Des civilisations antiques au Moyen-Age Le rêve, message divinDe tout temps, les hommes se sont intéressés à leurs rêves. Déjà il y a 6000 ans les Assyriens analysaient leurs rêves. Dans plusieurs textes sacrés ou profanes nous trouvons des passages concernant les rêves, qui étaient considérés comme un lien entre la vie et la mort. Hippocrate (500 av JC), fondateur de la médecine, utilisait les rêves pour faire des diagnostiques. Au Moyen-Âge pourtant ceux qui faisaient de même étaient persécutés comme sorciers. Chez les anciens peuples de Babylone, de Chaldée ou de Judée, l’interprétation des rêves était considérée comme une véritable science.
Certains psychologues comme Freud, Carl Jung, et Mc Dougall y ont consacré leur vie entière.
Dans les sociétés dites "primitives", on accorde une grande place aux rêves et à leur interprétation. Dans ces sociétés on ne souffre pas ou très peu de maladies mentales et de problèmes psychologiques.
"On rencontre fréquemment, dans l'antiquité, dans les traditions islamiques et hébraïques, l'emploi des talismans oniriques,établis pour provoquer un rêve heureux afin que l'événement s'ensuive".
L'importance indéniable des rêves a été reconnue par toutes les religions; si certaines s'en méfie (comme du Diable!), d'autres en font un usage extrêmement raisonné. Les Upanisads ont toujours considéré la vie de l'homme comme une suite d'états de conscience plus ou moins proches de l'éveil, ce que nous appelons "état de veille" en Occident étant sans doute la pire illusion... Il existe une technique, dite "Pratique de la Nuit", où les rêves (milam) sont provoqués par une mise en condition avant l'endormissement. On peut y avoir des contacts télépathiques avec son maître, recevoir un enseignement, pratiquer des exercices dans un monde qui préfigure le Bardo de la mort et permet de s'y préparer. Précisons que cette méthode est réservée à des personnes déjà bien avancées sur la Voie, et doit être accomplie sous le contrôle d'un guru.
L'idée du rêve magique apparaît dans bien des contes fantastiques; le monde de Féerie s'en mêle,et le petit elfe Ole-Ferme-l'Oeil, popularisé par Christian Andersen, visite chaque nuit les enfants pour leur distribuer, suivant leurs mérites, beaux songes ou cauchemars affreux... Mais l'elficologue Pierre Dubois remarque qu'il "ne sert pas qu'à endormir l'enfant en le berçant de jolis rêves; au contraire, il l'éveille en lui ouvrant les portes du mystère qui habite le dormeur et l'appelle à la transcendance" . Il parle aussi du Latusé ("latte usée", parquet qui craque, nous sommes dans le monde du rêve et de ses jeux de mots) qui suscite les cauchemars des petits.
Il existe des façons modestes d'influer sur ses rêves, en se focalisant avant de s'endormir sur le sujet que l'on souhaite aborder; concentration qui peut se matérialiser par des petits rituels sans danger, mais dont la symbolique rappelle certaines des recettes magiques évoquées ci-dessus: par exemple, écrire sur un papier le sujet de sa préoccupation, ou glisser la photo d'une personne ou d'un lieu sous son oreiller. Les "pouvoirs paranormaux qui sont en nous", avec un peu d'entraînement, feront le reste.
Bien des découvertes importantes ont été faites en rêve (la spirale de l'ADN, la relativité); si l'on peut faciliter le choix des sujets dont on rêvera, et si l'on s'exerce à s'en souvenir au réveil, tout est possible. Ces petits exercices sont à la portée de tous. Et avant d'en sourire, rappelez-vous que nous n'utilisons qu'une faible partie de notre cerveau...
Entre les recettes de bonnes femmes et les laboratoires où l'on étudie le sommeil dans tous ses états, on peut espérer que les progrès de la parapsychologie et des sciences de l'esprit nous permettront de trouver une "voie du milieu" où nos pouvoirs latents pourront s'épanouir. Le rêve sera alors véritablement la "voie royale" qui nous mènera vers la clarté intérieure.
La Bible, comme les auteurs grecs, sont pleins de rêves prophétiques : le songe est le moyen de prédilection des Dieux pour transmettre leurs souhaits ou leurs menaces aux humains. Déjà, on fait appel à des personnes "qualifiées", sybilles ou magiciens, pour interpréter correctement les rêves, auxquels on accorde beaucoup d'importance.
1900 Le rêve, expression de nos désirs les plus secrets A la fin du XIXe siècle, quelques précurseurs commencent à remettre en question les fonctions du sommeil. Mais la véritable révolution est celle de la psychanalyse, qui met le rêve au centre de sa nouvelle approche de l'esprit humain. En 1900, Freud publie L'Interprétation des rêves.
Son postulat : le rêve est la voie royale vers la connaissance de l'inconscient. Cette partie de nous que nous ne maîtrisons pas et qui renferme pulsions, sentiments, instincts, s'exprime à travers nos songes. Ce sont autant de messages qu'elle nous envoie pour nous exprimer nos désirs ou nos malaises secrets. Cette théorie renversante forme encore la base de la plupart de nos conceptions modernes du rêve.
1912 Les rêves ont-ils un langage à eux ?Carl Jung, ancien disciple de Freud, élabore bientôt une théorie divergente, formalisée en 1912 par l'ouvrage Métamorphoses et symboles de la libido, qui le brouille définitivement avec Freud. Parmi ses théories les plus marquantes, la notion "d'inconscient collectif", qui fait du rêve le gardien d'archétypes ancestraux régulant l'espèce humaine, qui survivent à travers nos songes. Mais aussi l'idée que les rêves ont un langage propre : Jung récuse l'idée freudienne selon laquelle certains éléments ont la même signification quelque soit le rêve ou le rêveur, et pose que chaque rêve fabrique lui-même sa symbolique.
Le rêve n'est pas le propre de l'hommeEn 1958, le chercheur français Michel Jouvet fait une découverte fascinante : le rêve est lié à une certaine phase de sommeil, qu'il baptise "sommeil paradoxal", et qui existe chez tous les animaux à sang chaud, c'est-à-dire les oiseaux et les mammifères. L'homme n'est donc pas le seul à rêver. Le sommeil paradoxal introduit toute une série d'hypothèses neuves, dont l'idée que le rêve servirait à forger à chacun son individualité, en revivant ce que nous avons vécu et en nous préparant à nos futures actions. Néanmoins, Michel Jouvet reconnaît lui-même qu'on en sait encore très peu sur le sommeil paradoxal. L'histoire des songes a encore de beaux jours devant elle avant qu'on en découvre la clé définitive...
Si avant 1950 le rêve restait pour les scientifiques un incident du sommeil ils en perçoivent mieux désormais la fonction bénéfique, et essentielle. C'est en 1953 qu'ont eu lieu les premiers enregistrements polygraphiques. Ils permirent de découvrir son caractère épisodique.
Le rêve s'effectue pendant le sommeil paradoxal (tonus arrêté, activité neurologique intense). C'est à travers les rêves que l'on se décharge de ses désirs coupables et irréalisables. Il y a un scénario figurant un drame, une action. Le rêveur croit à la réalité du rêve, et ne peut le soumettre à la critique. Le rêve échappe à la volonté et à la responsabilité du rêveur. Il s'y traduit l'excitation sensorielle et la préoccupation du rêveur. Les images sensorielles sont assez pauvres en couleur, en définition ou en précision. Ce qui donne l'impression de richesse est son vécu, fort en densité.
Le rêve est une régression temporaire car le rêveur est centré complètement sur lui-même, de façon narcissique. Cela est facilité par le repli corporel.
C'est aussi une projection. Le lit est un substitut du corps maternel, que le petiti enfant avait halluciné dans son sommeil après l'expérience de satisfaction suivant la tétée. Le rêve est comme projeté sur un écran blanc, qui satisfait le désir de dormir. Le corps maternel est l'écran du rêve, le support du rêve. C'est quelque chose qui enveloppe complètement le rêveur. Le mode de satisfaction est le même que celui du petit enfant qui se sait contenu par le corps maternel. Le petit enfant projette sur la surface de projection qu'est la mère.
Il y a projection aussi par le fait qu'il y a extériorisation des processus internes psychiques inconscients: c'est le contenu latent, composé de désirs, de souvenirs refoulés par la censure. Le rêve effectue un travail pour que ce contenu latent se transforme en contenu manifeste, acceptable par le Moi du rêveur et la censure.
Au réveil, la censure qui se réveille aussi fait repartir dans l'oubli les points forts du rêve.
La condensation : son travail est d'unifier, de synthétiser, d'agréger en un seul tableau plusieurs désirs, plusieurs souvenirs. En un contenu manifeste se rassemblent plusieurs contenus latents. C'est un travail métaphorique, où chaque signifiant renvoie à plusieurs signifiés.
Le déplacement : l'affect, portant la marque du désir, se détache de son but initial et se reporte sur un but de substitution. L'Objet visé n'est plus le même, grâce au travail métonymique.
Les phénomènes de condensation et de déplacement sont des "ruses" du Moi pour déjouer le contrôle du Surmoi sont les 3 instances qui entrent en conflit dans la dynamique psychique, selon la 2ème topique freudienne). Ces deux processus se combinent. On appelle cela le "processus primaire".
Le rêve utilise, bien que de façon moins systématique, d'autres procédés:
La dramatisation : transposition d'idées abstraites en scénario visuel.La symbolisation : figuration d'une tendance par un symbole qui le représente.L'élaboration secondaire : au réveil, un sens intelligible est donné au rêve, les "absurdités" sont enlevées, les "trous" sont bouchés. C'est un travail de résistance et de maquillage, une reconstruction "après-coup".
Durant le rêve, c'est le Moi qui fournit le plus gros travail en conciliant à la fois le ça et le Surmoi.
Fonctions du rêve
"Le rêve est la voie royale qui mène à l'inconscient".
Freud a découvert que cela permettait d'accéder à l'inconscient. La fonction principale du rêve est d'être une réalisation fantasmatique du désir. C'est une sorte de soupape de sécurité, une activité compensatoire.
Le rêve est aussi le gardien du sommeil : les conflits internes sont transposés de telle manière que le rêveur peut continuer à dormir. Il n'y a pas de passage à l'acte. Le rêve protège le sommeil en permettant la satisfaction des pulsions, leur écoulement, d'une manière déguisée pour éviter les trop grandes excitations et l'intervention culpabilisante du Surmoi.
Le rêve a, de même, une fonction de liaison : il y a liaison entre les énergies psychiques que sont les pulsions et le refoulement. C'est un compromis entre le conscient et l'inconscient. Le rêve réalise deux désirs dans la mesure où ils s'accordent (désir de dormir et désir affectif).
Quelquefois la fonction de compromis est ratée : c'est le cas dans le cauchemar, ou "rêve d'angoisse", dont on s'éveille. Le cauchemar est une autopunition, preuve de l'existence, durant le sommeil, de la censure du Surmoi. Cette censure continue donc à s'exercer pendant le déroulement des décharges psychiques. Le rêve n'est alors plus le gardien du sommeil. C'est là l'équivalent d'un épisode psychotique, et la charge affective de plaisir s'est retournée en charge de déplaisir.
Distinction entre le délire (vécu psychotique) et le rêve (vécu névrotique): notons que dans le délire, le Moi est submergé, et ne peut plus apparaître, le délire s'imposant comme étant la réalité, dont le sujet ne peut s'extraire. Tandis que dans l'expérience du rêve, le rêveur revient toujours de sa réalité onirique.
Le rêve a une fonction physiologique : stimulation corticale et décharge du système nerveux.
Le rêve permet également d'intégrer les expériences de la journée dans la vie psychique du sujet.