1) Inconscient, ce complexe doit se percevoir sous l'angle des émotions.
Construit à partir du symbole phallique, le complexe de castration prend des allures différentes chez le petit garçon et chez la petite fille, lorsqu'il se déclenche.
Le premier craint de perdre ce qu'il a à la vue de son père, la seconde s'aperçoit de son manque et cherche à le combler, au moyen d'un bébé par exemple. Le complexe d'Oedipe et l'angoisse de castration qui l'accompagne constituent un choc fondamental pour l'individu, selon les psychanalystes.
Cette angoisse peut ressurgir chez l'adulte névrosé.
Le déroulement du complexe de castration et les constructions mentales qui sont élaborées à ce moment chez l'enfant ont des conséquences sur toute sa vie future.
2) Complexe de base dans la théorie psychanalytique de la genèse des névroses, consistant dans l'angoisse d'être dévirilisé par punition, ou plus généralement dans le blocage de l'affirmation de soi et de l'émancipation lié à un sentiment fantasmique (imaginaire) de culpabilité.
Selon Freud, le complexe de castration, accouplé avec le complexe d'Oedipe, est un organisateur de la psychosexualité et de la vie psychique. Des fantasmes de castration et références mythologiques sont cités dans l'interprétation des rêves et dans psychopathologie de la vie quotidienne. Cependant, Freud découvre le complexe de castration seulement avec l'analyse du petit Hans. Dans « les théories sexuelles infantiles », Freud fait une large place au complexe de castration. À partir de 1915, le complexe de castration est articulé explicitement avec le complexe d'Oedipe et devient un concept théorique majeur dans l’œuvre de Freud qu’il élabore d’une manière systématique dans « L’organisation génitale infantile ».
Le complexe de castration se fonde sur une réponse que les enfants se donnent quant à la différence anatomique des sexes qui consiste à attribuer celle-ci à une coupure du pénis chez la fille. Chez le garçon, le complexe de castration s'organise autour de la peur de perdre son pénis. Chez la fille, ce complexe s'organise autour de l'absence du pénis et d’un ressenti qui se traduit par un préjudice qu'elle cherche à nier, compenser ou réparer.
Selon Lacan, la castration est infligée par le père et consiste à séparer l'enfant de la mère. La castration ne porte pas sur un objet réel – le pénis –, mais sur un objet imaginaire – le phallus - auquel l'enfant, dans un premier temps, s'était identifié (le phallus manquant à la mère). La castration infligée par la père permet à l'enfant de renoncer à être le phallus de la mère et de se tourner vers le père pour avoir le phallus. Lacan présente cette élaboration dans le séminaire « La relation d’objet »Considérée comme un élément structurant de la personnalité, l’angoisse de castration correspond, chez l’enfant, à la découverte de la différence des sexes.
Pour le garçon, il s’agit d’une peur de perdre le pénis. Chez la fille, cela se traduit par un sentiment de manque vis-à-vis de ce même pénis. On parle de complexe de castration lorsque, à l’âge adulte, ces angoisses continuent d’influencer de manière problématique les différents pans de la vie de l’individu.
Pour le garçon, il s’agit d’une peur de perdre le pénis. Chez la fille, cela se traduit par un sentiment de manque vis-à-vis de ce même pénis. On parle de complexe de castration lorsque, à l’âge adulte, ces angoisses continuent d’influencer de manière problématique les différents pans de la vie de l’individu.
Chez Freud le complexe de castration se situe en relation directe avec le complexe d’œdipe, l’enfant vit celle-ci comme la punition de ses désirs incestueux. Le complexe de castration symbolise la « loi du père », l’interdit paternel à l’intérieur du sujet : c’est le surmoi, héritage œdipien. (Mélanie Klein décrit beaucoup plus tôt la formation du Surmoi). Ce serait donc, l’origine de la morale. Resituons l’oedipe et la castration : entre 3 et 6 ans, le garçon veut prendre la place du père et donner un enfant à la mère. A cette période, les zones érogènes étant génitales, l’enfant se touche régulièrement le pénis, surpris pas une tierce personne qui le menace d’un « si tu n’arrêtes pas de te toucher, je te coupe la main, le zizi etc. », ceci combiné à la vue de la mère nue ou bien d’une autre personne féminine nue, il déduit qu’effectivement, des êtres châtrés existent et qu’il peut donc perdre son pénis. (Ref voir le cas du petit Hans et de sa peut des chevaux, l’homme coq ou l’homme aux loups qui démontrent parfaitement ce complexe chez le petit garçon). Les nombreuses analyses d’enfants ont démontré la croyance des garçons, avant cette période, en l’universalité des êtres à avoir un pénis. Cette peur de perdre son pénis est le complexe de castration, source de profonde angoisse pour l’enfant, car il pense avoir la preuve de la possibilité de. Il renonce alors à la mère, et choisi le Pénis. Lacan, ne pense pas que l’enfant abandonne son désir d’inceste, afin de préserver le pénis, mais bien d’accepter la castration : renoncer à la position d’être ce qui manque à la mère – le phallus, pour satisfaire son désir, pour satisfaire son désir, et à être « châtré de la mère » en se soumettant à la loi du père. IL met l’accent su l’être et l’avoir, ne plus être le phallus, permettrait de l’avoir. Cette théorie recentre la castration à une relation prégénitale archaïque, dans le narcissisme primaire. D’autres auteurs ont situé la castration à des stades ultérieurs, comme Starcke ou rené de Monchy, qui parle de castration = frustration orale.
Le complexe de castration chez la femme à lui poser beaucoup de problème aux psychanalystes. Freud se heurte à la négation du vagin chez la femme, alors que d’autres comme Mélanie Klein ou Horney affirme que la petite fille en a conscience. Abraham écrit que les êtres associent féminité à faiblesse. Les femmes souffriraient d’être né fille, en permanence ou par moments. Il soutient qu’à travers les analyses, apparaît le désir refoulé d’être un homme. Poids de la mémoire collective et de la condition féminine à travers la phylogenèse ? La fille serait défavorisée dès l’enfance par rapport au garçon qui jouit d’une plus grande liberté, l’homme choisit sa voie professionnelle (replaçons les écrits dans le contexte – 1920) contrairement à la plupart des femmes qui se destinent à servir le mari, et à s’occuper des enfants, sa vie sexuelle est restrictive, contrairement à l’homme qui a une grande liberté, même dans l’infidélité toléré. En passant outre cette infériorité d’action sociale de l’époque, Abraham parle de petites filles lésées anatomiquement, lorsqu’elles se comparent anatomiquement : les fillettes ont quelques choses en moins au niveau de leurs organes génitaux. Ces expériences d’analyste, lui font soutenir que se désavantage n’est pas toujours surmonté une fois adulte, il n’est que partiellement refoulé ou sublimé. Chez la femme, le « complexe de castration » serait mieux nommé « complexe génital ». Le complexe de castration chez la femme, serait l’incapacité à reconnaître un désavantage en sa personne, elle élaborerait une théorie selon laquelle on lui aurait pris son pénis, et qu’elle en possédait un autrefois. La castration serait donc une blessure organique qui se traduit par une blessure narcissique. La petite fille attendrait que le pénis pousse, le manque permanent serait complètement étranger à ce stade du développement. J’ajoute ici une histoire qui m’a été raconté par une amie, qui montre le questionnement de la petite fille sur cette différence : La fille de mon amie, alors âgée de 3 ans appelle sa mère alors qu’elle se trouve dans son bain. D’une voix enjouée, elle crie « maman, maman, vient voir ! », elle lui montre son clitoris qu’elle vient certainement de découvrir, et lui dit « maman, regarde ça y est, ça pousse ! ». Elle a un frère de 4 ans son aîné.
K. Abraham souligne également la tentative des petites filles à uriner comme les garçons, debout, qui est vu comme un avantage. A cette période, les enfants veulent tout posséder, ils veulent les jouets des autres, la fillette conserve la certitude narcissique qu’elle ne saurait être privée en permanence de ce bien, et se tourne vers le père « tout puissant » pour qu’il lui accorde tout ce qu’elle désire. Le principe de plaisir laissant place au principe de réalité, elle doit s’accommodait de se désavantage physique, renonçait à la virilité, et tirait partie de son rôle sexuel de femme. Freud souligne l’étroite connexion entre certaines notions présente chez l’enfant, comme celle qui lie la preuve d’amour et le don. La mère qui alimente est une preuve d’amour, dans certaines régions d’Allemagne, allaiter se dit ‘offrir’. A un âge précoce, les selles deviennent un cadeau, le don matériel en réponse à tout l’amour qu’il reçoit : il règle ses évacuations selon le désir maternel. Une autre relation étroite se met en place dans le psychisme du garçon : fèces = pénis, les fèces étant détachable du corps il craint le même sort à son pénis, se qui appuie ses croyances dans la castration possible. L’auteur écrit que chez la petite fille, la défécation favorise le fantasme d’acquérir le pénis, de la recevoir en cadeau, ainsi le psychisme est réglé selon l’équation selles = cadeau = pénis. L’espoir disparaît petit à petit, ce qui fait parfois naître de l’hostilité envers ceux qui ne lui ont pas fait le cadeau tant attendu.
Freud a montré que la signification du cadeau concerne les selles et le pénis mais aussi un 3ème, un enfant. La petite fille trouve une issue à ses fantasmes à travers le désir d’avoir un enfant du père. La petite fille attend alors un cadeau substitut au pénis, qui ne lui a pas été accordé : l’enfant cadeau. « En érigeant son père comme objet d’amour, la fillette aborde le stade de son développement libidinal marqué par la prédominance du complexe œdipe. Parallèlement, ses tendances maternelles peuvent se développer par identification à sa mère. Son espoir d’enfant est donc destiné à dédommager la femme de son défaut physique ». Après la période de latence, l’entrée dans la puberté marque la ranimera les désirs pour le premier objet d’amour. Le désir de cadeau du père doit se détacher de la personne du père, pour que la libido investisse un nouvel objet (autres hommes). Abraham écrit pour conclure que la femme adulte et normale se réconcilie alors avec son rôle sexuel ‘passif’ et réclame l’enfant. Le complexe de castration n’engendre alors aucune perturbation. Abraham pense que ce complexe n’est que difficilement dépassé : les premières menstruations ravivant inconsciemment l’idée de blessure, puis une nouvelle fois lors de la défloration, à l’accouchement.
Le complexe de castration chez la femme à lui poser beaucoup de problème aux psychanalystes. Freud se heurte à la négation du vagin chez la femme, alors que d’autres comme Mélanie Klein ou Horney affirme que la petite fille en a conscience. Abraham écrit que les êtres associent féminité à faiblesse. Les femmes souffriraient d’être né fille, en permanence ou par moments. Il soutient qu’à travers les analyses, apparaît le désir refoulé d’être un homme. Poids de la mémoire collective et de la condition féminine à travers la phylogenèse ? La fille serait défavorisée dès l’enfance par rapport au garçon qui jouit d’une plus grande liberté, l’homme choisit sa voie professionnelle (replaçons les écrits dans le contexte – 1920) contrairement à la plupart des femmes qui se destinent à servir le mari, et à s’occuper des enfants, sa vie sexuelle est restrictive, contrairement à l’homme qui a une grande liberté, même dans l’infidélité toléré. En passant outre cette infériorité d’action sociale de l’époque, Abraham parle de petites filles lésées anatomiquement, lorsqu’elles se comparent anatomiquement : les fillettes ont quelques choses en moins au niveau de leurs organes génitaux. Ces expériences d’analyste, lui font soutenir que se désavantage n’est pas toujours surmonté une fois adulte, il n’est que partiellement refoulé ou sublimé. Chez la femme, le « complexe de castration » serait mieux nommé « complexe génital ». Le complexe de castration chez la femme, serait l’incapacité à reconnaître un désavantage en sa personne, elle élaborerait une théorie selon laquelle on lui aurait pris son pénis, et qu’elle en possédait un autrefois. La castration serait donc une blessure organique qui se traduit par une blessure narcissique. La petite fille attendrait que le pénis pousse, le manque permanent serait complètement étranger à ce stade du développement. J’ajoute ici une histoire qui m’a été raconté par une amie, qui montre le questionnement de la petite fille sur cette différence : La fille de mon amie, alors âgée de 3 ans appelle sa mère alors qu’elle se trouve dans son bain. D’une voix enjouée, elle crie « maman, maman, vient voir ! », elle lui montre son clitoris qu’elle vient certainement de découvrir, et lui dit « maman, regarde ça y est, ça pousse ! ». Elle a un frère de 4 ans son aîné.
K. Abraham souligne également la tentative des petites filles à uriner comme les garçons, debout, qui est vu comme un avantage. A cette période, les enfants veulent tout posséder, ils veulent les jouets des autres, la fillette conserve la certitude narcissique qu’elle ne saurait être privée en permanence de ce bien, et se tourne vers le père « tout puissant » pour qu’il lui accorde tout ce qu’elle désire. Le principe de plaisir laissant place au principe de réalité, elle doit s’accommodait de se désavantage physique, renonçait à la virilité, et tirait partie de son rôle sexuel de femme. Freud souligne l’étroite connexion entre certaines notions présente chez l’enfant, comme celle qui lie la preuve d’amour et le don. La mère qui alimente est une preuve d’amour, dans certaines régions d’Allemagne, allaiter se dit ‘offrir’. A un âge précoce, les selles deviennent un cadeau, le don matériel en réponse à tout l’amour qu’il reçoit : il règle ses évacuations selon le désir maternel. Une autre relation étroite se met en place dans le psychisme du garçon : fèces = pénis, les fèces étant détachable du corps il craint le même sort à son pénis, se qui appuie ses croyances dans la castration possible. L’auteur écrit que chez la petite fille, la défécation favorise le fantasme d’acquérir le pénis, de la recevoir en cadeau, ainsi le psychisme est réglé selon l’équation selles = cadeau = pénis. L’espoir disparaît petit à petit, ce qui fait parfois naître de l’hostilité envers ceux qui ne lui ont pas fait le cadeau tant attendu.
Freud a montré que la signification du cadeau concerne les selles et le pénis mais aussi un 3ème, un enfant. La petite fille trouve une issue à ses fantasmes à travers le désir d’avoir un enfant du père. La petite fille attend alors un cadeau substitut au pénis, qui ne lui a pas été accordé : l’enfant cadeau. « En érigeant son père comme objet d’amour, la fillette aborde le stade de son développement libidinal marqué par la prédominance du complexe œdipe. Parallèlement, ses tendances maternelles peuvent se développer par identification à sa mère. Son espoir d’enfant est donc destiné à dédommager la femme de son défaut physique ». Après la période de latence, l’entrée dans la puberté marque la ranimera les désirs pour le premier objet d’amour. Le désir de cadeau du père doit se détacher de la personne du père, pour que la libido investisse un nouvel objet (autres hommes). Abraham écrit pour conclure que la femme adulte et normale se réconcilie alors avec son rôle sexuel ‘passif’ et réclame l’enfant. Le complexe de castration n’engendre alors aucune perturbation. Abraham pense que ce complexe n’est que difficilement dépassé : les premières menstruations ravivant inconsciemment l’idée de blessure, puis une nouvelle fois lors de la défloration, à l’accouchement.
« Rien d’étonnant à ce qu’une différence anatomique ait des répercussions psychiques. Ce qui nous sembla étrange, ce fut de constater que la fille en voulait à sa mère de ne lui avoir pas donné de pénis et qu’elle l’en tenait pour responsable.
Vous voyez que nous attribuons à la femme aussi un complexe de castration, naturellement différent de celui du garçon. Le complexe de castration du garçon apparaît à l’époque où ce dernier constate, en voyant des organes génitaux féminins, que le membre viril, si précieux à ses yeux, ne fait pas nécessairement partie du corps. Il se souvient alors des menaces qu’on lui fit quand on le surprit en flagrant délit de masturbation et il commence à redouter l’exécution de ces menaces, subissant ainsi la peur de la castration qui devient dès lors le moteur le plus puissant de son évolution ultérieure. Le complexe de castration de la fillette naît aussi à la vue des organes génitaux de l’autre sexe » (S. FREUD, Nouvelles Conférences d’Introduction à la Psychanalyse [1932], « La Féminité », Gallimard, Paris, 1984, p.150-181).
Karl Abraham
Manifestation du complexe de castration chez la femme
Les phénomènes psychologiques que nous attribuons au complexe dit de castration de la femme sont si nombreux et divers qu’il n’est pas possible d’en rendre un compte exhaustif dans un exposé, si détaillé soit-il. Ces questions se compliquent encore par leurs multiples relations avec des processus biologiques et physiologiques. Aussi l’analyse qui suit ne prétend-elle pas éclairer sous toutes ses faces le problème de la castration féminine, mais elle se limitera à une évaluation purement psychologique d’un vaste matériel clinique.
I
Bien des êtres féminins, enfants ou adultes, souffrent par moments ou en permanence du fait d’être nés filles. En outre, la psychanalyse nous apprend qu’un grand nombre de femmes ont refoulé le désir d’être homme; nous rencontrons ce désir dans toutes les productions de l’inconscient, en particulier dans les rêves et les symptômes névrotiques. La fréquence extrême de ces observations suggère que cette orientation du désir est courante, et commune à toutes les femmes. Si nous adoptons ce point de vue, nous voici obligés de soumette à un examen approfondi et sans préjugés les faits que nous dotons d’une portée aussi générale.
Fréquemment, les femmes sont parfaitement conscientes de ce que beaucoup de phénomènes de leur vie mentale naissent d’une intense aversion pour la condition féminine; mais les motifs d’une telle aversion restent parfaitement obscurs pour un bon nombre d’entre elles. Certains arguments sont indéfiniment repris pour expliquer cette attitude: la fille serait dès l’enfance défavorisée par rapport au garçon, car on accorde à celui-ci une plus grande liberté, plus tard, l’homme fait choix d’une profession à son gré et peut élargir le champ de ses activités, étant soumis à beaucoup moins de restrictions, dans sa vie sexuelle en particulier. Cependant, la psychanalyse nous montre que des arguments conscients de cette sorte ne possèdent qu’une valeur relative; ils naissent d’une rationalisation, processus qui cherche à voiler les motivations plus profondes. L’observation directe des fillettes dès les premières années de la vie met hors de doute, qu’à une certaine étape de leur développement elles se sentent lésées par comparaison avec l’autre sexe, en raison de l’infériorité de leurs organes génitaux externes. Les données émanant d’analyse d’adultes concordent pleinement avec cette observation; elles nous montrent qu’un grand nombre de femmes n’a pas surmonté ce désavantage, ou, en termes psychanalytiques, n’a pas pleinement réussi à le refouler et à le sublimer durablement. Les représentations qui s’y rattachent exercent souvent une poussée vigoureuse, qui s’y rattachent exercent souvent une poussée vigoureuse, qui répond à la force de leur investissement libidinal, contre les obstacles leur barrant l’accès à la conscience. C’est une efflorescence de symptômes névrotiques, d’images oniriques, etc., qui témoignera de la lutte du matériel refoulé avec la censure.
L’expérience des effets si sévères et durables sur la vie mentale de la femme de la non-possession d’un organe masculin nous autoriserait à en désigner tous les dérivés pulsionnels du nom collectif de " complexe génital ". cependant, nous préférons une expression empruntée à la psychologie des névrosés masculins, et parlons à juste titre du " complexe de castration " chez la femme.
La haute estime en laquelle l’enfant tient son propre corps est étroitement liée à son narcissisme. Primitivement, la fille n’a aucun sentiment d’infériorité touchant son corps, et peut donc ne pas réaliser immédiatement qu’il présente un manque comparé à celui du garçon. Incapable de reconnaître un désavantage dans sa personne, elle forgera la théorie que nous avons souvent rencontrée: " J’avais autrefois un organe comme les garçon, mais on me l’a pris. " la fillette s’efforce donc de faire du manque douloureusement ressenti une perte secondaire, et qui résulterait d’une castration.
Cette idée touche de près à une autre que nous traiterons en détail. Le sexe féminin est considéré comme une blessure, et à ce titre il porte la marque de la castration.
Nous relevons aussi des fantasmes et des symptômes névrotiques, parfois des impulsions et des actes, qui dénotent une tendance hostile à l’homme. chez bien des femmes, l’idée d’un préjudice subi engendre le désir de se venger de l’homme, plus favorisé. Ces impulsions ont pour but une castration active, visant l’homme.
Ainsi trouvons-nous chez la femme non seulement la tendance à vivre un manque primaire, douloureusement perçu comme un dépouillement, mais il s’y ajoute des fantasmes de mutilation actifs et passifs, tous comme dans le complexe de castration masculin. Tels sont les faits qui nous autorisent à user du même terme pour les deux sexes.
II
Nous avons mentionné que la découverte de l’organe masculin par la fille lui inflige une blessure narcissique. Au stade narcissique de son développement, l’enfant veille attentivement sur ses biens et convoite jalousement ceux d’autrui. il entend conserver ce qu’il a, et y ajouter ce qu’il voit. Quiconque possède un avantage sur lui provoque deux réactions étroitement liées: un sentiment d’hostilité pour le privilégié, une impulsion à lui arracher ce qu’il possède. L’intrication de ces deux réactions se manifeste par l’envie, expression typique de la phase sadique-anale du développement de la libido.
Fréquemment, la réaction hostile et envieuse de l’enfant à toute possession surpassant la sienne s’atténue de manière simple. On lui donne la perspective de combler son aspiration dans un avenir proche ou lointain. On peut faire à la petite fille des promesses apaisantes touchant son corps. A ses questions inquiètes, on peut répondre qu’elle deviendra aussi grande que sa mère, qu’elle aura une natte de cheveux aussi longue que sa sœur aînée, etc., et l’enfant sera satisfaite de ces assurances. Mais on ne peut lui promettre qu’un organe masculin finira par lui pousser. Cependant, la petite fille applique spontanément, ici encore, la méthode qui a souvent porté ses fruits : pour un temps elle semble s’agripper à cette attente comme à une évidence, comme si l’idée d’un manque permanent lui était complètement étrangère.
L’observation suivante, d’une petite de deux ans, est particulièrement instructive à cet égard. Un jour, alors que ses parents prennent le café, elle se dirige vers une boîte à cigares posée sur une petite table basse ; elle l’ouvre, prend un cigare et l’apporte à son père ; elle retourne à la boîte et en apporte un à sa mère aussi. Puis elle prend un troisième cigare et l’applique sur son abdomen. Sa mère remet les trois cigares dans la boîte. L’enfant attend un instant, puis répète le même jeu.
La reproduction du jeu exclut le rôle du hasard. Sa signification est claire: l’enfant a doté sa mère d’un organe masculin semble à celui de son père. Elle a représenté la possession de cet organe non comme un privilège de l’homme mais des adultes en général. Ce qui lui permet donc d’en attendre un pour elle-même dans l’avenir. le cigare a non seulement une forme qui en fait un symbole approprié de son désir; elle a pu remarquer depuis longtemps que seul son père fumait des cigares, non sa mère. Sa tendance à placer l’homme et la femme sur un pied d’égalité est concrètement exprimée par son attribution d’un cigare à sa mère.
Nous connaissons la tentative des petites filles d’adopter la position masculine dans la miction. Leur narcissisme ne peut tolérer l’incapacité à faire ce qu’un autre fait, aussi s’efforcent-elles de se donner au moins l’apparence de pouvoir agir comme les garçons, sans être gênées par leur conformation physique.
Lorsqu’un enfant surprend chez son frère ou sa sœur un aliment ou un jouet qu’il ne possède pas lui-même, il se tourne vers ceux qui peuvent donner, avant tout vers ses parents. Il n’aime pas être en reste par rapport à ses rivaux. La petite fille qui compare son corps à celui de son frère rêve que son père lui fasse cadeau de cet organe dont l’absence la blesse si cruellement; l’enfant conserve en effet la certitude narcissique qu’elle ne saurait être privée en permanence, et elle attribue volontiers à son père cette " toute-puissance " créatrice qui peut lui accorder tout ce qu’elle désire.
Mais toutes ces rêveries s’effondrent après un temps. Le principe du plaisir cesse de régir sans conditions les processus psychiques. L’adaptation à la réalité s’instaure, et avec elle la critique que l’enfant fait de ses propres désirs. Au cours de son développement psychosexuel, la fillette doit réussir une adaptation qui n’est pas requise du garçon sous la même forme. Il lui faut prendre son parti de son " désavantage " physique, et de son rôle sexuel de femme. Les sensations génitales précoces dont elle peut jouir sans obstacle facilitent son renoncement à la virilité. Bien plus, les organes génitaux féminins reprendront ainsi une valeur narcissique.
En réalité, toutefois, ce processus est bien plus compliqué. Freud a attiré notre attention sur la connexion étroite existant entre certaines notions chez l’enfant, pour qui l’idée d’une preuve d’amour est inséparable de celle d’un don. La première marque d’amour qui exerce sur l’enfant une impression durable et maintes fois répétée, c’est d’être alimenté par sa mère. Cet acte apporte simultanément la nourriture, accroissant donc sa propriété matérielle, et un stimulus agréable des zones érogènes.. il n’est pas sans intérêt de noter que dans certaines régions d’Allemagne (information que je dois à mon collègue M.Koerber), allaiter un enfant se dit " offrir ".
Dans une certaine mesure, l’enfant rend à sa mère son " cadeaux " sous forme d’un cadeau en retour: il règle ses évacuations selon les désirs maternels. A un âge précoce, les selles deviennent le don matériel de l’enfant, réponse à toutes les preuves d’amour qu’il reçoit.
La psychanalyse nous a cependant montré que l’enfant, en ces début de son développement psychosexuel, considère ses fèces comme une partie de son corps. Par identification une relation étroite s’établit en outre les " fèces " et le " pénis ". l’anxiété du garçon de perdre son corps, tout comme ses selles. Chez les filles, par contre, la défécation favorise le fantasme d’acquérir un pénis, soit de l’élaborer elles-mêmes, soit de le recevoir en cadeau ; c’est alors le père, beatus possidens, qui apparaît comme le dispensateur. Ainsi, le processus psychique est dominé par l’équation: selles = cadeau = pénis.
La période qui suit met à rude épreuve le narcissisme de la fillette. Son espoir de voir croître un pénis chez elle reste aussi vain que ses fantasmes de l’obtenir par elle-même ou de le recevoir. Victime de cette déception, l’enfant risque de vouer une hostilité intense et durable à ceux dont elle a vainement attendu ce cadeau.
Normalement, les fantasmes de l’enfant trouvent néanmoins une issue à cette situation. Freud a montré que la signification de cadeau concerne non seulement les selles et le pénis mais aussi un troisième terme identifié aux deux précédents, l’enfant. les théories infantiles de la procréation et de la naissance nous en fournissent la démonstration.
La petite fille se berce maintenant de l’espoir d’obtenir de son père l’enfant cadeau comme substitut de l’organe qui ne lui a pas été accordé. Son désir d’un enfant est réalisable, même s’il doit être différé dans l’avenir, et obtenu grâce à un autre objet d’amour ; il y a donc là une approche de réalité. En érigeant son père en objet d’amour, la fillette aborde le stade de son développement libidinal marqué par la prédominance du complexe d’œdipe féminin. Parallèlement, ses tendances maternelles peuvent se développer par identification à sa mère. Son espoir d’un enfant est donc destiné à dédommager la femme de son manque physique.
Nous considérons comme normal que, chez la femme, la libido demeure plus narcissique que chez l’homme. cela ne veut pas dire que la libido féminine ne subisse pas d’importantes modifications jusqu’à l’âge de la maturité.
L’identification à sa mère permet de remplacer dans un premier temps l’originelle "envie du pénis " de la fille par l’envie qu’elle porte à sa mère d’avoir des enfants. Ces impulsions hostiles requièrent une sublimation, tout comme les aspirations libidinales orientées vers le père. Une période de latence va s’instaurer comme chez le garçon ; et de même, la puberté ranimera les désirs pour le détacher de la personne du père, et la libido ainsi libérer se porter sur un nouvel objet. Si le développement suit un cours favorable, la libido féminine adoptera une attitude d’attente à l’égard de l’homme ; ses expressions seront réglées par certaines inhibitions (sentiments de pudeur). La femme adulte normale se réconcilie avec son rôle sexuel, avec celui de l’homme, et surtout avec les données de la génitalité dans les deux sexes; elle souhaite la satisfaction dans une situation passive, et réclame un enfant. Son complexe de castration n’engendre donc aucune perturbation.
Cependant, l’observation quotidienne nous montre que bien souvent cet aboutissement normal du développement n’est pas atteint. Ce fait ne nous étonne guère, car la vie de la femme comporte bien des occasions compliquant le dépassement du complexe de castration. Nous songeons aux aspects qui lui rappellent constamment sa " castration ". l’idée primitive de " blessure " est ravivée par l’impression due à la première menstruation et à sa répétition, puis une nouvelle fois par la défloration ; ces deux processus liés à une perte de sang sont aussi ressentis comme une blessure. Il n’est même pas nécessaire qu’ils aient été vécus; la seule perspective d’un tel avenir suffit. Les théories sexuelles infantiles typiques nous permettent de comprendre que l’accouchement soit conçu sur le même modèle par l’imagination d’une enfant ; il suffit de rappeler par exemple la " théorie de la césarienne ", représentant l’accouchement comme une opération sanglante.
Dans ces conditions, nous devons nous attendre à trouver chez toute femme quelque trace au moins du complexe de castration. Les différences individuelles ne sont qu’une question de degré. Chez les femmes normales, on trouve occasionnellement des rêves à tendances masculines. Depuis ces très discrètes expressions du complexe de castration, des formes de passage conduisent progressivement aux manifestations sévères et complexes, de nature franchement pathologique, qui nous intéressent plus particulièrement. La situation est alors comparable à celle qu’on observe chez l’homme.
III
Freud, dans " Le tabou de la virginité ", oppose l’issue normale du complexe de castration, conforme à l’impératif de la civilisation, à son mode de résolution " archaïque ". Chez de nombreux peuples primitifs, l’usage interdit à l’homme la défloration de sa femme. Elle doit être pratiquée par un prêtre, comme un acte sacré, ou s’effectuer en dehors du mariage. Selon la remarquable analyse de Freud, cette curieuse prescription s’explique par les risques psychologiques d’une réaction ambivalente de la femme à l ‘égard de l’homme qui l’a déflorée. La vie commune avec la femme qu’il a déflorée lui-même pourrait comporter une menace pour l’homme.
L’expérience analytique nous montre que les manifestations d’une inhibition du développement psychosexuel sont proches du comportement des peuples primitifs. Dans notre civilisation actuelle nous rencontrons des femmes qui réagissent à la défloration d’une manière qui est pour le moins proche de cette forme " archaïque ". je connais quelques cas ou des femmes, après la défloration, eurent une explosion affective et frappèrent ou cherchèrent à étrangler leur mari. L’une de mes patientes s’endormit aux côtés de son mari après leur premier rapport sexuel. Au sortir du sommeil, elle se livra sur lui à des voies de fait, et ne retrouva que graduellement ses esprits.
On ne peut se méprendre sur la signification d’un tel comportement : la femme se venge de l’atteinte portée à son intégrité corporelle. La psychanalyse nous permet de distinguer un élément historique dans la motivation de ces pulsions vengeresses. Les représailles se rapportent, pour leur cause récente, à la défloration ; car cette expérience apporte à la femme une image incontestable de l’activité de l’homme, et met fin à toutes ses tentatives d’annuler les différences fonctionnelles entre la sexualité masculine et féminine. Cependant, l’analyse profonde révèle l’intrication étroite des fantasmes de revanche avec tous les événements antérieurs- qu’ils soient imaginaires ou réels- qui ont pu agir comme une castration. La vengeance renvoie en dernier ressort à l’injustice subie de la part du père. L’inconscient de la fille devenue adulte prend tardivement sa revanche du père qui a omis de lui accorder un pénis ; pourtant ces représailles ne s’appliquent pas à la personne du père, mais à l’homme qui, en raison d’un transfert de la libido, tient le rôle de celui-ci. La revanche adéquate au tort subi – la castration – ne peut être que la castration. Il est vrai qu’elle peut être symboliquement remplacée par d’autres manifestations agressives ; parmi elles, la strangulation est une action substitutive typique. Le contraste entre ces cas et l’issue " normale " frappe immédiatement. L’attitude normale d’amour à l’égard de l’autre sexe est indissolublement liée, tant chez la femme que chez l’homme, à l’aspiration consciente à la satisfaction génitale partagée avec l’objet d’amour; dans les cas précédents, au lieu d’une attitude d’amour à but génital, nous trouvons une attitude sadique hostile possessive, émanant de motivations anales. La tendance du sujet à l’appropriation par la violence se dévoile par toutes sortes d’autres manifestations psychiques associées. Les fantasmes de vol s’accompagnent de la représentation de prendre à son compte le pénis volé et d’en faire son membre. Nous y reviendrons.
Des désirs de virilité aussi archaïques ne se font jour qu’occasionnellement. Par contre, un très grand nombre de femmes semblent incapables de parvenir à une pleine adaptation psychique au rôle sexuel qui leur échoit. Une troisième possibilité s’offre : l’homosexualité, du fait des dispositions bisexuelles qui sont communes à tous. Les femmes de ce type adopteront le rôle masculin dans les relations érotiques avec d’autres femmes. Elles aiment à faire état de leur virilité dans leur tenue vestimentaire, leur coiffure, leur façon de se présenter, etc.
Ces cas s’apparentent à ceux chez qui l’homosexualité ne parvient pas jusqu’à la conscience; le désir refoulé d’être un homme se rencontre ici sous une forme sublimée. Les intérêts masculin sont préférés et soulignés sur le plan intellectuel, professionnel ou autre. cependant, ces femmes ne renient pas consciemment leur féminité, elles ont au contraire l’habitude de proclamer que leurs intérêt ainsi cultivés n’ont rien de typiquement masculin, mais sont tout aussi bien féminins. Selon elles, l’appartenance d’un individu à l’un ou l’autre sexe n’a rien à faire avec ses capacités, dans le domaine de l’activité mentale. Ce type de femme est bien représenté dans le mouvement féministe actuel.
Si je n’ai fait que mentionner ces groupes, ce n’est pas que je fasse peu de cas de leur importance pratique. Mais ces deux types de femmes sont bien connus, ils ont fait l’objet d’études psychanalytiques assez nombreuses pour que je puisse me dispenser de m’étendre sur ce sujet, m’intéresser aux transformations névrotiques du complexe de castration, et en donner une description exacte, pour certains une description princeps, afin de les comprendre dans une optique psychanalytique.
IV
Les transformations névrotiques dues au complexe de castration chez la femme peuvent se diviser en deux groupes. Pour l’un, les phénomènes reposent sur l’aspiration intense, émotionnellement chargée mais inconsciente, à s’arroger le rôle masculin, soit sur le fantasme de possession d’un organe viril; pour l’autre, les manifestations expriment un refus inconscient du rôle féminin, et des souhaits refoulés de tirer vengeance de l’homme, plus favorisé. Il n’existe pas de délimitation nette entre ces deux groupes. Leurs expressions ne s’ excluent pas chez un même individu ; elles sont complémentaires. Cependant, la prédominance de telle ou telle attitude se traduit souvent clairement, ce qui nous permet de distinguer, selon que l’une prime sur l’autre, le type de l’accomplissement du désir, et le type de la vengeance.
Nous savons qu’en dehors de l’issue normale du complexe de castration chez la femme, il existe deux formes anormales de réaction consciente : le type homosexuel et la type archaïque (de vengeance). Qu’il nous suffise de rappeler les liens entre perversion et névrose que Freud a rendus clairs et familiers, et nous pourrons envisager nos deux types névrotiques sous l’angle de leur psychogenèse. Ils représentent le " négatif " des types homosexuel et sadique, établis plus haut ; car ils recèlent les mêmes tendances et les mêmes motifs, mais sous une forme refoulée.
En raison de leur multiplicité. Les phénomènes psychiques qui découlent des désirs inconscients de virilité somatique ou de vengeance prêtent peu à une vue d’ensemble. de plus, les symptômes névrotiques ne sont pas les seules expressions d’origine inconsciente qui nous occupent ici ; la diversité des formes d’apparition des mêmes tendances refoulées dans les rêves nous le montre. Ainsi que je l’ai dit précédemment, cette étude ne prétend pas rendre un compte exhaustif des manifestations du complexe de castration refoulé. Son but est de discerner dans cette variété certaines formes fréquentes ou instructives, et plus particulièrement celles qui n’ont été jusqu’ici l’objet de recherches.
Le renversement des données de la féminité en leur contraire se réalise dans les symptômes ou les rêves des névrosées ; c’est l’accomplissement de désir le plus parachevé au sens du complexe féminin de castration. Dans ce cas les fantasmes inconscients de la femme affirment : " je suis l’heureux possesseur d’un organe viril et j’exerce la fonction masculine. " Van Ophuijsen en donne un excellent exemple dans son article sur le " complexe de virilité " chez la femme. Il s’agit d’un fantasme conscient remontant à la jeunesse d’une de ses patientes, qui à première vue ne nous donne qu’un aperçu de ses désirs homosexuels masculins actifs encore non refoulés; mais en même temps ce fantasme montre clairement ce qui fonde les symptômes névrotiques par quoi ces tendances s’expriment après avoir succombé au refoulement. A cette époque, la patiente avait l’habitude de se placer le soir entre la lampe et la paroi, et de tenir ses doigts devant la partie inférieure de son corps, de façon telle que l’ombre portée évoquait la forme d’un pénis. Ce qu’elle faisait ainsi ressemble beaucoup au jeu de la fillette de deux ans avec le cigare.
J’ajouterai à cet exemple instructif le rêve d’une jeune mariée névrosée; disons d’emblée pour bien comprendre le cas qu’elle était fille unique. Ses parents avaient ardemment désiré un fils, et par conséquent cultivèrent le narcissisme et encore bien plus les désirs de virilité de leur fille. Selon de leurs expressions, il fallait absolument qu’elle devienne un " homme célèbre ". dans ses rêveries juvéniles, elle se voyait en " Napoléon féminin ". Elle s’engageait dans une glorieuse carrière d’officier femme, s’élevant aux plus hautes positions et ayant à ses pieds tous les pays d’Europe. après qu’elle se fut ainsi montrée supérieure à tous les hommes de la création, un seul d’entre eux surgissait enfin, capable de surpasser non seulement tous les hommes, mais encore elle-même ; elle se soumettait à lui. L’entrée dans la vie conjugale sur un plan de réalité se heurta à une extrême résistance de la patiente à assumer le rôle féminin. Je citerai plus loin les symptômes en question, me contentant de présenter ici l’un des rêves de la malade.
" mon mari saisit une femme, soulève ses vêtements, découvre une sorte de poche et en retire une seringue à morphine. Elle lui fait une injection à l’aide de cette seringue, et on l’emporte dans un état de faiblesse pitoyable. "
la femme du rêve, qui correspond à la patiente elle-même, enlève à l’homme le rôle actif. Elle y parvient grâce à un pénis caché (la seringue), qui lui permet de pratiquer sur lui un coït. L’état de faiblesse de l’homme indique qu’il a été victime de sa violence.
Tirer la seringue d’une poche rappelle à la malade la miction masculine, qui lui semblait enviable dans son enfance. Mais on peut y voir une signification de plus. Lors d’une séance de l’Association psychanalytique de Berlin, Boehm à attiré l’attention sur une théorie sexuelle infantile courante: le pénis primitivement attribué aux deux sexes est supposé caché dans une fente, de laquelle il pourrait surgir temporairement.
Une autre patiente, dont la névrose exprimait le désaccord permanent entre masculinité et féminité sous les formes les plus diverses, me décrivit une sensation, qui ne tendait à rien moins qu’à créer l’illusion d’un organe viril. Au cours de l’excitation sexuelle, elle avait souvent l’impression que quelque chose sur son corps s’enflait jusqu’à des proportions énormes.
Chez d’autres patientes, les symptômes ne représentent pas leurs désirs de virilité comme comblés, mais révèlent cette attente dans un avenir proche ou lointain. Alors que dans les cas que nous venons de décrire, l’inconscient exprime l’idée: " je suis un homme ", il conçoit ici le désir selon la formule : " je recevrai un jour le ’’cadeau’’ ; j’y tiens absolument. "
Abordons maintenant un fantasme conscient, datant de l’adolescence d’une névrosée, et tout à fait typique du contenu inconscient de bien des symptômes névrotiques. Lorsque la sœur aînée de la patiente eut ses premières règles, la cadette remarqua que sa mère et sa sœur s’entretenaient en secret. Une pensée la traversa comme un éclair : " je suis sûre que cette fois ma sœur reçoit un pénis ", ce qui signifiait qu’elle-même en recevrait aussi un en temps voulu. Ce renversement de la situation réelle est hautement caractéristique : en lieu et place de la " castration " renouvelée, signification que prennent les premières règles, on trouve l’obtention de cette partie du corps si désirée.
Une névrosée, chez qui la psychanalyse mit en lumière un degré exceptionnellement prononcé de narcissisme, opposa un jour la plus vive résistance au traitement, et me manifesta de nombreux signes d’humeur, qui se rapportaient en fait à son père décédé. Elle quitta mon cabinet en proie à un transfert violemment négatif. Quand elle arriva dans la rue, elle se surprit à se dire impulsivement : " je refuse catégoriquement de guérir tant que je n’aurai pas reçu un pénis. " c’est donc de moi, dont elle faisait un substitut paternel, qu’elle attendait ce cadeau. Elle y subordonnait l’effet du traitement.
Certains de ses rêves avaient un contenu semblable à cette idée brusquement surgie de son inconscient. On y voyait l’attribution d’un cadeau au double sens de recevoir un enfant ou un organe viril.
Comme partout dans le domaine de la psychologie des névroses, la sphère du complexe de castration comporte des compromis se tissant entre pulsion et refoulement. La règle n’est pas une revendication du plein accomplissement du désir au sens de la possession actuelle ou future d’un organe masculin: dans bien des cas, l’inconscient se contente d’une satisfaction substitutive de cette aspiration.
L’énurésie nocturne chez les femmes névrosées est un symptôme névrotique qui doit l’une de ses motivations capitales au complexe de castration. L’analogie avec la détermination de ce symptôme chez les névrosés masculins est frappante. Je donnerai l’exemple du rêve d’un patient de quatorze ans qui souffrait de ce trouble. Il rêvait qu’il se trouvait aux toilettes, urinant avec une incontestable sensation de plaisir, lorsqu’il remarqua brusquement que sa sœur le regardait par la fenêtre. Petit garçon, il avait en fait exhibé orgueilleusement aux yeux de sa sœur sa façon virile d’uriner. tandis que ce rêve, qui se termina par une émission d’urine, représente sous une forme voilée l’orgueil que le garçon tire de son pénis, l’énurésie chez la femme tient fréquemment au fantasme d’uriner à la manière masculine. Le rêve le traduit sous une forme déguisée et se termine par une évacuation agréable de la vessie.
Les femmes portées à l’énurésie nocturne éprouvent régulièrement de vies résistances contre les fonctions sexuelles féminines. L’aspiration infantile à pouvoir uriner en position masculine s’associe à la confusion bien connue entre uriner en position masculine s’associe à la confusion bien connue entre urine et sperme, entre miction et éjaculation. C’est de là que naît la tendance inconsciente à mouiller l’homme d’urine au cours du rapport sexuel.
D’autres manifestations substitutives s’éloignent de la région génitale ; elles montrent ainsi les possibilités de déplacement de la libido. Certaines partie du corps, pouvant convenir au rôle de zones érogènes, attirent sur elles, en raison de déterminations individuelles, la libido des que celle-ci est contrainte de renoncer à la zone génitale. Chez bien des névrosées, le nez acquiert la signification de substitut de l’organe masculin. L’afflux du sang vers le nez, qui n’est pas exceptionnel et s’accompagne de rougeur et de tuméfaction, prend dans leurs fantasmes inconscients la valeur d’une érection allant dans le sens de leur désir d’être homme.
Dans d’autres cas, l’œil a un rôle semblable. Chez certaines névrosées, une congestion oculaire anormalement forte se remarque lors de toute excitation sexuelle. Dans une certaine mesure, cette poussée en est un concomitant normal et courant. Cependant, chez ces femmes, il ne s’agit pas simplement d’une majoration, limitée dans le temps, de ces phénomènes ; car la rougeur de leurs conjonctives peut persister plusieurs jours. La sensation de brûlure qui provient de la conjonctive tuméfiée, et qui se prolonge plusieurs jours après toute excitation sexuelle assez importante, nous autorise à parler dans certains cas de conjonctivite névrotique.
J’ai pu observer plusieurs patientes, atteintes des conséquences névrotiques du complexe de castration, qui ressentaient leur état oculaire comme l’expression de leur virilité. Cet état s’associait souvent au sentiment de la fixité de leur regard. Pour l’inconscient, le " regard fixe " est fréquemment l’équivalent d’une érection. J’ai déjà signalé ce symptôme dans un article, ayant pour thème les troubles névrotiques au niveau de l’œil. dans quelques cas, la patiente pense que le regard fixe peut inspirer de la crainte à l’entourage. si nous poursuivons la séquence de ses associations inconscientes identifiant le regard fixe à l’érection, nous comprendrons la signification de son anxiété. Le but de la perversion des exhibitionnistes masculins est, entre autres, de terrifier les femmes par la vue du phallus; à leur tour ces patientes s’efforcent inconsciemment d’obtenir les mêmes effets grâce à la fixité de leur regard.
Il y a quelques années, une jeune fille gravement névrosée vint me consulter. Elle n’avait pas plutôt franchi le seuil de mon cabinet qu’elle me demanda à brûle-pourpoint si elle avait de beaux yeux. Je restai un instant surpris de cette manière singulière de s’introduire auprès d’un médecin. Elle remarqua mon hésitation et y réagit, comme à ma suggestion de répondre d’abord elle-même à mes questions, par une explosion affective. Le comportement global de cette patiente, que je ne vis qu’à quelques reprises, empêcha une analyse systématique. Je ne parvins même pas à élucider le cas sur le plan diagnostique, car certains traits du tableau clinique évoquaient un état paranoïde. Car certains traits du tableau clinique évoquaient un état paranoïde. Néanmoins, je pus obtenir quelques rares indications sur l’origine de son symptôme le plus frappant, et si incomplètes qu’elles fussent, elles me permirent une certaine compréhension de la structure du cas.
La patiente me raconta qu’enfant elle avait subi une grande frayeur. Dans la petite ville ou elle vivait, passa une ménagerie ambulante. Un boa constrictor s’en échappa, et ne put être retrouvé immédiatement. Alors qu’elle traversait le parc avec sa gouvernante, elle crut voir brusquement le serpent devant elle. Elle en devint raide de terreur, et depuis lors s’inquiétait à l’idée qu’elle pouvait avoir un regard fixe.
On peut laisser le problème en suspens: l’incident du serpent peut appartenir à la réalité, ou n’être qu’un fantasme. L’association serpent = rigidité nous est familière et compréhensible. Nous reconnaissons également dans le serpent un symbole génitale masculin. La fixité du regard s’explique alors par l’identification: regard fixe = serpent = phallus. Cependant, la patiente se défendait de ce désir de virilité. En lieu et place surgit la compulsion à réclamer tout homme l’assurance que ses yeux étaient " beaux ", c’est-à-dire qu’ils possédaient des charmes féminins. Quelqu’un hésitait-il à répondre immédiatement à sa question par l’affirmative, patiente devait se trouver en danger d’être submergée par ses impulsions viriles sadiques, qu’elle refoulait avec peine, et succombait alors à l’angoisse devant ses aspirations viriles.
Je tiens à souligner ici même que les observations précédentes sont loin de rendre compte de la grande diversité des formations symptomatiques. Ces exemples illustrent l’entrée en jeu vicariante de diverses parties du corps dans le rôle génitale masculin. Il faut ajouter que certains objets non corporels peuvent être affectés au même but, pour peu que leur forme et leur destination permettent de leur attribuer une valeur génitale symbolique. Rappelons la propension des femmes névrosées à manipuler des seringues, et surtout à administrer des lavements, tant à elles-mêmes qu’à leurs proches.
Ces comportements ressemblent aux expressions normales du complexe de castration chez la femme, particulièrement aux actes féminins symptomatiques, par exemple celui d’enfoncer dans le sol la pointe d’un parapluie. Le vif plaisir que bien des femmes prennent à arroser leur jardin à l’aide d’un tuyau est également caractéristique; dans cette activité, l’inconscient vit l’accomplissement idéal d’un désir infantile.
D’autres femmes sont moins aptes ou moins portées à chercher une satisfaction de leurs désirs virils dans des substituts névrotiques.
Leurs symptômes expriment une attitude radicalement différente. Ils représentent l’organe masculin comme une chose d’importance secondaire et sans caractère de nécessité ; nous renvoyons ici à tous les symptômes et fantasmes d’immaculée conception. C’est comme si ces femmes désiraient proclamer par la voix de leur névrose : " je peux tout faire à moi seule. " Une de mes patientes eut le sentiment d’une conception de ce genre un jour qu’elle se trouvait dans un état de confusion oniroïde. Auparavant déjà, elle avait rêvé tenir dans ses mains une boîte munie d’un crucifix. L’identification à la vierge Marie est évidente. J’ai toujours constaté chez les névrosées qui présentaient de telles manifestations des traits de caractère anaux particulièrement accusés. Se représenter capable de " faire toute seule " traduit un haut degré d’obstination, aspect par ailleurs très marqué chez ces malades. Par exemple, elles désirent tout découvrir par elles-mêmes dans leur analyse, sans l’aide du médecin. Il s’agit généralement de femmes détruisant toutes leurs relations avec l’entourage, et à vrai dire toute existence, par leur obstination, leur jalousie et leur surestimation d’elles-mêmes.
V
Les symptômes décrits jusqu’ici se caractérisent par l’accomplissement d’un désir, conforme au souhait infantile d’égaler physiquement l’homme. mais les derniers modes réactionnels cités se rapprochent du type de revanche. Car le refus de reconnaître l’importance de l’organe masculin implique, même si ce n’est que sous une forme très atténuée, une castration de l’homme. nous arrivons ainsi graduellement aux symptômes du second groupe.
Chez ces patientes, nous rencontrons régulièrement sous une forme refoulée deux tendance: un désir de venger de l’homme, et une aspiration à s’emparer par la force de l’organe convoité, c’est-à-dire de l’en dépouiller.
L’une de mes patientes rêvait qu’avec d’autres femmes elle transportait un pénis gigantesque, volé à un animal. Cela nous rappelle les impulsions névrotiques au vol. La cleptomanie provient souvent de l’impression qu’a l’enfant d’être lésé ou privé de preuves d’amour (que nous pouvons assimiler à des cadeaux) ou de gratifications libidinales sous une forme quelconque. L’enfant se procure un plaisir substitutif en remplacement du plaisir perdu, et simultanément se venge de ceux qui lui ont infligé le tort qu’il présume. La psychanalyse démontre dans l’inconscient de nos patientes l’existence des mêmes impulsions à prendre par la force le " cadeau " qui n’a pas été reçu.
Le vaginisme est en pratique le symptôme névrotique essentiel mis au service des fantasmes refoulés de castration de l'homme. le but du vaginisme n'est pas uniquement d'empêcher l'intromission du pénis, mais encore, si elle se réalise, de ne pas le libérer mais de le retenir, et ainsi de châtrer l’homme. le fantasme consiste donc à spolier l’homme de son pénis et à se l’approprier.
La patiente qui avait fait le rêve de la seringue de morphine présentait une forme rare et complexe de refus de l’homme. au début de son mariage, elle souffrait d’une contraste hystérique des cuisses en adduction, toutes les fois que son mari l’approchait. une fois cet obstacle levé, après quelques semaines, apparut un nouveau symptôme de refus, un vaginisme très marqué, qui ne céda complètement qu’au traitement psychanalytique.
Cette patiente, extrêmement fixée à son père, avait eu avant son mariage un rêve très bref dont le récit contenait une méprise verbale frappante: dans ce rêve, me disait- elle, son père avait été renversé par un véhicule, et avait " perdu une jambe ou quelque chose d’approchement, ainsi que sa fortune ". l’idée de castration n’est pas seulement exprimée par la " jambe ", mais aussi par la fortune.
Etre accidenté symbolise très fréquemment la castration. L’un de mes patients qui avait pour " totem " le chien rêva qu’un chien se faisait écraser et perdait une patte.
On retrouve le même symbole dans une phobie dont l’idée est qu’un certain personnage masculin pourrait se faire écraser, et perdre un bras ou une jambe. Une de mes patientes souffrait de cette crainte à propos de certains hommes de sa famille
Depuis longtemps déjà, mais surtout durant la première guerre mondiale, j’ai été frappé de l’intérêt érotique que certaines femmes vouent aux hommes qui ont perdu un bras ou une jambe par amputation ou accident. Ces femmes ont le sentiment très vif d’être rejetées, et acceptent plus volontiers un homme mutilé qu’un sujet en pleine possession de son intégrité corporelle. Car le mutilé a lui aussi perdu un membre. Il est clair que ces femmes éprouvent une affinité pour lui, qu’elles voient en lui un compagnon d’infortune, et n’ont pas besoin de le rejeter haineusement comme l’homme sain.
L’intérêt que certaines femmes portent aux hommes israélites s’explique de même ; elles considèrent la circoncision comme une castration au moins partielle, qui leur permet le transfert de leur libido sur l’homme. je connais des cas ou un mariage mixte de ce type fut contracté pour cette raison, bien, entendu inconsciente à la patiente. Les hommes atteints d’autres infirmités, c’est-à-dire privés de leur " supériorité " masculine, suscitent un intérêt comparable.
C’est la psychanalyse d’une jeune fille de dix-sept ans qui m’a donné l’impression la plus forte de la puissance du complexe de castration. Elle accumulait les conversions, les phobies et les impulsions obsédantes, qui se rattachaient toutes à sa déception d’être une femme, et à ses fantasmes de revanche à l’égard de l’autre sexe. La patiente avait été opérée d’une appendicite quelques années auparavant. Le chirurgien lui avait donné l’organe enlevé, dans un flacon d’alcool, et elle le conservait comme une relique. La castration subie était matérialisée par cet objet, qui apparut même dans ses rêves avec le sens du membre naguère possédé, mais ensuite perdu. Comme le chirurgien se trouvait en outre appartenir à sa parenté, il lui était d’autant plus facile d’établir une association entre son père et la " castration " ainsi accomplie.
Parmi les symptômes issus du refoulement de désirs actifs de castration, figurait une phobie qui mérite le nom de phobie du mariage. Cette peur s’exprimait par la plus vie opposition à l’idée d’un mariage à venir, car la patiente redoutait d’ "être obligée d’infliger quelque chose de terrible à son mari ". la phase la plus difficile de son analyse fut celle de la mise au jour d’un rejet extrêmement marqué de l’érotisme génital, et d’une accentuation exceptionnel de l’érotisme buccal sous de fantasmes à caractère compulsionnel.
La représentation du rapport oral était reliée à celle de la section du pénis par morsure. Ce fantasme, qui s’exprime souvent dans les manifestations les plus diverses d’angoisse et de conversion, s’accompagnait d’une foule d’autres représentations terrifiantes. La psychanalyse réussit à mettre un terme à cette abondante production d’une imagination morbide.
De telle formes d’anxiété écartent les malades de toute union intime avec l’autre sexe, soit de la mise à exécution du " crime " inconsciemment projeté. C’est dès lors la patiente seule qui supporte les conséquences de ces impulsions, sous forme d’abstinence sexuelle permanente et d’anxiété névrotique. La situation se modifie dès que le fantasme actif de castration s’est quelque peu gauchi, se rendant par là méconnaissable à la conscience. L’atténuation formelle des fantasmes donne lieu à des extériorisations plus marquées des tendances en cause.
Cette atténuation de la tendance castratrice active peut par exemple prendre une forme ou il n’est plus question de dérober son sexe à l’homme. les desseins hostiles se déplacent de l’organe à sa fonction: il s’agit cette fois de déduire la puissance de l’homme. il est fréquent que l’aversion sexuelle névrotique de la femme suscite une répulsion libidinale chez l’homme, telle que sa puissance virile s’en trouve perturbée.
Une atténuation de l’impulsion agressive s’exprime par une attitude assez fréquente à l’égard de l’homme, et parfois excessivement pénible pour lui; c’est la tendance à le décevoir. Décevoir quelqu’un consiste à éveiller en lui une attente, pour ne pas la combler. Dans ses relations avec l’homme, la femme peut y parvenir, par exemple en relation avec l’homme, la femme peut y parvenir, par exemple en répondant à ses avances, mais seulement jusqu’à un certain point, en se refusant ensuite à lui. Ce comportement s’exprime le plus fréquemment et le plus clairement par la frigidité de la femme.
Désappointer autrui est une tactique inconsciente fréquente dans la psychologie des névroses, essentiellement chez les obsessionnels. Ces patients sont inconsciemment chargés d’impulsions à la violence et à la vengeance, qui en raison du jeu antinomique de forces ambivalentes sont incapables d’émerger. Comme leur hostilité ne peut se manifester en acte, ces patients suscitent dans leur entourage des attentes agréables, mais qu’ils ne combleront pas. Dans le complexe féminin de castration, nous pouvons fort bien représenter la tendance à décevoir dans son développement :
Premier stade: je te vole ce que tu as parce que je ne l’ai pas.
Deuxième stade: je ne te vole rien; je te promets même ce que j’ai à donner.
Troisième stade: je ne te donnerai pas ce que j’ai promis.
Chez de très nombreuses patientes, la frigidité s’associe à une disposition consciente à assumer le rôle de la femme, et à reconnaître celui de l’homme. la tendance inconsciente a dans une certaine mesure pour objet la déception de l’homme; celui-ci, rencontrant un consentement conscient, présume un plaisir mutuel. Mais, en même temps, la femme aspire à prouver, à elle comme à son partenaire, la non-valeur des aptitudes sexuelles de ce dernier.
En pénétrant jusqu’aux couches psychiques plus profondes, nous reconnaissons toute l’emprise inconsciente de l’aspiration de la femme frigide à être un homme. Dans un article antérieur, j’ai cherché à montrer, en accord avec les études bien connues de Freud sur la frigidité, que cette situation est pour la femme l’homologue d’un trouble de la puissance chez l’homme: l’éjaculation précoce. Dans ces deux états, la libido s’attache à celle des zones érogènes qui a normalement cette signification chez l’autre sexe. Dans la frigidité, c’est en règle générale au clitoris que la sensation agréable est localisée, tandis que la zone vaginale en est dépourvue. Or, dans l’histoire du développement, le clitoris correspond à l’organe masculin.
La frigidité est un trouble si largement répandu qu’il est à peine nécessaire de la décrire. On sait par contre moins bien que cette affection se manifeste à divers degrés. Le plus élevé, celui de l’anesthésie proprement dite, est rare. Dans ces cas, la muqueuse vaginale a perdu toute sensibilité au contact, de sorte que l’organe viril n’est pas perçu lors du rapport sexuel. Ainsi son existence est niée. La forme courante est faite d’un trouble relatif de la sensibilité, le contact est perçu mais sans apporter de plaisir. Ailleurs encore, une sensation de plaisir est éprouvée, mais sans orgasme, ou, ce qui revient au même, sans les contractions de l’organe féminin correspondant à l’acmé du plaisir. Ce sont elles qui témoignent d’une réaction complète, positive, de la femme à l’activité masculine, de l’acceptation intégrale de la relation normale entre les sexes.
Notons encore le comportement de certaines femmes qui parviennent au plaisir par les voies normales, mais tentent de rendre l’acte aussi bref et prosaïque que possible. Elles refusent tout plaisir préliminaire; mais surtout elles se comportent, une fois la satisfaction obtenue, comme si rien ne s’était passé qui aurait pu leur faire quelque impression. Elles se tournent rapidement vers quelque autre sujet de conversation, lecture ou occupation. Ces patientes s’autorisent fugacement la pleine satisfaction physique de la femme, pour la désavouer immédiatement après.
Une notion médicale ancienne et bien connue veut que bien des femmes n’arrivent à la sensation sexuelle normale qu’après avoir accouché. On peut dire qu’elles ne deviennent féminines au plein sens du terme que par le détour du sentiment maternel. Ces faits ne peuvent être jugés en profondeur qu’au travers du complexe de castration. A une phase précoce déjà, l’enfant a représenté pour la petite fille le " cadeau " qui devait remplacer l’organe viril regretté. Ce cadeau est reçu cette fois en réalité, consolant enfin de la " blessure ". il faut noter que certaines femmes désirent avoir un enfant contre la volonté de l’homme; nous ne manquerons pas d’y voir la tendance inconsciente à prendre le pénis de l’homme et se l’approprier sous la forme de l’enfant. l’autre extrême est représenté par les femmes qui désirent à tout prix rester sans enfant. Elles dédaignent toute forme de " substitut ", y compris la maternité qui leur rappellerait constamment leur condition féminine, de la manière la plus désagréable pour elles.
La frigidité peut être relative : non seulement quant au degré d’aptitude à jouir, mais par le fait que bien des femmes sont frigides avec certains hommes et nom avec d’autres.
On pourrait concevoir une activité intense de l’homme comme favorable à la naissance de sensations sexuelles chez ces femmes à frigidité relative. Il n’en est pourtant pas toujours ainsi; au contraire, pour de nombreuses femmes l’humiliation de l’homme est une condition tout aussi nécessaire à l’amour que pour bien des hommes névrosés le ravalement de la femme. Il suffira d’un seul exemple pour illustrer cette attitude, qui n’est nullement exceptionnelle.
Une femme que j’ai analysée, à vie amoureuse remarquablement polygame, était régulièrement affectée d’une anesthésie s’il lui fallait avouer une supériorité quelconque de l’homme sur elle. Toutefois, s’il s’élevait une dispute avec l’homme et qu’elle parvenait à le contraindre à céder, sa frigidité disparaissait complètement.
Des cas de ce genre montrent clairement à quel point la reconnaissance de la fonction génitale de l’homme est une condition nécessaire à la vie amoureuse normale de la femme. Mais nous trouvons en même temps ici l’une des sources des mobiles conscients ou inconscients de la prostitution féminine.
La frigidité est précisément une condition nécessaire au comportement de la prostituée. La sensation sexuelle dans sa plénitude lie la femme à l’homme ; et ce n’est que lorsqu’elle fait défaut que la femme passe d’un homme à l’autre, tout comme le type du Don Juan, masculin, toujours insatisfait, continuellement contraint de changer d’objet d’amour. mais, de même que Don Juan se venge de la déception que lui a apportée une femme, la première de sa vie sur toutes les autres, de même la prostituée se venge sur tout homme du cadeau refusé, qu’elle avait attendu de son père. Sa frigidité a le sens d’une humiliation imposée à tous les hommes, donc pour son inconscient, d’une castration collective; elle met toute sa vie au service de ce but.
Alors que la femme frigide s’efforce inconsciemment de diminuer l’importance du sexe qui ne lui est pas accordé, il existe une autre forme de refus de l’homme qui tend au même but par des moyens contraires. Dans cette forme de rejet, l’homme n’est rien d’autre qu’un organe sexuel, donc n’est fait que de grossière sensualité. Toute autre qualité intellectuelle ou physique lui est contestée. Ainsi, la femme névrosée imagine que l’homme est un être de moindre valeur en raison de la possession d’un pénis. Son estime d’elle-même en est rehaussée; elle ne peut que se féliciter d’être exemple d’une telle marque d’infériorité. l’une de mes patientes, qui témoignait à l’homme une aversion très marquée, était victime de l’hallucination obsédante d’un très grand pénis, à la vue de tout homme, quel qu’il fût, et dans toutes les situations. Cette vision confirmait continuellement la notion qu’un homme n’est rien d’autre que cet organe génital, dont elle se détournait avec répulsion. Mais elle témoignait en même temps du vif intérêt pris à ce pénis par son inconscient. En fantasme, elle se voyait elle-même comme si chacun des orifices de son corps, et même son corps en totalité, n’était rien d’autre qu’un organe féminin récepteur. Nous voyons à quel point le symptôme comporte donc un mélange de surestimation et de dépréciation de l’organe masculin.
VI
Nous avons pu constater que la dépréciation de l’organe masculin dans sa signification succombe au refoulement sexuel progressif, et ne se manifeste souvent que sous forme d’un ravalement de l’homme en général. Ce processus conduit les femmes névrosées à éviter instinctivement les hommes dotés de qualités masculines et actives éminentes. Elle portent leur choix amoureux sur des hommes passifs et efféminés, occasion dans la vie commune de renouveler quotidiennement la preuve que leur propre activité est supérieure à celle de l’homme. A l’instar des homosexuelles manifestes, elles aiment à réduire à l’insignifiance les différences intellectuelles et corporelles entre homme et femme. Une de mes patientes avait demandé à sa mère, alors qu’elle avait six ans, de l’envoyer à l’école des garçons, et en vêtements masculins, car ainsi personne ne saurait qu’elle était une fille.
La tendance à humilier l’homme va généralement de pair avec une sensibilité marquée du complexe de castration dans toute situation propre à éveiller, même de loin, un sentiment d’infériorité. ces femmes évitent d’accepter l’aide de l’homme, et montrent le plus grand déplaisir à suivre ne serait-ce que l’exemple d’un homme. Une jeune femme trahit ses revendications viriles, malaisément refoulées, en dédaignant de mettre ses pas dans ceux de son mari, sur une route recouverte d’une épaisse couche de neige. Encore une caractéristique de cette patiente: dès l’enfance, elle avait témoigné de vifs désirs d’indépendance, et en grandissant elle envia l’activité professionnelle de deux femmes surtout: la caissière du bureau de son père et la femme qui balayait les rues de sa ville natale. Les raisons de ces choix sont clairs pour le psychanalyste. La caissière rassemble de l’argent et la balayeuse ramasse de la saleté, deux activités revêtant la même signification pour l’inconscient. l’abandon de la sexualité génitale en faveur de traits de caractère anaux est évident; mais nous reviendrons sur ce processus.
Le comportement typique de bien des enfants déjà de saisir l’ampleur du refus de s’entendre rappeler leur féminité. Il n’est pas exceptionnel que de petites filles renoncent aux connaissances déjà acquises sur la procréation et la naissance, en faveur de la fable de la cigogne. Le rôle que la nature leur a attribué est par trop contraire à leurs vœux, et la fable de la cigogne a l’avantage de faire naître les enfants sans accorder à l’homme un rôle actif privilégié.
Le degré extrême de sensibilité au complexe de castration est atteint dans les cas, plus rares, de dépression psychique chez la femme. Ici le sentiment d’infortune lié à l’appartenance sexuelle reste totalement exemple de refoulement; ces sujets n’arrivent même pas à l’élaborer sous une forme atténuée ; une patiente que j’eus l’occasion d’observer se plaignait de l’inutilité radicale de son existence, du fait d’être née fille. Pour elle, la supériorité masculine en tous points allait de soi, ce qui la rendait d’autant plus pénible. La patiente excluait toute compétition avec l’homme, mais rejetait également toute réalisation féminine. En particulier, elle refusait le rôle féminin dans la vie érotique, tout autant que celui de l’homme. ainsi, consciemment, tout élément érotique lui était totalement étranger, et elle disait même ne pouvoir imaginer le plaisir érotique.
La résistance contre la fonction sexuelle féminine revêtait chez cette malade des formes caricaturales. Elles reportait son aversion sur tout ce qui, en ce monde, rappelle ne fût-ce que de loin la reproduction, la naissance, etc. Elle haïssait les fleurs, les arbres verts ; les fruits ne lui inspiraient que dégoût. Elle commit à plusieurs reprises un lapsus à la lecture : pour le mot " fécond ", elle lut " affreux ". de la nature, elle n’admettait que l’hiver en haute montagne ; là il n’y avait rien qui vînt lui rappeler les êtres vivants et leur reproduction, rien que rocs, neige et glace. Il est encore typique de cette patiente qu’elle estimait la femme comme parfaitement accessoire dans le mariage. Un mot de cette malade montre à quel point cette opinion dérive du complexe de castration. Elle jugeait que l’anneau, qui à ses yeux était un symbole génital féminin haïssable, ne convenait pas comme symbole du mariage ; en lieu et place elle proposait un clou. Cette surestimation de la virilité se déduit aisément de l’envie du pénis de la fillette, qui à l’âge adulte se manifestait étonnamment à découvert.
L’impossibilité d’admettre le manque de l’organe viril s’exprime chez d’assez nombreuses femmes par une crainte névrotique de voir des blessures. Celles-ci éveillent une fois de plus dans leur inconscient l’idée de la " blessure " subie dans l’enfance. Tantôt c’est un sentiment indéniable d’angoisse, tantôt ce spectacle ou sa simple évocation suscite une " sensation douloureuse du bas du corps ". la patiente déjà citée pour son vaginisme particulier et complexe fut amenée par ses associations, au début de sa psychanalyse, et avant qu’il ait été question le moins du monde de complexe de castration, à sa crainte des blessures. Elle dit pouvoir regarder sans effort celles qui sont étendues et irrégulières. Par contre ce qui lui était absolument intolérable chez elle ou chez autrui, c’était une coupure, même petite mais quelque peu béantes, lorsque au fond de l’incision apparaissait la couleur rosée de la chair. Elle éprouvait alors une violente angoisse et une douleur intense dans la région génitale, " comme si on lui coupait quelque chose ".
Les hommes atteints d’une peur de castration importante ont des sensations identiques accompagnées d’angoisse.
Chez bien des femmes, la vision d’une blessure n’est même pas nécessaire au déclenchement de telles manifestations : on constate un refus permanent, une répulsion violente à imaginer des interventions chirurgicales, ou même simplement des couteaux. Il y a quelque temps, une femme inconnue, et qui ne se nomma même pas, me demanda par téléphone s’il me serait possible de lui éviter une intervention prévue pour le lendemain. A ma prière d’un complément d’information, elle m’apprit qu’elle devait être opérée pour de graves hémorragies utérines, provenant de myomes. Elle n’accorda que peu de crédit à mon objection qu’il ne m’appartenait pas de faire obstacle à une opération nécessaire et peut-être vitale ; mais elle me rétorqua avec une volubilité passionnée qu’elle était depuis toujours une " ennemie de toute opération ". elle ajouta : " quiconque a passé par la table d’opération reste infirme pour la fin de ses jours. " le non-sens de cette exagération se dissipa, si nous nous souvenons que l’intervention que les fantasmes situent dans la petite enfance fait de la fillette une " infirme ".
VII
Une tendance connue et déjà mentionnée permet une atténuation du complexe féminin de castration, du refus, une admission conditionnelle de ce qui a été honni, et surtout la formation d’un compromis entre pulsion et refoulement. Certaines patientes ont de vastes créations imaginatives, centrées sur la possibilité d’une reconnaissance de l’homme, et formulant les conditions auxquelles elles seraient prêtes à se réconcilier avec leur féminité. Voici une première clause que j’ai rencontrée à maintes reprises, et qui s’énonce : " je me trouverais bien satisfaite de ma féminité, si j’étais sans contestation possible la plus belle de toutes les femmes. " la plus belle aurait tous les hommes à ses pieds, et cette puissance serait pour le narcissisme féminin un dédommagement appréciable du manque si péniblement ressenti. Et il est bien vrai qu’une femme belle apaise plus facilement son complexe de castration qu’une femme laide. Mais l’idée d’être belle de toutes les femmes n’entraîne pas dans tous les cas un tel assouplissement. J’en connais une illustration: " je voudrais être la plus belle des femmes, pour que tous les hommes se pressent autour de moi, et alors je leur donnerais à tous un coup de pied. " Le besoin de vengeance est ici parfaitement clair; la phrase émane d’une femme dont la nature extrêmement tyrannique s’enracinait dans un complexe de castration absolument non sublimé.
Cependant, la majorité des femmes sont moins abruptes, plus portées aux compromis, et se contentent d’expressions relativement inoffensives de l’hostilité refoulée ; ainsi comprendrons-nous un traits caractéristique et fréquent de comportement. Considérons que l’activité à éveiller la libido de l’homme ou à y répondre, mais est contrainte par ailleurs à une attitude d’attente ! chez beaucoup de femmes, les résistances à l’égard de leur féminité sont déplacées sur cette obligation. Dans le mariage, ces femmes exercent une vengeance logique sur l’homme, en le faisant attendre dans toutes les occasions de la vie quotidienne.
A la clause citée (" Si j’étais la plus belle "), s’en apparente une autre. certaines femmes sont disposées à reconnaître l’activité de l’homme et leur propre passivité, sous réserve que ce soit l’homme le plus viril (le plus grand, le plus important) qui survienne et les désire. Il nous est facile d’identifier sous cet aspect l’aspiration infantile à s’approprier le père. J’ai déjà indiqué un exemple d’élaboration fantasmatique de cette idée rencontrée au cours de l’une de mes analyses.
Je pus suivre les divers stades de la genèse d’un fantasme comparable dans l’analyse d’autres patientes. Le désir premier s’énonçait: " Je voudrais être un homme. " Lorsqu’il fut abandonné, les patientes souhaitèrent être " la seule femme " (ce qui signifiait en premier lieu être " la seule femme du père "). Lorsque ce souhait dut lui aussi céder devant la réalité, surgit l’idée : " comme femme, je voudrais être exceptionnelle! "
Certaines formations de compromis sont d’une importance pratique bien plus grande; familières au psychanalyste, elles n’en méritent pas moins une étude spéciale sous ce rapport. Il s’agit d’une reconnaissance, marquée de restrictions, de l’homme et surtout de son activité génitale et de son sexe. La relation sexuelle avec l’homme est tolérée, même désirée, mais seulement pour autant que les organes génitaux de la femme ne sont pas mis en cause, qu’ils sont pour ainsi dire considérés comme inexistants. La libido effectue un déplacement sur d’autres zones érogènes (bouche, anus) ; cette dérivation de l’intérêt sexuel loin de l’organe génital atténue les sentiments de déplaisir liés au complexe de castration. Les orifices naturels qui se trouvent alors à la disposition de la libido ne sont pas des organes spécifiquement féminins ! d’autres déterminants encore se proposent dans l’analyse de ces cas ; bornons-nous à citer la possibilité de castration active par morsure, en utilisant la bouche. Les perversions orales et anales chez la femme s’expliquent donc en grande partie par le complexe de castration.
De toute manière, nos patientes, plus souvent que de perversions, souffrent de leur contrepartie négative, c’est-à-dire de symptômes de conversion. Nous avons déjà apporté des exemples de ce type. J’ai parlé, entre autres, d’une jeune fille atteinte de la phobie –dans l’éventualité d’un mariage – de devoir accomplir sur l’homme une action effroyable. L’acte " effroyable " se révéla être la castration par morsure. Ce cas montre avec toute la clarté désirable comment le déplacement de la libido, de la zone génitale à la zone orale, satisfait concurremment des tendances très différentes. Dans ces fantasmes, la bouche sert tout autant à l’acceptation ardemment souhaitée qu’à la destruction de l’organe masculin. Ces expériences précisément nous préviennent contre toute surestimation hâtive d’une causalité univoque. S’il faut insister sur le rôle du complexe de castration à l’origine des manifestations névrotiques, il serait injustifié de le surestimer, selon la conception unilatérale d’Adler, en faisant de la " protestation virile " la cause première de la névrose. L’expérience éprouvée et quotidienne nous enseigne que précisément l’insistance tapageuse sur la tendance masculine de la part des névrosés des deux sexes cache fréquemment un désir féminin passif intense. C’est pourquoi la psychanalyse souligne la surdétermination de tout processus psychique; le a le devoir de rejeter comme unilatérale et fragmentaire toute méthode psychologique qui ne tient pas pleinement compte de l’interaction des divers facteurs. Dans le présent travail, j’ai réuni des faits appartenant au complexe de castration empruntés à de nombreuses psychanalyses. Je le souligne expressément, c’est pour garder une vue d’ensemble que je n’ai cité qu’en passant les expressions des tendances féminines passives qui ne faisaient défaut chez aucune de mes patientes.
VIII
Les femmes dont les représentations et les sentiments sont régis par le complexe de castration (consciemment ou inconsciemment, peu importe) transmettent ce complexe à leurs enfants. Ces femmes agissent sur le développement psycho-sexuel de leur fille, soit en dénigrant dès l’enfance la sexualité féminine, soit en faisant inconsciemment percevoir à leur fille leur refus de l’homme. ce mode exerce l’action la plus persistante, car il mine, pourrait-on dire, l’hétérosexualité de la fille qui grandit. Par ailleurs, la méthode directe de l’humiliation peut entraîner de véritables effets de choc; ainsi par exemple lorsqu’une mère dit à sa fille à la veille du mariage: " Ce qui va t’arriver est répugnant. "
Les femmes névrosées dont la libido s’est déplacée de la zone génitale à la zone anale expriment ainsi leur dégoût du corps de l’homme. sans en prévoir les conséquences, ces femmes exercent également une action considérable sur leurs fils. Une mère qui témoigne d’une attitude de rejet si marqué du sexe masculin blesse le narcissisme du garçon. Car le garçon, dès son jeune âge, est fier de ses organes génitaux, cherche à les montrer à sa mère en escomptant son intérêt et son admiration. Il remarque rapidement que sa mère évite ostensiblement leur vue, si même elle ne formule pas son rejet.
Ces femmes tendent tout spécialement à motiver l’interdiction de la masturbation à leur fils comme d’un contact répugnant. Et tout en évitant minutieusement de toucher ou de nommer l’organe viril, elle caressent volontiers le siège de l’enfant, ne perdent pas une occasion de parler du " panpan " ou de pousser l’enfant à prononcer ce mot, en même temps qu’elles vouent un intérêt immodéré à la défécation. Ainsi le garçon est contraint de modifier l’orientation de sa libido. Soit qu’il la transpose de la zone génitale à la zone anale, soit qu’il se trouve poussé vers ceux de son sexe, c’est-à-dire avant tout vers son père, se sentant lié à lui par une communauté aisément compréhensible; en même temps, ce garçon deviendra misogyne, toujours prêt à critiquer outre mesure les faiblesses du sexe féminin. Cette influence chronique du complexe de castration de la mère me semble jouer dans la genèse de l’angoisse de castration chez le garçon un rôle bien supérieur à celui d’occasionnelles menaces de castration. D’après mes analyses de névrosés masculins, je pourrais étayer cette opinion de nombreux documents. L’érotisme anal de la mère est l’ennemi le plus précoce et le plus redoutable du développement psycho-sexuel de l’enfant, et cela d’autant que dans les premières années de la vie, l’enfant est exposé à l’influence de sa mère beaucoup plus qu’à elle de son père.
Tout psychanalyste praticien se pose de temps en temps la question: le nombre infime d’individus auxquels un seul et même thérapeute peut apporter son aide justifie-t-il une telle dépense de temps, d’efforts, et d’argent ? la réponse découle de notre exposé: en libérant un sujet des déviations de sa vie psycho-sexuelle, du fardeau du complexe de castration, nous évitons la névrose des enfants, nous venons en aide à la génération future. Notre activité psychanalytique est un travail silencieux, rarement reconnu, d’autant plus sévèrement combattu; mais son action, au delà de l’individu, nous apparaît comme un but digne de tant d’efforts.
Le complexe de castration chez la petite filleL’identification paternelle de la fillette, qui se manifeste si clairement au stade phallique avec tous les signes de l’envie du pénis et du complexe de castration, est l’aboutissement d’un processus graduel dont nous examinerons les principales étapes. Nous verrons le rôle que tient dans cette identification l’angoisse émanant de la position féminine et l’influence qu’exerce sur chacune des positions masculines successives celle de la phase précédente du développement.En renonçant au sein pour le pénis du père, la petite fille s’identifie à la mère. De nouveau frustrée dans cette situation, elle s’identifie promptement au père qui, dans l’imagination de l’enfant, est comblé par le sein et tout le corps de la mère, par les sources mêmes de satisfaction qu’elle a dû si péniblement abandonner.Ce sont des sentiments a la fois hostiles, envieux et libidinaux à l’égard de la mère qui déterminent cette première identification à un père sadique. L’énurésie joue ici un rôle important.Pour les enfants des deux sexes, l’urine, sous son aspect positif, est un équivalent du lait maternel : l’inconscient ne fait aucune distinction entre les substances du corps.Au stade sadique, la fille croit surtout au pouvoir magique de ses excréments, alors que le garçon fait de son pénis l’instrument principal de son sadisme. Mais elle est aussi amenée, en vertu de sa foi en la toute puissance de ses fonctions urinaires, à s’identifier, dans une plus faible mesure que le garçon, à un père sadique doué par elle, parce qu’il a un pénis, d’un pouvoir sado-urétral supérieur.L’incontinence d’urine perd ainsi sa signification féminine très tôt pour exprimer une position masculine chez les enfants des deux sexes. Par suite de sa première identification paternelle de type sadique, la fille se sert de ce moyen à la fois pour détruire la mère et pour s’emparer du pénis du père en le châtrant.
L'oedipe et le complexe de castration
On désigne par cette expression, souvent résumée par le simple terme « d’Œdipe », l’ensemble des rapports psychoaffectifs entre l’enfant et ses parents nourriciers. Le complexe d’Œdipe est vécu avec une particulière intensité au stade phallique de la libido, entre 3 et 5 ans ; dans son évolution normale, il décline à la fin du stade phallique et disparaît pendant la période de latence, pour reconnaître, à la puberté, une nouvelle intensité.
Les rapports entre l’enfant et ses parents apparaissent, très rapidement, comme polarisés sexuellement. Le petit garçon aime sa mère, la petite fille aime son père sur un mode évidemment libidinal, qui implique non seulement la recherche d’un plaisir physique (être caressé, être choyé, etc.), mais aussi d’une rivalité avec le parent de même sexe.
Symboliquement, le petit garçon désire épouser sa mère et voir disparaître (par la mort) son rival, le père. De même la fillette vit son drame oedipien : elle désire être l’épouse de son père, et, en même temps, elle souhaite la disparition de sa mère. Bien entendu, cette situation oedipienne n’est pas vécue consciemment par l’enfant. L’observation psychanalytique l’induit à partir des comportements affectifs des enfants vis-à-vis de leurs parents. Il est vraisemblable que la découverte par Freud de la nature sexuelle, c’est-à-dire libidinale, des rapports entre un enfant et ses parents est, avec celle de l’inconscient, la découverte fondamentale de la psychanalyse. D’ailleurs, dès ses premiers écrits, Freud a affirmé d’emblée l’universalité de l’Œdipe, dont le mythe se retrouve, obsessionnellement, dans toutes les cultures. C’est en fonction de la manière dont un individu pose et résout son complexe d’Œdipe que se détermine, en grande partie, la personnalité normale et pathologique.
Il faut souligner l’ambivalence (c’est-à-dire la double valeur) du complexe d’Œdipe. Vis-à-vis de chacun des deux objets de l’Œdipe, l’enfant éprouve des pulsions positives et des pulsions négatives : il aime et il hait à la fois l’objet de son amour (le parent de sexe opposé) et il hait et il aime à la fois l’objet de sa haine (le parent de même sexe). Dans une analyse célèbre, qui a été publiée en français sous le titre L’Homme aux rats (1909) Freud formule ainsi son observation de l’ambivalence de l’affectivité : « Une belle bataille fait rage chez notre amoureux entre l’amour et la haine qui sont dirigés vers la même personne ».
Les réactions de l’enfant à l’égard de l’Œdipe peuvent être extrêmement diverses ; elles dépendent de son Sur-moi, des influences éducatives qui interviennent et, il faut aussi le souligner, de l’attitude de l’objet de l’Œdipe, c’est-à-dire du père et de la mère. En fait, dans la mesure où il y a deux objets offerts à des pulsions ambivalentes, toutes les solutions sont possibles. L’enfant peut vivre son complexe d’Œdipe directement, ou bien en l’inversant (par exemple la petite fille sera amoureuse de sa mère et rivale de son père), ou bien encore en mettant l’accent sur tel ou tel aspect de la double ambivalence. En outre, la situation oedipienne peut se projeter sur de nombreux comportements, soit sur un mode symbolique, soit sur un mode actif.
Le complexe de castration. Freud a découvert l’existence de ce complexe, aussi universel que le complexe d’Œdipe, en analysant un cas de phobie infantile, celle du Petit Hans, en 1909. Ce fantasme apparaît au stade phallique et il est en rapport avec la théorie que l’enfant élabore pour expliquer la différence sexuelle entre l’homme et la femme : il attribue l’absence du pénis, constatée plus ou moins fortuitement chez la fillette, à une castration.
Chez le garçon, la castration est ressentie comme une crainte : dans le mesure où le milieu éducatif interdit, au nom de divers principes, l’activité sexuelle au stade phallique (l’auto-érotisme), le garçon peut craindre la castration comme la réalisation d’une menace dont le père (rival oedipien) serait l’exécutant. Par ailleurs, la menace de castration est aussi vécue comme une punition possible de l’Œdipe : l’angoisse de castration, chez le garçonnet, marque donc la crise terminale du complexe d’Œdipe, l’entrée dans la période de latence et le début de la formation du Sur-moi.
Chez la fillette, le processus est différent. Elle ressent la castration comme une menace qui s’est réalisée. Cela se traduit, schématiquement, par deux processus affectifs :
- 1. La fillette, qui a le sentiment d’être lésée par rapport au garçon, éprouve un ressentiment à l’égard de sa mère qui l’a privée du pénis ;
- 2. Elle choisit le père comme objet d’amour, dans la mesure où celui-ci peut lui donner symboliquement le pénis qui lui manque. Autrement dit le complexe de castration marque, chez la petite fille, l’entrée dans l’Œdipe et non sa crise terminale, comme chez le garçon.
Le complexe de castration est rencontré à chaque instant dans l’expérience analytique, soit sous la forme de fantasme direct, soit, le plus souvent, sous une forme symbolique : l’arrachement du pénis peut être alors représenté par d’autres fantasmes (arrachage des dents, crevaison des yeux, opération chirurgicale par exemple), tandis que la crainte du père castrateur peut être transférée sur d’autres objets (par exemple sur des animaux, comme on le voit dans certaines phobies). En outre, le complexe de castration est en rapport avec les sentiments de culpabilité qui sont nombreux chez l’enfant au stade phallique ; pour compenser l’impression de culpabilité, l’enfant se livre à des comportements de caractère conjuratoire, qu’on appelle des mécanismes d’autopunition, dans lesquels apparaît fréquemment le fantasme de castration.
Les manifestations cliniques du complexe de castration sont variées et souvent contradictoires : affirmation, par le garçon, de sa virilité ; désir de pénis provoquant chez la fillette un comportement masculin (la petite fille « garçon manqué »), sentiment de frustration se traduisant, toujours chez la fillette par une affirmation de sensibilité, etc. Toutes ces manifestations peuvent se fixer dans le stade phallique et se retrouvent, à l’âge adulte, dans les « perversions » de la sexualité (le mot « perversions » étant pris ici sans aucune nuance péjorative) et dans les déterminants de la personnalité.
Bien d’autres aspects symboliques de la castration pourraient être évoqués ici, en particulier la puissance mythologique castratrice que les adultes ont forgée (sans doute pour conjurer leurs propres fantasmes) et qu’ils imposent aux enfants : le père Fouettard », le diable », les sorcières », la « fée Carabosse », le « loup », le « méchant brigand », « l’homme noir » sont autant d’images du père castrateur et, en tant que telles, génératrices de bien des angoisses infantiles.
Complexe d'Œdipe: Définition: (Larousse) Ensemble des sentiments amoureux et hostiles que chaque enfant éprouve à l'égard du couple parental (attachement sexuel au parent de sexe opposé considéré comme un rival). L'issue normale du complexe d'Œdipe est l'identification au parent de même sexe.
Castration: Définition: (Le Robert. T2, Larousse) Réponse fantasmatique aux questions que suscite chez le jeune enfant la différence anatomique des sexes. Le garçon redoute la castration comme réalisation d'une menace paternelle en réponse à ses activités sexuelles. Chez la fille, l'absence de pénis est ressentie comme un préjudice subi qu'elle cherche à nier, compenser ou réparer.
Le complexe d'Œdipe(en rapport avec la mythologie grecque; Œdipe réalisa sans le vouloir la prophétie qui disait qu'il tuerait son père et épouserait sa mère-Voir Œdipe: Robert des noms propres, Page 1521) est l'ensemble des sentiments qu'éprouve l'enfant de sa naissance à l'age de 5 ans environ(stade phallique), la période la plus intense se déroulant entre 3 et 5 ans. Le garçon désire sa mère(Désir sexuel génital) et commence à haïr son père, comme le rival qui barre le chemin de ce désir.
La satisfaction d'écarter le père pour le remplacer auprès de la mère n'étant pas réalisable, s'ensuit une sensation de menace pour le jeune garçon, convaincu que son pénis, qu'il considère être une marque de "supériorité", peut lui être ôté.
L'angoisse de castration termine normalement le complexe d'Œdipe, sur une identification du fils au père, qui lui permettra d'être lui-même père plus tard.
Chez la fille, le complexe d'Œdipe semble arriver à partir de l'apparition du complexe de castration. Elle aussi croit que le pénis est marque de puissance, elle se met alors à haïr sa mère qui ne lui en a pas donné, puis "aime" son père qui en est possesseur et peut peut-être lui en donner un. Mélanie Klein développe l'idée D'un complexe d'Œdipe différent pour la fille et le garçon, et ne voit pas de fin réelle de ce complexe chez la fille.
Sigmund Freud, Quant à lui, pense ce complexe commun à tous les enfants du fait qu'il croit que les deux Complexes d'Œdipe dont parle M.Klein constituent celui qu'il a développé. Pour Freud, chaque enfant aurait ces deux parties du complexe, ressentant alors jalousie et admiration pour le parent de sexe opposé à qui il voudrait ressembler, jusqu'à finir par s'identifier à lui, ce qui lui permet de dépasser les deux complexes créants une situation de conflit psychique.
Le complexe d'Œdipe(en rapport avec la mythologie grecque; Œdipe réalisa sans le vouloir la prophétie qui disait qu'il tuerait son père et épouserait sa mère-Voir Œdipe: Robert des noms propres, Page 1521) est l'ensemble des sentiments qu'éprouve l'enfant de sa naissance à l'age de 5 ans environ(stade phallique), la période la plus intense se déroulant entre 3 et 5 ans. Le garçon désire sa mère(Désir sexuel génital) et commence à haïr son père, comme le rival qui barre le chemin de ce désir.
La satisfaction d'écarter le père pour le remplacer auprès de la mère n'étant pas réalisable, s'ensuit une sensation de menace pour le jeune garçon, convaincu que son pénis, qu'il considère être une marque de "supériorité", peut lui être ôté.
L'angoisse de castration termine normalement le complexe d'Œdipe, sur une identification du fils au père, qui lui permettra d'être lui-même père plus tard.
Chez la fille, le complexe d'Œdipe semble arriver à partir de l'apparition du complexe de castration. Elle aussi croit que le pénis est marque de puissance, elle se met alors à haïr sa mère qui ne lui en a pas donné, puis "aime" son père qui en est possesseur et peut peut-être lui en donner un. Mélanie Klein développe l'idée D'un complexe d'Œdipe différent pour la fille et le garçon, et ne voit pas de fin réelle de ce complexe chez la fille.
Sigmund Freud, Quant à lui, pense ce complexe commun à tous les enfants du fait qu'il croit que les deux Complexes d'Œdipe dont parle M.Klein constituent celui qu'il a développé. Pour Freud, chaque enfant aurait ces deux parties du complexe, ressentant alors jalousie et admiration pour le parent de sexe opposé à qui il voudrait ressembler, jusqu'à finir par s'identifier à lui, ce qui lui permet de dépasser les deux complexes créants une situation de conflit psychique.
L'Angoisse de Castration
Ce concept freudien est central dans les théories de la psychanalyse. Il peut se formuler aussi comme Complexe de Castration, et repose sur un fantasme originaire, celui de la castration, comme expliquant la différence des sexes.Considérée comme un élément structurant de la personnalité, l’angoisse de castration correspond, chez l’enfant, à la découverte de la différence des sexes. On parle de complexe de castration lorsque, à l’âge adulte, ces angoisses continuent d’influencer de manière problématique les différents pans de la vie de l’individu.
La castration se distingue comme fantasme en ce qu'elle organise la vie fantasmatique. Comme complexe, elle est liée au complexe d'Oedipe (celui-ci se crevant les yeux : symbole de châtiment). Comme angoisse, l’angoisse de castration caractérise la névrose par son opposition à l'angoisse de mort.
Comment peut-on expliquer ce complexe de castration ?
Le complexe de castration se retrouve à la fois chez le petit garçon et chez la petite fille, mais n’y engendre pas les mêmes effets. Chez le petit garçon, il lui donne l’occasion de sortir du complexe d’Œdipe, chez la petite fille, il lui donne l’occasion d’y entrer.
Pour le garçon, il s’agit d’une peur de perdre le pénis. Le petit garçon interprète la castration comme une menace : celle d'une autorité paternelle réprimant la sexualité.
Ce complexe de castration survient donc au sortir de l'Oedipe (durant la petite enfance). C’est le renoncement à l'objet maternel. L’acceptation de la castration, c’est-à-dire de la perte du phallus imaginaire dans l’inconscient, érige à son tour le phallus imaginaire en phallus symbolique. Le petit garçon abandonne la mère comme objet et son désir peut se porter sur d’autres objets.
Cela marque le début de la période de latence (période entre l’enfance et l’adolescence) et de la formation du surmoi.
Le Surmoi est un concept psychanalytique. Il est avec le Ça et le Moi l'une des trois instances de la personnalité.
C'est la structure morale (conception du bien et du mal) et judiciaire (capacité de récompense ou de punition) de notre psychisme. Il répercute toute notre culture sous la catégorie de « ce qu'il convient de faire ». C'est une instance sévère et cruelle, surtout formée d'interdits qui culpabilisent l'individu.
Chez la fille, cela se traduit par un sentiment de manque vis-à-vis de ce même pénis. La petite fille interprète la castration comme ayant eu lieu (contrairement au petit garçon, elle n’a pas –plus- de pénis). Elle se doit donc de réparer cette castration. Ce moment, l'envie du pénis, marque alors l'entrée dans l'Oedipe.
L'objet premier, tout comme celui du petit garçon, est, bien entendu, la mère ou toute personne qui prodigue les soins. Elle s’érige elle aussi, dans l’inconscient, en phallus imaginaire susceptible de combler la mère et d’être comblée par elle.
Là encore, le principe de réalité et la parole paternelle, va venir refouler le complexe de castration, qui va venir s’effectuer dans l’inconscient. Dans l’inconscient, la petite fille doit accepter la castration, c’est-à-dire perdre le phallus imaginaire qui de ce fait s’érige en phallus symbolique. Ce n’est qu’à ce moment, qu’elle entre dans la variante féminine du complexe d’Œdipe. Le père prend la place de la mère comme objet d’amour et le phallus imaginaire vient s’échanger symboliquement contre le désir d’avoir un enfant. Chez la petite fille, la reconnaissance et l’acceptation de la castration, amène celle-ci à céder la mère comme principal objet d’amour, afin d’entrer dans la normalité et de désirer le père et ses substituts, c’est-à-dire les hommes, susceptibles de répondre à son envie de pénis.