15 siècles suivants mot
Hébreu "ana" signifie sorcellerie.
"vous ne pratiquerez pas la sorcellerie" deviens "vous ne porterez pas attention à
vos rêves"
• Pourquoi? promesse; ses propres rêves volants et rêves de mort.
Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)
• Vers le 11ième siècle, on favorise les idées d'Aristote plutôt que celles de Platon.
"expérience sensorielle et pensée rationnelle"
• Rêve comme phénomène naturel provenant de sources internes (somatiques ou
psychiques).
Summa Theologiae (moderniser le Christianisme en suivant les prémisses
d'Aristote)
Est devenu le texte de référence jusqu'au milieu des années 60 (Concile Vatican)
Réfère au passage "vous ne porterez pas attention à vos rêves" (Jérôme)
Rêves sont dus à la température, les forces astrologiques, Dieu, ou démons
« Les démons révèlent certains faits à venir à ceux qui ont avec eux des
pactes défendus. »
Les lois de Dieu continuent d'exister, même durant le sommeil.
Si on a de tels rêves, c'est que l'on est une sorcière.
Les gens priaient de ne pas rêver.
Position adoptée par le protestantisme:
Luther « le péché est le complice et le père de nos rêves impurs »
Les théories du 19e siècle
Contexte culturel
Le Classicisme (1600-1700) Vision du monde comme étant ordonné, équilibré, rationnel. Ex :
Descartes.
L’Âge de la raison (1700-1800) Glorification de la raison comme méthode d’accès à la vérité.
La révolution industrielle (1800-1900)
Migration urbaine massive(de 10% à plus de 50%… 95% maintenant)
Moteur à vapeur (efficace en 1800)
Transformation du travail (de l’agriculture et l’artisanat à la manufacture)
Pollution, surpopulation urbaine et problèmes d’hygiène
Le Romantisme (1800-1850) Réaction au Classicisme et à la Révolution industrielle.
Glorification de la nature, de la passion, de l’imagination, de l’intuition et de l’inconscient.
Ex : Frankenstein (Mary Shelley, 1818), Les trois mousquetaires (Alexandre Dumas, 1844) et
Edgar Allan Poe (1809-1849).
Le Réalisme (1850-…) Réaction au Classicisme et au Romantisme. Représentation du monde
la plus objective/réaliste possible. Ouvre la voie au déterminisme naturaliste.
Le Romantisme et le rêve
Les principaux thèmes romantiques :
Le mal du siècle (l’âme romantique se plaît à la tristesse, elle prend un sombre plaisir à se
sentir souffrir, désenchantée)
L’exaltation du « moi », de l’individu, de la personnalité
L’amour de l’amour
La nature, la passion, les rêveries, les visions, l’inconscient
Comme en littérature et en musique, la peinture romantique se caractérise par son goût pour la
dramatisation.
Mais c’est en faisant du peintre un visionnaire, un créateur au sens large du terme, que le
romantisme a ouvert la voie vers l’art moderne.
Trois visions de l’époque
1. Une vision réaliste : C’est l’excitation corporelle qui fait le rêve
Des stimulations acoustiques, optiques, somatiques provoquent des images
L’association des idées crée des images
L’activité psychique diminue pendant le sommeil
L’ensemble est organisé par le peu d’activité mentale qui reste dans le sommeil
L’inutilité du rêve
Ex : Maury
2. Une vision rationnelle : L’activité psychique ne dort pas
« la nature n’a rien créé sans raison »
Toute notre activité intellectuelle se conserve pendant le sommeil
Ex : Hervey de St-Denys
3. Une vision romantique : Le rêve doit être défini sans référence à l’état de veille
Le rêve se caractérise par certaines capacités qui lui sont propres et que l’état de veille ne
possède que partiellement ou pas du tout.
Ex : Myers, de Manaceine
Alfred Maury (1861)
Série d’études expérimentales sur les sources du rêve.
Principal représentant d’une théorie organique du rêve.
Il s’exposait à des stimuli contrôlés pendant son sommeil pour en observer l’influence sur ses
rêves :
On lui chatouille les lèvres et le bout du nez avec une plume : il rêve d’une torture effroyable.
On lui a mis un masque de poix sur le visage, puis on l’a arraché de sorte que la peau a suivi.
On heurte des ciseaux et une paire de pincettes : il entend le son des cloches, puis le tocsin, et
se retrouve en juin 1848.
On fait tomber sur lui, à diverses reprises, la lumière d’une bougie à travers un papier
rouge : il rêve d’orage, de chaleur, et se retrouve dans une tempête qu’il a éprouvée un jour
comme il traversait la Manche.
On lui fait sentir de l’eau de Cologne : il est au Caire dans la boutique de Jean-Marie
Farina. D’autres folles aventures qu’il ne peut pas raconter se rattachent à cela.
On approche un fer chaud de son visage : il rêve qu’une bande de « chauffeurs » s’est
introduite dans la maison et que l’on oblige chacun à donner son argent en lui mettant les
pieds sur des charbons ardents.
(A. Maury, Le sommeil et les rêves, Paris, Didier, 1861)
Responsable des croyances populaires voulant que les rêves ne durent qu’une seconde et
qu’ils soient le résultat d’une stimulation externe (la guillotine…)
Souligne le lien entre les rêves et la mémoire.
Karl Scherner « La vie des rêves » (1861)
Souligne l’importance des symboles :
1. Somatiques (p.e. maison = corps ; trafic dans les rues = problème de circulation)
2. Sexuels
Pénis : objets allongés tels tour, couteau, épée et clarinette.
Vagin : sentier doux et glissant ; escalier que l’on peut monter.
Le « véritable découvreur de la symbolique onirique » selon Freud.
Hervey de St-Denys (1867)
Professeur de chinois au Collège de France.
Dès l’âge de 13 ans, il note chaque jour ses rêves.
En 1867, il publie Les rêves et les moyens de les diriger.
Le problème du contrôle du rêve et du rêve lucide trouve là sa 1re analyse
systématique.
Métaphore de la traduction (mots -> images)
« Le panorama de nos visions correspond exactement au fil des idées qui émergent
dans notre esprit. »
Le rêve comme un phénomène parfaitement simple et logique.
Note le rôle des jeux de mots dans nos rêve.
Son but est de « conduire ses rêves au gré de ses désirs »
Il en donne les trois conditions :
1. Posséder en dormant la conscience de son sommeil, habitude qui s’acquiert assez
promptement par le seul fait de tenir un journal de ses rêves.
2. Associer certains souvenirs au rappel de certaines sensations, de manière que le retour de
ces sensations, ménagé pendant le sommeil, introduise au milieu de nos songes les idéesimages
que nous en avons rendues solidaires.
3. Ces idées-images contribuant dès lors à former les tableaux de nos rêves, employer la
volonté, pour en guider le développement selon l’application du principe que penser à une
chose, c’est y rêver.
Il fut le 1er à pratiquer le conditionnement sensoriel en associant une odeur spécifique à un
souvenir particulier.
En vacance dans le Vivarais, il se parfume tous les jours avec un parfum particulièrement
puissant.
De retour à Paris, il abandonne ce parfum quelques mois… puis quelques gouttes sur son
oreiller et il rêve des montagnes, des châtaigniers et des roches du Vivarais, ainsi que du
facteur du village où il avait séjourné.
Deux parfums sont associés des souvenirs différents (l’atelier de peinture de son maître et le
voyage dans le Vivarais)
« On jugera par le récit de mon rêve qu’elle ne pouvait me laisser aucun doute sur l’efficacité
des moyens de rappel psychiques que j’avais employés. Je me crois dans la salle à manger de
l’habitation vivaraise, dînant avec la famille de mon hôte réunie à la mienne. Tout à coup, la
porte s’ouvre et l’on annonce M.D., le peintre qui fut mon maître. Il arrive en compagnie
d’une jeune fille absolument nue, que je reconnais pour l’un des plus beaux modèles que nous
ayons eus jadis à l’atelier. »
W. Robert (1886)
L’humain doit rêver pour éliminer les images qui encombrent son esprit.
Les rêves sont des fragments des images en processus d’élimination.
Un humain qui ne pourrait plus rêver deviendrait tôt ou tard affectée mentalement.
Yves Delage (1891)
Biologiste français
Les images oniriques proviennent d’actions ou de perceptions de la journée précédente.
Discute des phénomènes de fusion de représentations dans une image (condensation) et
d’attribution d’un acte à un autre sujet (déplacement).
Expérimente sur le rêve lucide (face au danger).
Marie de Manaceine (1897)
Médecin russe
Considère que nous avons hérité en partie d’une conscience d’espèce alimentant le contenu de
nos rêves (précurseur de l’inconscient collectif de Jung).
Les mécanismes psychologiques du rêve
La transformation de la représentation en hallucination
Le rêve remplace des pensées par des images. Si l’on s’endormait avec une suite de sons, ces
sons se transformaient en visions pendant le sommeil.
La dramatisation, ou mise en scène
Le rêve ne se contente pas de présenter des images indépendantes les unes des autres. Il les
organise, les met en scène. À tel point que ce théâtre s’impose à notre esprit comme s’il était
la réalité du jour.
L’absence de maîtrise volontaire
Dans le rêve, nous sommes dans un état où nous subissons des représentations sans pouvoir
agir consciemment sur elles.
Les sources psychologiques du rêve
Les chercheurs du 19e siècle avaient aussi décrit trois sources du rêve qui n’étaient pas
organiques, mais psychologiques :
1. Les événements récents
Le rêve a une claire préférence pour les impressions du jour précédent. On en concluait
donc qu’il y avait un rapport entre la pensée de veille et la pensée onirique.
2. Les événements insignifiants
Contrairement à l’état de veille, le rêve avait tendance à se rappeler non pas les
événements importants mais les choses indifférentes ou insignifiantes. Cela amènera à
penser qu’il y a une coupure entre la vie diurne et la vie nocturne.
3. Les souvenirs d’enfance
La grande mémoire du rêve (hypermnésie), puisqu’il se trouvait qu’en rêve on accédait à
des souvenirs d’enfance que l’on croyait oubliés depuis longtemps.
29 janvier 1/7
Freud
Du romantisme au réalisme…
Bien que Freud ait été formé au 19e siècle, il se voulait un homme du 20e siècle. La publication
de son Interprétation des rêves était prête en 1899, mais il a tenu à dater son ouvrage de 1900,
pour bien signifier qu’il marquerait l’avenir de son nom.
- sa théorie demeure malgré toutes les controverses qu’elle a suscitées depuis les debuts (voir
le numéro de la revue Dreaming, 1994) une oeuvre capitale.
Les origines
- les recherches pour traiter l’hystérie: l’hypnose d’abord, l’association libre ensuite l’amènent
sur la piste des rêves “la voie royale vers l’inconscient”
Trois périodes dans l’oeuvre de Freud:
a) 1883-1900:
- s’appuyant sur l’étude de ses propres rêves et sur ceux de ses malades
- va élaborer une théorie du fonctionnement psychologique de l’homme “appareil psychique”
b) 1900-1917:
- le rêve restera l’axe central de sa réflexion
c) 1917-1939:
- le rêve disparaîtra pour ainsi dire de ses préoccupations théoriques
- la “Révision de la théorie des rêves” de 1920, en dépit de son titre, ne fera que reprendre les
théories déjà établies; “le rêve et la télépathie” (1922).
Pour Freud, le rêve est “le gardien du sommeil”
il empêche le dormeur de se réveiller à la suite de stimulations :
a) externes
- provenant de l’environnement (réveil-matin)
- corporelles (mal d’estomac, pression de la vessie)
b) intrapsychiques (c.-à-d. venat de l’inconscient)
- La personne endormie a des pulsions et des désirs de nature sexuelle qui viendraient rompre le
sommeil s’ils n’étaient pas satisfaits dans le rêve.
- Le rêve permet la satisfaction de pulsions sous diverses formes déguisées.
- Cauchemars = désirs sadiques et masochistes ?
L'origine du rêve :
a) le rêve vient des pulsions sexuelles et agressives refoulées dans la petite enfance
a) ces pulsions (de meurtre, d'inceste, d'anthropophagie ) créent un désir inconscient qui tente
d'accéder à la conscience pendant le sommeil léger
a) la "fonction de refoulement" des pulsions est trop faible durant le sommeil pour s'y opposer
a) une censure psychique les transforme en rêve et dissimule ces désirs incompatibles
a) les pensées et les images des journées précédentes, les restes diurnes, fournissent au désir, au
contenu latent, un déguisement trompeur qui conduit à l'apparence du rêve
a) le rêve réalise un désir tout en dissimulant au rêveur ses pulsions inconscientes,
inconciliables avec sa personnalité.
29 janvier 2 /7
Contenu manifeste: est perceptible.
Contenu latent: est déguisé. Le contenu latent n’est pas en rapport avec les problèmes actuels du
rêveur mais plutôt avec des résidus des conflits passés et infantiles. Le sens du contenu latent
peut être connu par associations libres.
Comment le contenu latent est-il transformé en contenu manifeste?
1. La condensation : « une représentation unique représente à elle seule plusieurs
chaînes associatives à l’intersection desquelles elle se trouve. Du point de vue
économique, elle est alors investie des énergies qui, attachées à ces différentes
chaînes, s’additionnent sur elle » (Laplanche et Pontalis, 1967. Vocabulaire de la
psychanalyse)
- Une image dans un rêve peut donc contenir plus d’une signification. Ce processus
rendrait compte des images hybrides qui portent des éléments de deux personnes
distinctes, par exemple.
- Le rêve manifeste (le souvenir simplement descriptif du rêve) est un condensé des pensées
latentes (censurées) mais c’est une somme plutôt qu’un résumé, une conjonction aux
multiples facettes.
1. Le déplacement: “Sous l’influence de la censure, le refoulé se dissimule et se déforme
pour pouvoir être représenté” (Larousse, 1997. Dictionnaire fondamental de la
psychologie).
- Les affects les plus importants se traduisent dans des figures accessoires (sans
importance); est le processus qui fait passer l’énergie psychique associée à une
pulsion vers quelque chose de relativement neutre.
- Un élément d'un rêve en apparence anodin pourra provoquer une grande réaction
émotive, tandis qu’un élément que l’on pourrait croire très important pour le rêveur
semblera plat sur le plan affectif.
1. La représentation : La traduction des pulsions en représentations visuelles.
1. L’élaboration secondaire : Un remaniement des éléments, «réécriture» ou
«scénarisation», qui permet le souvenir du rêve et son récit sous la forme d’un
scénario relativement cohérent et compréhensible.
Le rêve qui remplit bien son rôle est un rêve qui n’éveille pas le dormeur et qui demeure donc
inconscient.
Le but de l’association libre est de passer du contenu manifeste au contenu latent. Cela
permettrait de retracer des conflits intrapsychiques, en bonne partie centrés autour des stades
psychosexuels (oral, anal, phallique).
S’il n’y a pas de condensation, distortion, ou de désir satisfait – alors, ce n’est pas un rêve!
Plus tard, plus ambivalent (ouvert aux possibilités)
29 janvier 3 /7
Jung
Jung reproche (entre autres) à Freud:
Un caractère trop sexuel à l’interprétation des rêves.
Une vision réductrice de l’inconscient
Une approche basée sur la psychopathologie
Jung situe sa conception par rapport à celle de Freud de la façon suivante:
J’en suis venu à penser que la conception freudienne, qui ne distingue essentielement dans les
rêves que la réalisation de souhaits et la protection du sommeil, est trop étroite, alors que l’idée
fondamentale d’une fonction biologique compensatrice est certainement à retenir. (...) Son objet
principal, c’est la vie consciente. Les rêves se comportent comme des compensations de la
situation consciente qui les a vu naître. (Jung, 1962, p. 210).
Jung: l’analyse du symbole comme porteur d’un sens autonome
Freud: le symbole ne servait qu’à porter le symptôme
LES FONCTIONS COMPENSATRICES ET PROSPECTIVES
Jung considère comme trop étroites les fonctions de réalisation de désir et de protection de
sommeil.
Il attirera l’attention sur deux autres fonctions du rêve : la fonction compensatrice et la fonction
prospective
La fonction compensatrice:
- Le rêve est en quelque sorte un régulateur psychique qui amène le moi conscient à la réalité de
la personnalité globale de l’individu et à la réalité de son espèce.
- En raison de sa fonction compensatoire, le rêve possède souvent un contenu complémentaire à
celui de la vie éveillée.
- L’excès ou l’insuffisance vécue dans la vie consciente est tout d’abord compensé par une
première manifestation de l’inconscient, celle du rêve.
- La compensation permet de rétablir un équilibre dans le psychisme individuel.
Trois scénarios:
1) l’attitude consciente du sujet est en opposition avec sa situation existentielle; le rêve
s’opposera à cette attitude (équilibre)
1) la conscience se rapproche de la situation; le rêve propose des variantes
1) l’attitude consciente est juste; le rêve amplifie cette tendance
La fonction prospective : (…) se présente sous la forme d’une anticipation, surgissant dans
l’inconscient, de l’activité consciente future; elle évoque un projet de forme exécutoire. Son
contenu symbolique renferme à l’occasion la solution d’un conflit. (Jung, 1962, p. 213).
- Pour Jung, cette fonction prospective ne s’identifie pas à un rêve prémonitoire, mais elle
enseigne au rêveur un chemin à suivre, ou bien l’oriente lors de périodes décisives de sa vie.
- Ces rêves sont donc plus proches des pronostics médicaux ou météorologiques que des
prophéties.
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Résumé du modèle de l’appareil psychique selon Jung :
Pour Jung, le rêve contient un héritage du passé et ouvre la porte à l’inconscient dit collectif par
le truchement des archétypes
- des images anciennes qui viennent du fin fond de l’histoire humaine; ces images se retrouvent
aussi dans le folklore, les mythes, les contes...
Il ne conçoit pas le rêve comme un déguisement mais plutôt comme une expression symbolique
du contenu inconscient.
Soi : l’ordre, le tout, l’unité, le système de la personnalité qui interagit avec ses parties.
DIMENSIONS DU SOI Inconscient Conscient
Personnel (subjectif) Ombre
Persona
Animus / anima
Complexes
Moi
Collectif (objectif) Archétypes Valeurs et motifs culturels
reconnus consciemment
Le but de l’interprétation du rêve = identifier les complexes (qui impliquent diverses structures
de sa personnalité - moi, ombre, etc.) ET leur fondation archétypale reflétés à travers les
personnages, les scènes et les objets inanimés dans le rêve. Ce mouvement vers la conscience
favoriserait le processus d’individuation.
L’interprétation Jungienne :
1. Obtenir une description claire, précise et complète des détails du rêve (le lieu, les
personnages, le déroulement, les émotions ressenties, etc.).
1. Recueillir les amplifications pour chaque image du rêve :
Amplifications personnelles = les associations personnelles du rêveur. Inconscient personnel.
Amplifications archétypales = identification des parallèles entre une image du rêve et un
mythe, un conte, une référence littéraire, un événement historique, un système religieux, etc.
Inconscient collectif.
1. Mettre le rêve maintenant amplifié dans le contexte de la situation actuelle consciente du
rêveur. Comme le rêve servirait une fonction de compensation, Jung proposait de se demander
: qu’est-ce que le rêve tente de compenser?
• Dans les rêves, les caractéristiques de l’ombre sont souvent projetées sur les personnages
déplaisants et de même sexe que le rêveur ou qui ne sont pas humains (animaux, monstres).
La persona apparaîtrait sous la forme de vêtements ou autre aspect de l’apparence extérieure
du rêveur. Contrairement à l’ombre, les traits de l’animus / anima seraient projetés sur des
personnages de sexe opposé. Le Soi est représenté sous la forme d’images de Dieu, du Soleil
(centre du système solaire), de sages ou de mandala (c.-à-d. un cosmogramme ou une
projection géométrique de l’univers).
• Interprétation subjective versus objective.
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« J e n’ai pas de théorie à propos des rêves, je ne sais pas comment les rêves surgissent. Et je ne
suis pas du tout certain que ma façon de traiter les rêves mérite d’être considérée comme une
"méthode". Je partage tous vos préjugés que l’interprétation du rêve est la quintessence de
l’incertitude et de l’arbitraire. D’un autre côté, je sais que si nous méditons sur un rêve
suffisamment longtemps et en profondeur, si nous le portons en nous et que nous le tournons et
retournons dans tous les sens, quelque chose finit toujours par émerger. (…) Je ne peux
m’accorder qu’un seul critère quant au résultat de mon travail : est-ce que ça fonctionne? »
C. W. Jung.
Adler
Il voyait dans le rêve l’expression des préoccupations et du style de vie du dormeur (continuité
cons/inc et non opposition)
Le rôle du rêve est donc en soi relié à la vie éveillé du rêveur.
Le rêve cherche à prévoir et résoudre un problème et mettre en route ce que le rêveur désire voir
se réaliser dans une situation donnée.
Cette relation entre le rêve et la vie contemporaine du rêveur deviendra la position la plus
courante des théoriciens modernes d’orientation psychodynamique.
- lls ont laissé en effet tomber la notion freudienne du rêve voulant qu’il soit relié à des
préoccupations et à des pulsions remontant à l’enfance.
- Ils se sont plutôt préoccupés du rêve comme étant reliés aux problèmes contemporains du
rêveur.
- Plusieurs versions de cette notion ont été formulées durant les 30 dernières années.
French et Fromm : La psychologie du moi
Nous pouvons parfois faire une lecture directe de nos rêves
Le rêve peut éclairer nos relations, porteur de jugements, prédictions, insights
Sommeil: libérés de nos obligations, contraintes et pressions sociales: la vie psychique est
tournée vers l’expression de notre expérience personnelle
Cauchemar: il s’agit de sentiments, de peurs, de pensées suffisamment importantes pour qu’elle
se manifeste directement
Rêve est poétique; parle la langue des symboles et des métaphores (signification en soi et pas une
chaîne d’associations)
Le but principal des rêves est de découvrir des solutions à des problèmes de nature
interpersonnelle
On préfère les séries de rêves, plutôt que l’analyse d’un rêve individuel
Contrairement à Freud, Fromm écrit:
“ non seulement nous sommes moins raisonnables et moins décents dans nos rêves, mais,
également, nous sommes plus intelligents, plus sages, et capables de meilleurs jugements quand
nous dormons que quand nous sommes éveillés. Nos rêves ne se contentent pas d’exprimer des
pulsions irrationnelles, mais aussi des vues profondes; et le rôle primordial de l’interprétation des
rêves est de trancher entre les deux aspects de ce paradoxe”
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Boss : Psychanalyse existentielle
Rejet de la notion d’inconscient : « They replaced the immediate and direct phenomenon by
explanations of it. They saw in dreams the expression of something else, something merely
assumed to exist behind the phenomena, some mental construct »
Trois postulats :
Les rêves sont des expériences réelles, des façon d’être-au-monde.
Pour interpréter les rêves, nous devons mettre de côté nos présuppositions et regarder
directement les rêves.
Les rêves ne symbolisent pas quelque chose, ils impliquent des expériences réelles et tangibles.
But de l’interprétation:
permettre au patient de refaire l’expérience de son rêve, c.-à-d. de revisiter la phénoménologie
du rêve avec, en plus, une certaine objectivité propres à l’éveil qui en font une expérience plus
riche, plus libre et plus authentique dans le «ici et maintenant».
Étapes d’interprétation:
Le thérapeute laisse le patient raconter et répéter le récit de son rêve. Ne lui propose pas de
contenu symbolique afin de ne pas causer une rupture de l’expérience. Il peut toutefois aider le
patient en lui demandant de décrire ce qui est inclus et ce qui manque dans la réalitéde son rêve,
en insistant sur les émotions que le rêveur a éprouvées.
Ensuite, l’analyste, avec l’aide du patient, peut tenter d’extrapoler une interprétation au rêve en
lui demandant: “Avec le regard plus éclairéque vous avez à l’éveil, comment ce rêve peut-il
s’appliquer àvotre situation actuelle?”ou “Voyez-vous une similaritéentre tel élément du rêve et
ce que vous vivez présentement?”.
Un insight peut alors se produire et des souvenirs peuvent spontanément émerger.
Perls : La Gestalt-thérapie
“Freud a dit du rêve qu’il était la “via regia”, la voie royale, vers l’inconscient. Et moi, je crois
que c’est la voie royale vers l’intégration. Je ne sais toujours pas ce qu’est “l’inconscient” , mais
nous savons qu’en définitive le rêve est la production la plus spontanée que nous ayons”.
F. Perls: Rêve et existence en Gestalt-thérapie (Paris, L’Epi, 1972)
Le mot Gestalt (forme, structure) exprime que c’est la totalité de notre être et de notre existence
qu’il faut chercher à intégrer. La travail sur le rêve est l’un des éléments essentiels de la Gestaltthérapie.
Le rêve est vu comme porteur d’un message existentiel présentant les "trous" de la personnalité,
ces parties non intégrées qui entravent la fluidité du système et qui sont à l’origine de la
psychopathologie. Autrement dit, le rêve attire l’attention du rêveur vers ses besoins non
reconnus.
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Perls considère que chacune des parties d’un rêve exprime un fragment de notre personnalité. Si
nous voulons unifier, intégrer notre personnalité, nous pourrons alors recoller les différents
morceaux du rêve.
- écrivez le rêve et dressez la liste de tous les détails
- cessez de penser et venez à vos sens “l’intellect est la putain de l’intelligence”
- dire “je” et s’identifier à chaque chose et à chaque élément de rêve
- “je suis un morceau de rêve…je suis cette araignée”
- prenez deux éléments du rêve et faites-les se rencontrer (script)
- les éléments du rêve reflétant les côtés contradictoires de la personnalité vont s’opposer, se
battre
- de cette lutte imaginaire des contraires naîtra peu à peu l’intégration des divergences internes
IL NE S’AGIT PAS D’AUTOPSIER LE RÊVE, MAIS DE LE REVIVRE…
1) la projection: nous nous projetons dans les images de nos rêves
2) le maintenant: nous vivons dans le présent
3) pas de pourquoi l’on a rêvé ça ou ça
4) généralement devant un groupe (deux chaises)
Hall : Une approche empirique
Voir le recueil de textes…
Hobson et McCarley : L’activation-synthèse
Une théorie contemporaine intégrant neurobiologie et psychologie du rêve.
1. Construction du rêve.
- En sommeil paradoxal, des éléments aléatoires sont activés par stimulation de différentes
zones du cerveau.
2. Expérience du rêve.
- Les éléments sont alors synthétisés en un tout perceptuel cohérent.
3. Interprétation du rêve.
- Un sens personnel est recherché à partir des éléments et de l’histoire du rêve.
L’interprétation est possible car les éléments activés et la façon de les synthétisés dépendent des
souvenirs, réponses émotionnelles, habitudes et autres apprentissages du rêveur.
Démontre qu’un sens peut être attribué aux rêves sans que les rêves soient des constructions
intentionnelles ou planifiées.
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