Condensation


Définition :
Plus ou moins concise, la condensation est une accumulation de sens dans un seul élément. Freud utilise ce terme au côté de celui de déplacement pour expliquer le travail du rêve. La condensation est un mécanisme inconscient qui traduit d'une manière symbolique certains sentiments. Les lapsus, les symptômes névrotiques et les rêves utilisent ce mécanisme.

En psychanalyse, la condensation est un mécanisme de défense déplaçant la valeur, et finalement le sens.
Le travail de la condensation est particulièrement apparent lors du rêve. Une seule représentation va en remplacer plusieurs autres. Elle est également à l'œuvre dans les actes manqués, les jeux de mots...
Formation caractéristique de l'inconscient, la condensation résulte d'un travail de « compression », dont Freud dit qu'il est essentiellement différent d'un simple résumé. Mise en évidence dans le rêve, la condensation devient, dans l'analyse du mot d'esprit, « la catégorie à laquelle sont subordonnées toutes les autres ». En ce sens, elle est la simple expression de la tendance à l'épargne qui domine tous les processus psychiques : le problème de toute représentation inconsciente étant de trouver un « délégué » au niveau du conscient ou du préconscient, la règle de condensation tend alors à s'identifier au principe d'économie.
Chaque élément du rêve renvoie à de nombreuses représentations. Ces représentations se condensent pour échapper à la critique ; il y a là déguisement, réduction, compression du rêve. Mais la condensation appelle également une autre remarque.
C'est dire que d'après cette thèse de la psychanalyse le rêve n'est pas simplement déterminé, mais bien plus surdéterminé, chaque élément du rêve renvoyant à plusieurs éléments inconscients. Il y a donc satisfaction de tendances de plusieurs registres ; l'interprétation d'une même scène se composera de plusieurs interprétations, se situant à différents niveaux.
Plus simplement, ce sont deux images qui se superposent en une.

La condensation dans le rêve

Freud, S., L'interprétation des rêves, PUF, 1976
Dans l'ouvrage de Freud , les chapitres 2 sur "la méthode d'interprétation des rêves" et 6 sur "le travail du rêve" permettent de voir les principales phases entrant dans le travail d'interprétation.
- Chapitre 2 (de la page 90 à 112) : Freud commence par une définition de l'interprétation du rêve "En effet, "interpréter un rêve" signifie indiquer "son sens", le remplacer par quelque chose qui peut s'insérer dans la chaîne de nos actions psychiques, chaînons importants semblables à d'autres et d'égale valeur".
Freud prétend donc que le rêve a une signification et qu'il existe une méthode scientifique pour l'interpréter. Il explique qu'il a découvert cette méthode à partir de l'observation qu'il a pu faire en écoutant ses patients névrosés. Il s'est aperçu, lorsqu'il demandait à un patient d'associer et de lui dire tout ce qui lui passait par la tête sur un sujet précis, les rêves faisaient partie de ces associations. Il en déduit que le rêve peut s'insérer dans la suite des états psychiques qui apparaissent en partant de l'idée pathologique.
A partir de là, il considère qu'il doit aborder le rêve comme les symptômes ; c'est-à-dire inciter ses patients à associer à partir de leur récit.
Il s'aperçoit que le rêve ne doit pas être pris comme un tout mais qu'il doit être découpé en éléments. Chaque élément amorce une chaîne associative différente.
Il s'aperçoit également que le même contenu de rêve peut avoir, suivant les personnes des sens différents.
Étudier publiquement le contenu des rêves de ses patients lui pose un problème éthique et il décide de faire l'analyse de ses propres rêves afin de sauvegarder le secret professionnel auquel il est soumis en tant que médecin.
Il commence donc à faire l'analyse de ses propres rêves, en disant qu'au départ un récit préliminaire est nécessaire. A partir du récit, Freud reprend chaque élément et substitut à ceux-ci une interprétation (rêve sur "L'injection faite à Irma "). Il montre que chaque élément du rêve renvoie à un désir par rapport à un événement non résolu dans la vie du rêveur.
Il termine le chapitre en disant "Quand on applique la méthode d'interprétation que j'ai indiquée, on trouve que le rêve a un sens et qu'il n'est nullement l'expression d'une activité fragmentaire du cerveau comme on l'a dit. Après complète interprétation, tout rêve se révèle comme l'accomplissement d'un désir."
- Chapitre 6 (de la page 241 à 432) : jusque là, Freud s'est attaché au contenu manifeste du rêve, tel que le livre le souvenir et il s'efforce de l'interpréter en tant que tel. Il considère désormais qu'il faut insérer un autre matériel psychique entre ce contenu manifeste et les sources du rêve : le contenu latent ou pensées du rêve.
Il pense donc qu'il faut rechercher les relations entre contenu manifeste et contenu latent et voir comment celui-ci a engendré celui-là. Voici ce qu'il dit : "les pensées du rêve et le contenu du rêve nous apparaissent comme deux exposés des mêmes faits en deux langues différentes ; ou mieux, le contenu du rêve nous apparaît comme une transcription des pensées du rêve, dans un autre mode d'expression, dont nous ne pouvons connaître les signes et les règles que quand nous aurons comparé la traduction et l'original ".<br> Selon lui, on a voulu interpréter le rêve comme un dessin alors qu'il s'agit d' un rébus.
Plusieurs concepts sont alors introduits pour expliquer le travail du rêve. Premier concept : le travail de condensation. Freud dit qu'il s'exerce une compression du fait qu'il s'est aperçu que le contenu manifeste, c'est-à-dire le premier récit de rêve était court, pauvre et laconique. Lorsqu'il ajoute à celui-ci les pensées attachées au rêve, le document devient volumineux. La question est de savoir si ces pensées doivent être rattachées au rêve. Il répond de façon positive en disant que bien souvent, pour interpréter un rêve, il manque des éléments que donnent les pensées énoncées après coup.
La condensation s'opère par omission, c'est-à-dire que toutes les pensées du rêve ne sont pas représentées. Il explique que le choix des éléments représentés se fait essentiellement à partir des restes diurnes rattachés à un ou plusieurs faits psychiques importants par des liens associatifs multiples. Ces éléments prennent place dans le rêve et deviennent des noeuds où des pensées du rêve ont pu se rencontrer en grand nombre, parce qu'elles offrent à l'interprétation des sens nombreux.
Ici intervient un nouveau concept celui de la surdétermination. Chacun des éléments du contenu du rêve est surdéterminé comme représenté plusieurs fois dans les pensées du rêve. "Des associations d'idées mènent d'un élément du rêve à plusieurs pensées, d'une pensée à plusieurs éléments" .<br> Le processus de condensation permet d'intégrer dans un personnage d'autres personnages ayant une relation avec lui (personnage collectif). D'autre part, les mots étant fréquemment traités comme des choses dans les rêves, il permet la création de mots comiques et étranges.
Puis Freud introduit un autre concept : le déplacement. Il a repéré que les éléments essentiels dans le contenu manifeste du rêve ne jouaient qu'un rôle très effacé pour les pensées du rêve. De même les pensées du rêve étaient peu représentées ou pas du tout. Il en déduit qu'il y a un transfert et un déplacement des intensités psychiques. "On est conduit à penser que, dans le travail du rêve, se manifeste un pouvoir psychique qui, d'une part, dépouille des éléments de haute valeur psychique de leur intensité et, d'autre part, grâce à la surdétermination, donne une valeur plus grande à des éléments de moindre importance, de sorte que ceux-ci peuvent pénétrer dans le rêve ."
Autre concept encore introduit : la déformation. Freud signale que pour que les éléments figurent dans le rêve il faut qu'ils aient échappé à la censure. Pour cela il doivent apparaître déformés.
Il explique ensuite les procédés de figuration du rêve.
"Le rêve parvient à faire ressortir quelques unes des relations logiques entre ses pensées en modifiant d'une manière convenable leur figuration ".
Le rêve réunit en un tout, tableau ou suite d'événements, les fragments de ses pensées.
Freud introduit iciune figuration particulière qui est la "formation composite". Par exemple, lorsque la figuration d'un fait est commune à deux personnes dans le rêve, il faut rechercher ce qui est autrement commun aux deux personnes et qui est en mesure d'être censuré. Cette formation que Freud appelle "composite" permet une figuration que la censure a rendu impossible.
De même que les différents fragments de rêves se rapportent à un ensemble, tous les rêves d'une même nuit appartiennent au même ensemble.
Ensuite, Freud introduit un autre déplacement que nous avons eu du mal à saisir et qui se traduit par "un échange d'expressions verbales entre les pensées". Jusqu'à présent nous avions vu que selon Freud le déplacement s'effectuait à partir d'un élément remplacé par un autre. Ici un élément échange avec un autre sa forme verbale.
Ce procédé, selon Freud, aide à comprendre l'apparente absurdité que le rêve revêt souvent. Le processus est le suivant : une expression abstraite des pensées du rêve est inexprimable, elle est remplacée par une expression imagée et concrète. "On se représente aisément qu'une grande partie du travail intermédiaire qui, lors de la formation du rêve, réduit au termes les plus brefs et les plus condensés les diverses pensées du rêve, se fait grâce à une transformation verbale appropriée ".
Freud enchaîne sur le mot qui, par ses possibilités de représentations nombreuses, sert la condensation dans le rêve. Le mot est prédestiné au sens multiple et est utilisé par le rêveur, comme par le névrosé pour déguiser ses pensées.
"En général, quand il s'agit d'interpréter un élément de cette sorte (un mot), on ne sait s'il doit être :
- pris dans un sens affirmatif ou négatif
- interprété historiquement (comme une réminiscence)
- compris d'une manière symbolique
- interprété à partir du son du mot."

Il ne faut pas confondre cette interprétation avec l'interprétation symbolique, dont la clef du symbole est choisie arbitrairement par l'interpréteur. "Dans le cas de déguisement verbal, les clefs sont universellement connues et livrées par des locutions usuelles. Si l'on connaît les circonstances exactes et leurs associations ordinaires, on peut comprendre des rêves de cette espèce sans le secours du rêveur". Le rêve utilise les symboles tout préparés dans l'inconscient ; il n'y a pas dans le travail du rêve une activité symbolique spéciale de l'esprit.
Certains symboles, dit Freud sont génétiques. Ils apparaissent sous une forme énigmatique, on ne voit pas le rapport avec ce qu'ils représentent. "Ce qui est aujourd'hui lié symboliquement fut vraisemblablement lié autrefois par une identité conceptuelle et linguistique ".
Pour interpréter un rêve, il faut donc d'une part suivre les associations d'idées du rêveur, et d'autre part se servir de la connaissance que nous avons des symboles.
Les symboles ayant souvent plusieurs sens, c'est le contexte qui donnera la compréhension exacte.
Il ne faut pas surestimer cependant les symboles, nous dit Freud, et réduire le travail de traduction du rêve à une traduction des symboles. Il ne faut surtout pas abandonner les idées qui se présentent à l'esprit du rêveur pendant l'analyse.

La condensation caractérise particulièrement le fonctionnement des processus inconscients (voir : Processus primaire). C’est l’un des mécanismes utilisés lors du travail du rêve afin que le désir refoulé qui s’exprime alors soit méconnaissable.
Le rêve est donc rendu incompréhensible par certains processus, parmi eux celui de la condensation qui consiste à associer des images et/ou des mots (dont les contradictions éventuelles ne gênent en rien) pour n’en donner qu’une seule représentation psychique. Ainsi, le processus de condensation peut, par exemple, composer un seul personnage à partir de différents éléments empruntés à plusieurs personnes. La logique de la pensée vigile n’existe pas dans la pensée onirique permettant cette condensation d’éléments hétéroclites et contradictoires. La condensation est une étape utile à l’élaboration du rêve mais on la retrouve également dans le symptôme*.

 LE TRAVAIL DU RÊVE 1
 

Pour faire passer le barrage de la censure au désir qu'il cherche à exprimer et le transformer en un scénario tolérable, le rêve procède à une mise en scène que Freud divisa en quatre opérations distinctes.
En premier lieu vient la condensation, qui explique pourquoi le récit d'un rêve est toujours plus court que son analyse. Plusieurs idées ou images inconscientes sont comprimées en une seule représentation, par exemple celle d'un personnage composite possédant les traits physiques d'une personne connue du rêveur, le comportement d'une autre et le nom d'une troisième. A défaut de caractéristique commune, la condensation peut se faire par le biais du langage. Freud estimait en effet que l'onirisme considère les mots comme des objets réels. On donne à un lieu le nom d'une personne, on rassemble deux souvenirs en attribuant à une situation des propos tenus dans une autre occasion. L'emploi d'assonances verbales, de jeux de mots, rimes, lapsus, ou termes possédant plusieurs sens, voire même la création de mots étranges ou comiques permettent de regrouper en un seul élément des idées disparates. La condensation représentait pour Freud le procédé privilégié de la codification onirique, qui l'incitait à conseiller : "Là où, dans l'analyse, quelque chose d'indéterminé peut se résoudre par un ou bien - ou bien, on substituera à l'alternative un et pour l'interprétation, et on prendra chaque élément de cette apparente alternative comme point de départ indépendant d'une série d'idées incidentes."
La deuxième opération, appelée déplacement, permet de comprendre pourquoi le contenu latent d'un rêve semble si différent de son contenu manifeste. Grâce au déplacement, le rêveur censure les pulsions de son désir inconscient en transférant l'émotion qu'elles suscitent sur des éléments apparemment sans rapport ni importance. On passe un rêve entier à ergoter sur des bagatelles incompréhensibles revêtant sur le moment une importance extrême, alors qu'un détail apparemment infime se révèlera porteur de tout le sens du rêve. Le meilleur exemple de ce renversement des valeurs réside dans le choix, parmi les événements de la journée précédant le rêve, de la circonstance qui le déclenche. Elle paraît souvent très banale, mais l'analyse montre qu'elle rappelle souvent un autre événement plus ancien, plus riche émotionnellement, et bien plus significatif. Plus le déplacement est important, plus le rêve est confus. Il expliquait selon Freud pourquoi l'onirisme a suscité tant de mépris.
Le travail onirique ajoute la mise en scène au codage de la censure. Il s'agit en effet de recomposer en un scénario les idées latentes qui forment à la fois le coeur et la raison du rêve. Réduits à leur plus simple expression par la condensation, déformés par le déplacement, les fragments de pensée sont assemblés en images par un processus dit de figuration, dans lequel l'imaginaire propre à chaque rêveur rejoint la symbolique de la théorie freudienne de la sexualité. Des associations par ressemblance, juxtaposition spatiale ou temporelle permettent au rêve de traduire de façon visuelle des cheminements logiques privés des enchaînements rationnels que fournit d'ordinaire le langage. La contradiction, par exemple, se manifeste fréquemment par la transformation d'un élément en son contraire. Ainsi pour Freud tout non-sens patent cache une intention inconsciente : "L'absurdité signifie contradiction, sarcasme et dérision dans les pensées du rêve".
Malgré l'impression d'absurdité et de confusion que donnent de nombreux rêves, leur scénario adopte en général un minimum de cohérence, sinon de réalisme, ne serait-ce que dans le déroulement de chacune des séquences. On ne rêve pas d'une succession d'images sans suite ni rapport entre elles. Freud qualifia de secondaire ce processus d'élaboration, parce qu'il porte sur des éléments déjà transformés par les autres mécanismes (condensation, déplacement, figuration). Il intervient cependant au cours même du rêve et constitue un cryptage supplémentaire rendant l'analyse d'autant plus difficile qu'il apporte au rêve une logique interne pouvant détourner de son véritable sens. "Le rêve obtient ainsi une façade qui, cependant, ne recouvre pas partout son contenu," prévenait Freud qui dénonçait cette "tentative d'interprétation" et comparait cette cohérence apparente aux "fantaisies de désir" des rêveries diurnes.
Freud déduisit de son étude des modalités du travail onirique une conception du rêve qui semble s'opposer aux visions romantiques d'un onirisme exprimant les qualités supérieures de l'humain. En cela, il se situe paradoxalement dans la logique de son époque. "Le travail du rêve n'est pas créateur, il ne développe pas de fantaisie qui lui soit particulière, il ne porte pas de jugement, n'apporte pas de conclusion." Pour Freud, héritier du rationalisme, le rêve est une régression, seule l'analyse apporte sens et valeur. Pourtant, reconnaissait-il dans une note en bas de page, "il y a dans tout rêve de l'inexpliqué, il participe de l'inconnaissable".



Le travail du rêve 2

à Condensation
à Déplacement

Le travail du rêve est un mécanisme relativement compliqué, qui est régi par plusieurs procédés définis par Sigmund Freud. Celui-ci dit « Je nommerai travail du rêve le processus de transformation du contenu latent du rêve en contenu manifeste. »
Mais quels sont les processus mis en œuvre pour transformer le contenu latent en images et sensations ressenties lors du rêve ? A travers l’étude des rêves des deuxième et troisième catégories, nous tâcherons de répondre à cette question.


Tout d’abord, nous parlerons de ce que Freud appelle la condensation. Cette-dernière énonce en fait le principe selon lequel le rêve est fait de nombreuses pensées. Nous pouvons comparer les pensées à un arbre : les pensées peuvent être comparées à des branches qui se séparent : une pensée va mener à un souvenir, qui va mener à un autre, et ainsi de suite. Le matériel venu des pensées doit donc alors être disponible pour l’usage du rêve. Le travail du rêve va superposer les différents composants : l’élément commun ressort alors nettement dans le « tableau » d’ensemble, et les détails contradictoires s’effacent réciproquement. Ceci explique donc partiellement que des éléments flous se trouvent dans le contenu manifeste du rêve.
Parfois, il arrive que des éléments communs n’existent pas parmi les pensées du rêve. Le rôle du travail du rêve est donc d’en créer pour permettre une figuration commune. Le chemin le plus simple pour rapprocher deux pensées du rêve qui n’ont rien de commun consiste à changer l’expression linguistique de l’une pour la substituer à une autre qui prendra un autre sens dans une autre expression. Freud donne l’exemple d’un de ses rêves où il mange des épinards. Lorsqu’il analyse l’intégralité de son rêve, il tombe sur la pensée suivante : « J’aimerais bien jouir de quelque chose sans qu’il m’en coûte ». Or, le mot coûter [kosten] peut se rapporter aux épinards puisque le mot allemand kosten signifie également « goûter ». On rend explicite la signification d’un mot, pour en fait, signifier l’autre. Freud conçoit qu’il peut être difficile d’admettre que le travail du rêve exploite si aisément l’ambiguïté des mots, mais il ajoute à cela qu’une bonne expérience permet de juger ce phénomène comme tout à fait habituel.
La condensation permet aussi d’expliquer certaines composantes particulières qui ne se trouvent pas dans la pensée éveillée. Freud définit ces situations en tant que individus collectifs et composites, ainsi que singulières formations composites. Chacun connaît ce type de formations dans ses propres rêves et leurs modes de production sont très variés. Par exemple, on peut composer une personne en lui attribuant des traits d’un individu et d’un autre, ou encore en lui donnant la forme de tel individu tout en pensant dans le rêve au nom de l’autre. Ou encore, on peut se représenter l’aspect d’une personne mais la placer dans une situation qui s’est produite avec une autre personne.
Dans tous les cas, la combinaison de plusieurs personnes en un représentant unique dans le contenu du rêve contient un sens, et seule l’analyse permet de découvrir celui-ci. Pour résumer cela, on peut dire que « Toutes ces choses ont un élément X en commun ».

Pour finir, relevons une citation de Freud : « Une bonne partie de ce que nous venons de dire sur la condensation du rêve peut se résumer dans cette formule : chaque élément du contenu du rêve est surdéterminé par le matériel des pensées du rêve, il ne dérive pas d’un seul élément des pensées du rêve mais de toute une série d’entre eux, lesquels ont nullement besoin d’être proches les uns des autres dans les pensées du rêve mais peuvent appartenir aux domaines les plus divers du tissu des pensées. L’élément du rêve est au sens exact le remplacement dans le contenu du rêve de tout ce matériel disparate. »

Même si la condensation est un processus important pour le travail du rêve, il n’est pas le seul à entrer en jeu dans les rêves compliqués et confus. Freud explique que dans une analyse de rêve, tous les éléments aussi infimes soient-ils sont à prendre en compte. Il ajoute à cela que bien souvent, les composés clairs et exposés comme contenu essentiel du rêve doivent se contenter, après analyse, d’un rôle moindre dans les pensées du rêve. Selon lui, le matériel de représentation qui peut prétendre à une importance majeure parmi les pensées du rêve est soit pas du tout exprimé, soit exprimé par une allusion lointaine dans une région insignifiante du rêve. Il explique ce phénomène de la façon suivante : « pendant le travail du rêve, l’intensité psychique passe des pensées et représentations auxquelles elle convient légitimement à d’autres pensées  et représentations qui, à mon sens, ne peuvent prétendre à une telle mise en valeur ». Ce processus est celui qui contribue le plus à cacher le sens véritable du rêve, et est appelé déplacement du rêve. Freud dit que « c’est justement dans un élément indistinct du rêve que je peux souvent reconnaître le rejeton le plus direct de la pensée essentielle du rêve ». Il remarque aussi que l’intensité psychique, l’importance ou le potentiel d’affect de certaines pensées se traduisent par une vivacité sensorielle.

Ce phénomène de déplacement est aussi appelé transvaluation des valeurs psychiques. Il s’agit donc d’une modification de l’évaluation du degré d’importance de certaines pensées. De plus, il est utile de préciser qu ce travail de déplacement s’effectue à des degrés très variables dans les différents rêves. Dans les rêves simples de désirs, on ne voit pas ce travail de déplacement, mais dans certains rêve, pas un élément n’a conservé sa valeur psychique propre, ou l’essentiel des pensées du rêve se retrouve représenté sous des éléments accessoires. Freud précise que « plus un rêve est obscur et confus, plus on est en droit d’attribuer un grand rôle au facteur déplacement dans sa formation ». Entre ces deux extrêmes est reconnaissable toute une série de transitions.
Notons également que l’événement qui donne naissance à une pensée qui sera utilisée dans le rêve est appelé excitateur du rêve. Cet excitateur du rêve prend racine dans la vie diurne et dans notre cas, même s’il est jugé « bagatelle » peut donner vie à tout un rêve.

De plus, il est utile de parler du processus qui accompagne la formation du rêve, dans lequel la condensation et le déplacement agissent ensemble. Nous avons déjà vu que lors de la condensation, deux pensées du rêve qui ont un point de contact se substituent par une représentation composite. Si l’on ajoute un déplacement à cette condensation, il ne résulte pas la formation d’une représentation composite, mais celle d’un élément commun moyen. Freud donne l’exemple d’un rêve où il rêve d’un injection de propylène. Dans l’analyse de ce rêve, il convient que l’amylène est excitateur de celui-ci. De plus, il parle de sa première visite à Munich où les Propylées le frappèrent, et ajoute qu’il s’agit aussi des pensées de son rêve. L’analyse tend à penser que l’influence de ce second cercle de pensées sur le premier a provoqué le déplacement d’amylène vers propylène. Il y a donc un compromis entre « propylées » et « amylène ».

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